Nintendo sort le premier jeu mobile de son histoire. Un pari réussi grâce à la force de la franchise Mario, qui s’adapte parfaitement à ce nouveau format.

Qu’on se le dise, Super Mario Run ne peut et ne doit pas être résumé à son simple statut de jeu mobile développé par Nintendo. Non : Super Mario Run est davantage une date à marquer au fer rouge dans l’histoire du géant japonais. Il est l’aboutissement de la nouvelle stratégie amorcée depuis quelques mois. En difficulté dans le marché traditionnel à cause de la Wii U, Nintendo était dans l’obligation de trouver des nouvelles sources de revenus.

Après avoir longuement hésité à décliner ses licences ailleurs que chez lui, voici que Shigeru Miyamoto s’incruste à une keynote Apple pour annoncer Super Mario Run. C’était en septembre, un jour de rentrée, et rien ne sera plus jamais comme avant. Désormais, il n’y aura plus besoin d’acheter Nintendo pour jouer à du Nintendo. Dès à présent, direction l’App Store, donc, pour voir ce que ce runner mettant en scène le célèbre plombier a dans le ventre.

Internet obligatoire, ô désespoir

Une intro expliquant que cette gourde de Peach a encore été enlevée, un petit tutoriel simple et efficace et nous voilà au coeur du sujet. Passé trois niveaux — et 20 secondes dans le quatrième — la réalité nous rappelle que rien n’est vraiment gratuit. Pour s’offrir l’expérience complète, il faut passer à la caisse : 9,99 € pour les autres mondes et quelques bonus. On aura vite compris que l’investissement est obligatoire pour jouer à Super Mario Run et, de fait, nous pourrions reprocher à Nintendo et Apple de ne pas autoriser l’achat directement sur la plateforme de téléchargements. Un détail, d’autant qu’il n’y a aucune autre microtransaction à l’horizon.

Un détail qui n’en est pas un, en revanche, c’est l’obligation d’avoir une connexion internet pour en profiter. Même en solo : sans data, un écran « trouvez un environnement disposant d’une meilleure connexion internet et réessayez » s’affiche et nous rappelle que jouer à Super Mario Run dans le métro relève de l’utopie.

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Cela revient à admettre qu’il n’est pas vraiment un jeu 100 % mobile mais davantage une expérience d’appoint chez soi ou à l’extérieur, moyennant quelques Go sur son forfait. Un constat qui s’explique aussi par son côté très gourmand vis-à-vis de la batterie. En moins de quarante cinq minutes, Super Mario Run avait avalé 15 % de l’autonomie de notre iPhone 7. Au cas où, Nintendo a prévu un mode économie en sacrifiant la qualité graphique.

Un vrai jeu Mario

Toujours est-il que Nintendo parvient vraiment à faire mouche, dans les grandes lignes, avec son Super Mario Run. On commencera par ce qui saute aux yeux : l’habillage visuel est réellement chatoyant. Fin et fluide, le runner fait réellement plaisir à voir et bénéficie de la patte Nintendo à tous les étages, garantissant une fidélité au mythe que représente Mario. Clairement, nous ne sommes pas en face d’une production bas de gamme, signe que les développeurs n’ont rien bâclé. C’est beau, c’est bien fini et ça donne envie de lâcher sa 3DS pour quelques parties sur son iPhone ou son iPad (adaptation parfaite sur la tablette d’Apple). Rien à dire, non plus, sur la partie sonore avec des musiques et des bruitages qui feront plaisir aux fans de la franchise. Aucun doute à avoir, c’est un vrai Mario, qui a juste déménagé sur une autre plateforme.

Il est bel et bien possible, et même conseillé, de jouer à une seule main.

Ce savoir-faire, on le retrouve aussi, mais surtout, dans le gameplay. Simpliste, il se révèle vite addictif puis de plus en plus complexe au fur et à mesure des niveaux. Comme son genre le laisse présager, Super Mario Run s’articule autour d’un héros avançant tout seul, qu’il faut juste aider pour les sauts. Plus l’appui sera long, plus le bond gagnera en hauteur, sachant que les vrilles, les wall-jump, les doubles-sauts et le timing confèrent de l’épaisseur à l’ensemble.

