Le film d’animation Ghost in the Shell, classique de l’univers cyberpunk et sorti le 22 novembre 1995 au Japon, fête tout juste ses 30 ans. Derrière ce titre que l’on peut traduire par « le fantôme dans la coquille » (en japonais, le titre originel évoque plutôt les forces de police antiémeutes) se cache une histoire prémonitoire de l’avenir de la cybersécurité telle que nous la connaissons aujourd’hui, selon Techcrunch.
Le récit se déroule dans un monde ultra-connecté, où les humains ont des corps améliorés par la technologie. Dans cet univers, le major Motoko Kusanagi, une enquêtrice cyborg membre d’une unité d’élite de la police, poursuit un pirate informatique de génie surnommé le Puppet Master. « Le marionnettiste », en français, création du ministère japonais des Affaires étrangères, sème la terreur en s’introduisant dans les esprits de plusieurs personnes tout en infiltrant les réseaux du pays.
Mode d’emploi des malwares
Dans la fiction, le Puppet Master se rebelle et est recherché pour « manipulation boursière, espionnage, terrorisme et violation de la vie privée des données informatiques ». Comme le rappelle Techcrunch, quand la police met la main sur le pirate informatique, un responsable de la Section 6 explique qu’ils le surveillaient « depuis longtemps » et qu’ils ont « analysé ses tendances comportementales et ses schémas de code/technologie ».
C’est exactement ce que font, dans la vraie vie, les entreprises de cybersécurité. Elles n’étudient pas seulement le code du logiciel malveillant, elles surveillent aussi son comportement : comment le logiciel se propage-t-il ? Essaie-t-il de chiffrer des fichiers ? D’en effacer ? En combinant les réponses à ces questions, les sociétés construisent un portrait-robot du logiciel.
Au lancement de l’enquête sur le Puppet Master, Motoko Kusanagi se connecte clandestinement au réseau de la voirie pour suivre un camion-poubelle. Cette intrusion rappelle les pratiques actuelles de certains hackers liés aux services de renseignement, lorsqu’ils s’infiltrent dans de vastes réseaux pour n’espionner que des cibles précises.
Espionnage numérique, la fiction comme miroir
Autre exemple percutant, celui de l’éboueur racontant à son collègue qu’il a piraté l’ordinateur de sa femme, persuadé qu’elle le trompe. Pour ce faire, il a utilisé un virus fourni par un programmeur, de quoi faire penser à un cas de violence conjugale facilitée par la technologie, proche de l’usage de logiciels espions, qui se multiplient aujourd’hui.
En 1989, lorsque le manga est publié, le terme de « cybersécurité » n’existe pas, pas plus que 6 ans plus tard quand sort l’adaptation au cinéma. Pour autant, la sécurité informatique — également appelée sécurité de l’information — était déjà une réalité depuis plusieurs décennies, confinée à un petit cercle d’initiés. Il ne s’agit là que de l’un des aspects sur lesquels Ghost in the Shell avait vu juste, tout en plongeant dans des questions parfois vertigineuses sur l’intelligence artificielle et notre rapport aux robots.
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