Peut-être avez-vous cherché, ces jours-ci, à voir le trailer d’Avengers: Doomsday, puisqu’il a fait l’objet d’une fuite. Ou bien celui de Spider-Man: Brand New Day, qui a connu le même sort. Et au lieu de tomber sur les véritables bandes-annonces, qui auraient pu satisfaire votre curiosité de fan, ce sont sans doute de mauvaises vidéos que vous avez croisées.
On parle ici de fausses vidéos, agrémentées par des vignettes alléchantes, qui ne sont là que pour tromper les internautes, en surfant sur la popularité de certaines grandes franchises (Marvel, Star Wars, James Bond, Avatar, etc.). Tout ce qui est tendance ou très attendu, aussi bien en films ou en séries, fait désormais l’objet de vidéos truquées.
Ces contenus, qualifiés de « slop » (des médias générés par IA et de piètre qualité), sont la spécialité de certaines chaînes YouTube. Leur recette ? Un cocktail indigeste mixant d’anciennes œuvres, des images générées par IA, des archives piquées dans d’autres médias et des voix off synthétiques. Le tout, emballé sous des titres racoleurs.

KH Studio et Screen Culture : deux chaînes YouTube qui sont allées trop loin
Dans ce domaine, deux chaînes se démarquaient particulièrement : KH Studio et Screen Culture. Mais comme le rapporte Deadline dans son édition du 18 décembre 2025, la fête est finie. YouTube s’est enfin décidé à supprimer ces deux chaînes pour violation répétée de ses règles concernant le spam et les métadonnées trompeuses.


Cela faisait un moment qu’elles étaient dans le viseur de la plateforme. Au départ, elles avaient certes tenté de calmer le jeu après avoir subi un sérieux premier coup de semonce — la coupure des revenus publicitaires. À la suite de ça, elles avaient ajouté des mentions comme « Concept » ou « Fan Trailer » pour démontrer une responsabilité retrouvée.
De bonnes résolutions qui n’ont pas fait long feu. Dès la monétisation rétablie, les étiquettes avertissant le public ont disparu ou, à tout le moins, sont devenues plus discrètes et plus rares. La confusion a fait son retour, chez les internautes comme chez l’algorithme de recommandation. Cette récidive vient de se payer cher, avec la fermeture des deux chaînes.

« Après leur suspension initiale, ces chaînes ont apporté les corrections nécessaires afin d’être réadmises […] Cependant, une fois qu’elles ont recommencé à monétiser leur contenu, elles ont de nouveau enfreint de manière flagrante nos règles […]. Elles ont donc été exclues de la plateforme », a confirmé YouTube à The Verge.
L’ironie de l’histoire, comme l’a montré Deadline, c’est que des faussaires du trailer ont longtemps profité du laxisme et de la clémence tacite de grands studios. Plutôt que de faire supprimer ces vidéos pour violation de droit d’auteur, des géants comme Warner Bros. Discovery ou Sony préféraient parfois laisser faire.
La raison ? L’argent. Via l’outil Content ID, les studios pouvaient ainsi réclamer les revenus publicitaires générés par ces millions de vues. Tant que le clic rapportait, la désinformation passait au second plan. Il aura fallu l’intervention de Disney, inquiète de l’utilisation massive de ses propriétés intellectuelles pour entraîner des modèles d’IA, pour que la tolérance zéro soit enfin appliquée.
De la boulette de France 2 à la colère de Del Toro
Ce grand ménage arrive un peu tard. La confusion entretenue par Screen Culture et consorts a fini par dépasser le simple cadre des internautes crédules pour toucher des professionnels.
On se souvient de la bévue du JT de France 2 en 2024. La chaîne publique avait diffusé, dans le plus grand sérieux, de fausses images du film Superman: Legacy (provenant justement de Screen Culture) en pensant qu’elles étaient officielles. Une séquence qui avait provoqué l’hilarité du web et des émojis « vomi » de la part du réalisateur James Gunn.

Plus récemment, en janvier 2025, c’est le cinéaste Guillermo del Toro qui devait monter au créneau sur les réseaux sociaux. Agacé, il avait dû démentir l’existence de trailers pour son adaptation de Frankenstein, alors que des montages factices inondaient déjà la plateforme.
« Le monstre a été vaincu », a confié un YouTubeur à nos confrères américains suite à la sanction. Reste à voir pour combien de temps. Sur YouTube, quand on coupe une tête, l’algorithme a souvent tendance à en faire repousser deux autres. Et en cherchant un peu, on peut rapidement croiser d’autres chaînes du même genre.
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