Les premières minutes de Lost Soul Aside sont immensément déconcertantes. Dès le début, on se croirait dans une mauvaise copie d’un Final Fantasy, avec des séquences toutes plus invraisemblables les unes que les autres. Là, un enfant qui se fait fortement violenter, sous nos yeux ébahis (on vous laisse en juger). Ici, un dragon ancien qui surgit de nulle part pour aider le héros à récupérer des pierres pour sauver l’âme de sa sœur. Le tout sur fond d’oppression par un empereur, de rébellion et de retour d’une force maléfique ancestrale.
La suite n’est guère plus reluisante. Et l’impression de jouer à un Final Fantasy-Wish se confirme, de la manière dont sont construits les lieux aux enjeux, en passant par la petite musique d’ambiance pendant l’exploration. Le héros de Lost Soul Aside semble justement avoir loupé le casting pour pouvoir apparaître dans l’un des jeux de la saga de Square Enix. Du coup, il a piqué les chaussures à semelles rouges de Final Fantasy XV, et ne porte plus que du noir pour noyer sa frustration. La vie est dure dans Lost Soul Aside, surtout pour celle ou celui qui y joue.
Points forts
- Le changement d’arme à la volée
- Quelques efforts dans la mise en scène
- Joli, parfois
Points faibles
- Gameplay bancal
- Direction artistique sans âme
- Des couacs techniques
Lost Soul Aside n’est jamais loin de la catastrophe
Derrière Lost Soul Aside, on retrouve Yang Bing, un développeur qui a tapé dans l’œil de Sony avec un prototype prometteur et porté en solitaire. Grâce au programme China Hero Project, il s’est retrouvé d’un coup à la tête d’un petit studio, ce qui a mis un gros coup d’accélérateur à sa carrière et à son projet. Les origines de Lost Soul Aside esquissent donc un destin digne d’une success story. Hélas, le rêve de Yang Bing s’est mué en un véritable cauchemar pour les joueuses et les joueurs, sans doute en raison d’un cahier des charges qui a excédé sa capacité à tout maîtriser.
Le jeu ne fait qu’installer une routine du début à la fin
Tirons d’abord notre chapeau au studio Ultizero Games qui n’a pas voulu céder aux sirènes du genre soulslike — contrairement à tant de jeux d’action aujourd’hui. Lost Soul Aside se veut davantage comme un héritier des Devil May Cry, avec un challenge plus abordable et des combats qui font la part belle au spectacle nourri par des combos, en veux-tu, en voilà.
Néanmoins, en dépit des dizaines et des dizaines d’ennemis que crache Lost Soul Aside dans l’arène (ennemis qui manquent de réaction et attendent qu’on les frappe), les sensations sont absentes. On peine à ressentir un vrai impact dans les coups portés ou reçus. Le feeling s’améliore un peu à mesure que l’arsenal s’étoffe, et par la possibilité de passer d’une arme à une autre à la volée. Mais il faut au préalable se coltiner plusieurs heures insipides.
Lost Soul Aside s’efforce pourtant de dynamiser les affrontements avec des esquives, des parades, des pouvoirs surpuissants, une super transformation… Mais rien n’y fait : le jeu ne fait qu’installer une routine du début à la fin. Ultizero Games se rend par ailleurs coupable d’avoir voulu trop en faire et trop en mettre. L’artisanat ? Pas utilisé une seule fois en près de 15 heures de jeu. Les potions ? Hormis celles de soin, on se demande ce qu’elles font là. Mention spéciale à celle qui rend 100 points d’endurance, alors que l’endurance est régie par des petites jauges qui remontent vite toutes seules. À force de trop s’embarrasser pour pas grand-chose, Lost Soul Aside en devient embarrassant.
Globalement, le gameplay de Lost Soul Aside est bancal, et pas uniquement dans les nombreux affrontements obligatoires. Utilzero Games multiplie les puzzles étranges et les phases de plateforme agaçantes, car imprécises. Elles le sont tellement qu’il est possible de tricher, et on finit par le faire sans sourciller, démotivé par l’envie de bien faire. Le héros donne beaucoup trop le sentiment de flotter, et tout coule sur la joueuse ou le joueur téméraire.
Ne cherchez pas non plus carotte dans la narration qui inciterait à avancer : le désintérêt total prend le dessus sur le reste, en raison d’un manque d’approfondissement des enjeux. Certaines séquences, souvent prologues à un combat de boss, accrochent par une mise en scène spectaculaire, mais la médiocrité du reste gâche déjà tout. Et, de grâce, ne jouez pas en version anglaise, sauf si vous voulez rire.
En termes de réalisation, quelques efforts sont notables. Il arrive même que Lost Soul Aside soit « joli », avec un peu d’esbroufe, à défaut de faire valoir une quelconque identité. On s’étonne aussi de constater une utilisation un peu poussée et fine du retour haptique de la DualSense. Mais ces quelques élans d’optimisme sont rattrapés par une réalité technique pénalisante. On ne compte plus le nombre de micros gels d’écran, même sur la plus puissante des consoles Sony. Autant dire que l’optimisation n’est pas poussée à fond. Cela reste cependant pardonnable pour un premier jeu.
Le verdict
Lost Soul Aside
Voir la ficheOn a aimé
- Le changement d’arme à la volée
- Quelques efforts dans la mise en scène
- Joli, parfois
On a moins aimé
- Gameplay bancal
- Direction artistique sans âme
- Des couacs techniques
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