350 séries analysées, sorties entre 2016 et 2023, et des chiffres déprimants : voilà le contenu de l’étude The State of Disability Reprensation on Television, qui souhaitait mettre en lumière la présence (ou non) des personnages handicapés à la télévision. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les discriminations sont loin de s’effacer, dans la vie comme à l’écran.
Près de 80% de personnages handicapés sont interprétés par des comédiens valides
3,9 % de personnages handicapés sur le petit écran contre 29 % de la population américaine concernée : voilà le constat le plus alarmant de cette étude, menée par la Ruderman Family Foundation et le Geena Davis Institute. La représentation est légèrement plus importante en streaming (4,7 % contre 3,3 % pour les chaînes traditionnelles), mais cela reste toujours bien loin de la réalité.
Quant aux acteurs choisis pour incarner ces personnages handicapés, il y a encore un long chemin à faire puisque près de 80% de ces protagonistes sont interprétés par des comédiens valides, soit 4 sur 5. La plupart du temps, le casting est plutôt blanc, ce qui laisse également moins de place aux personnes racisées et handicapées.
Du côté de la représentation LGBTQIA+, en revanche, les chiffres sont étonnamment plus élevés avec 8,5 % des personnages queer qui sont aussi handicapés, contre 3,7 % seulement pour les hétéros.

Le pire, c’est que ces chiffres restent plutôt stables, entre 2016 et 2023, avec aucune amélioration en vue. On note tout de même certains écarts énormes en fonction des années : en 2018, plus de 90 % des personnages handicapés étaient ainsi joués par des comédiens valides, tandis qu’en 2016, le taux était finalement plus bas, avec près de 70 %.
Jay Ruderman, le président de la Ruderman Family Foundation, a affirmé auprès de Variety que l’étude révélait « deux réalités difficiles : d’abord, les chiffres soulignent la sous-représentation des personnes handicapées à la télévision, malgré le fait qu’un américain sur quatre soit concerné, et ensuite, ils montrent que le progrès a stagné ces dernières années. Les récits présentés à l’écran influencent énormément nos perceptions sociales et notre compréhension de l’inclusion. Nous encourageons vivement les scénaristes, producteurs et décisionnaires à prendre en compte nos recommandations et à s’engager pour une représentation plus authentique, sans hésitation. »
Les scénaristes doivent se poser les bonnes questions
Certes, des séries récentes comme Marvel’s Echo ou Sex Education, analysées dans l’étude, contribuent à changer la donne. Mais cela reste beaucoup trop rare pour réellement engager un changement dans l’industrie. D’autant qu’elles ont pu, elles aussi, tomber dans des clichés faciles, qui nuisent à la représentation du handicap à l’écran. On pense notamment au trope (biais) des personnages détestables, comme c’est le cas d’Isaac dans la saison 2 de Sex Education, voire carrément maléfiques, comme Orson Hodge dans Desperate Housewives.
L’étude de la Ruderman Family Foundation contient justement de nombreuses recommandations, pour permettre une représentation plus juste. La principale, et la plus logique, consiste évidemment à valider beaucoup plus de projets menés par des personnes handicapés, à l’écriture ou derrière la caméra.

Il faut également changer les processus de casting, pour engager davantage d’acteurs et d’actrices handicapés, dans des rôles qui leur ressemblent, rendre les tournages plus accessibles, mais aussi bouleverser les habitudes d’écriture des scénaristes, afin que les personnages soient d’abord définis par leur histoire, et non pas par leur handicap. Les auteurs de l’étude recommandent ainsi aux scénaristes de se poser les questions suivantes :
- Les personnages handicapés sont-ils multi-dimensionnels, avec leurs propres objectifs et leur personnalité en dehors du handicap ? Ont-ils un travail et une vie sociale ?
- Les dialogues sont-ils validistes et dépeignent-ils le handicap comme une tragédie, une situation anormale, un poids ou une inspiration pour les autres personnages ?
- Les personnages handicapés sont-ils inclusifs, avec une diversité d’âge, de couleur de peau et de classe sociale ?
- Le casting est-il authentique, avec des personnages handicapés interprétés par des comédiens concernés ?
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