À noter que Shigeru Miyamoto n’avait pas menti : il est bel et bien possible, et même conseillé, de jouer à une seule main, laissant l’autre libre de toute autre action utile (comme manger, boire, se brosser les dents…). Cela vient renforcer l’aspect addictif : on peut profiter de Super Mario Run à plusieurs moments de la journée, pas uniquement en se concentrant uniquement au jeu.

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Les différents niveaux, ultra courts mais bien travaillés en termes de level design, sont bien évidemment semés d’embûches : des ennemis, des boss, des pièges, des raccourcis, des secrets, des power-up, des bonus à ramasser… Tout y est et l’objectif de chacun se base sur la rapidité et/ou l’obligation de ramasser des pièces.

C’est là que la replay value intervient : les perfectionnistes vont vouloir tout ramasser. Et si le solo de Super Mario Run se termine très vite (30/40 minutes), il va en falloir des trajets de bus — avec connexion internet — pour atteindre les 100 %… La progression se transpose également sur les types d’ennemis : plus vous en éliminez, plus vous serez récompensé.

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Mon beau royaume

Toujours côté contenu, Nintendo n’a pas oublié de proposer des défis aux joueurs en les faisant s’affronter entre eux à distance. Il suffit de dépenser un ticket, à récupérer via divers accomplissements, pour affronter quelqu’un. Le vainqueur est celui qui, sur un parcours commun, parvient à obtenir le plus de pièces et à attirer le maximum de Toad.

L’idée est bonne pour la durée de vie mais, en pratique, le manque de lisibilité à l’écran tâche et fâche un peu pour un mode censé reposé sur la compétition et la précision. Dans tous les cas, remporter une partie permet d’attirer des Toad dans son Royaume, un vrai jeu dans le jeu.

Lié aux Défis Toad, le Royaume consiste redonner sa splendeur au royaume Champignon. Cela passe par son remplissage avec des Toad de différentes couleurs pour monter en niveau et par l’installation de constructions ou de décorations. L’intérêt ? C’est par le Royaume que l’on débloquera de nouveaux personnages, comme Luigi ou Yoshi, en achetant leur maison respective. Juste en guise d’exemple, il faudra 150 Toad verts et autant de violets pour le frère de Mario. Ça en dit long sur le côté vite chronophage de Super Mario Run. Un vrai argument en sa faveur pour le long terme.

Bien sûr, il est tout à fait envisageable de ne pas s’occuper de ce QG virtuel et de se concentrer sur les mondes principaux, proposant déjà suffisamment de challenge pour les aficionados de plateforme. On pense aux pièces de couleur disséminées à des endroits loin d’être accessibles de prime abord (avec seulement deux vies par tableau, ce sera parfois juste, qui plus est).

De fait, la grande force de Super Mario Run réside dans son accessibilité : il s’adresse à toutes les franges, de celui qui veut juste un peu de fun quelques secondes de temps en temps au gamer qui souhaite perfectionner son pouce pour tout achever dans les règles de l’art. Le savoir-faire Nintendo.

Le verdict

Super Mario Run. // Source : Numerama
8/10

Super Mario Run

Super Mario Run transpire le savoir-faire Nintendo dans chacun de ses concepts. La firme nippone sait comment choyer ses licences et le prouve une fois encore avec son runner, première pierre d'un futur édifice prenant place sur mobile. En changeant de crémerie mais pas de casquette, Mario prouve qu'il est capable d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs. 

C'est, à l'arrivée, une vraie prouesse et, au-delà du simple opportunisme nécessaire pour survivre, Super Mario Run s'affirme comme une expérience solide, complète, fun et universelle. Et historique : il n'y a plus besoin d'être chez Nintendo pour jouer à du Nintendo. Bienvenue dans une nouvelle ère, à toute berzingue. 


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