En France, on n’a pas de pétrole, mais on commence à avoir un nombre impressionnant de studios qui développent des jeux vidéo assez incroyables. Dernier exemple en date, Dordogne, une aventure narrative entièrement peinte à la main, étonnante bulle de poésie qui nous éclate à la figure et fait pétiller nos yeux.

Elle donne l’impression d’avoir toujours été là, paisiblement accrochée sur le flanc de cette vallée verdoyante où le chant des oiseaux ricoche sur les arbres et les saillantes rocheuses qui protègent la rivière qui sinue en contrebas. Il suffit de pousser ce vieux portail en bois rouge pour accéder au petit jardin qui pousse à ses pieds et nous accueille de ses mille couleurs et parfums acidulés. Une large écharpe de glycine s’enroule tout autour comme pour cacher sa façade blanche et la dissimuler dans le décor. La porte est entrouverte et laisse s’échapper des odeurs de cuisine qui donnent envie de se ruer à l’intérieur. On y est. C’est la maison de mamie.

C’est ici, dans cette petite maison au cœur de la Dordogne, que vous passerez environ quatre heures d’une aventure où se percutent mélancolie, poésie et naïveté. Vous serez en compagnie de Mimi, douze ans, qui passe ses vacances d’été chez sa grand-mère. L’adolescente aurait vraiment préféré rester à Paris plutôt que de se retrouver seule dans ce coin de campagne perdu. Mais, rapidement, la magie des lieux et la gentillesse de sa mamie vont la faire craquer. Alors vont commencer les plus belles vacances de sa vie dans un jeu qui s’appelle sobrement Dordogne.

Source : Screenshot éditeur
Dordogne propose de belles virées en kayak // Source : Screenshot éditeur

Dordogne, ode à la simplicité

Difficile de parler de Dordogne sans commencer par aborder sa direction artistique : ses graphismes entièrement peints à l’aquarelle et qui prennent littéralement vie à l’écran. Chaque tableau, chaque pièce, chaque paysage est d’une beauté saisissante, ensorcelante, avec un malicieux jeu sur les perspectives qui apporte beaucoup de profondeur aux décors et les rend encore plus captivants. Ces coups de pinceau ne sont pas juste là pour faire beau dans les bandes-annonces. Ils servent véritablement l’ambiance du jeu, renforcent la grisaille et la tristesse d’un jour de pluie ou, au contraire, rendent les rayons de soleil encore plus chauds et les remous de la rivière rafraîchissants. L’aléa de l’aquarelle, cette manière dont les couleurs et les formes vivent au gré des caprices de l’eau, des pigments et du grain du papier donnent aux images un charme presque mystérieux. Le rendu stimule encore plus notre imagination et notre capacité à nous projeter dans les aventures insouciantes de Mimi.

Chaque tableau, chaque pièce, chaque paysage est d’une beauté saisissante

Le jeu a dans sa construction un petit goût de point’n’click, avec ce personnage qui se promène dans différents tableaux. On interagit alors avec quelques éléments de décors pour y trouver des items à collectionner et découvrir les mini-jeux qui ponctuent l’exploration et les phases plus narratives. Via des combinaisons de touches et de mouvements, on déverrouille une porte, coupe une pomme de terre, se brosse les dents ou plante du thym dans le jardin. Des activités toutes simples, insignifiantes pourrait-on croire, mais qui s’insèrent intelligemment dans le récit pour mieux nous y impliquer. Mimi peut également prendre des photos de ce qu’elle découvre ou enregistrer certains sons de la nature. Le but est capturer ainsi ses souvenirs pour les mettre en scène dans son gros classeur façon scrapbooking, un peu dans l’esprit de Season: A letter to the Future, en plus léger.

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Et si on allait faire quelques courses au marché ? // Source : Screenshot éditeur

Les vacances de l’amour

Grâce à tous ces petits éléments, Dordogne nous fait comprendre une chose importante : ici, il faut prendre son temps, profiter. Inutile de courir vers le prochain objectif pour découvrir au plus vite ce qui nous attend ensuite. On est à la campagne, c’est les vacances, alors on se promène, on fait un pas de côté et, au passage, on en profite pour fouiller les environs. Qui sait ? Peut-être y trouvera-t-on de précieux indices sur les histoires que le jeu murmure en arrière-plan ?

Car Dordogne n’est pas qu’une simulation de vacances chez grand-mère, qui serre très fort la gorge tant elle peut renvoyer à nos propres souvenirs. C’est aussi un récit qui sait parfois se teinter de mystère et file même vers une certaine abstraction. Tout cela ne prend toutefois jamais le pas sur son enjeu central, celui de nous faire vivre des vacances paisibles et hors du temps dans une ambiance naïve et bienveillante. Dordogne reste finalement toujours à la hauteur des yeux de sa jeune héroïne, au travers desquels la vie est une incroyable aventure, où tout a un goût de première fois et où les soucis des adultes existent, mais paraissent bien lointains.

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Capturez les sons de la nature qui vous entoure… // Source : Screenshot éditeur

Le verdict

Dordogne, c’est évidemment la vivifiante poésie de sa direction artistique. Loin d’être un simple gimmick, ses tableaux à l’aquarelle sont une magnifique porte d’entrée vers son univers bucolique et délicieusement naïf. Aux côtés de la souriante Mimi, on plonge dans ce coin de campagne hors du temps où chaque moment de vie devient une petite aventure et où se cachent quelques mystères. Le jeu peut sembler un peu bref au final, mais si c’est le petit prix à payer pour conserver ce rythme enthousiasmant et garder intact le charme de ces vacances rêvées, on lui pardonne totalement. Et, on ne va pas se mentir, par les temps qui courent, ce ne sont pas les jeux monumentaux capables d’engloutir toute notre vie qui manquent. Finalement, Dordogne sera même une parenthèse parfaite pour souffler quelques instants et se souvenir de ce qui compte réellement dans la vie…

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