À l’occasion de la sortie en salle du film d’animation Super Mario, on a osé revoir l’adaptation en live-action qui date de 1993. Une sacrée épreuve de vie.

« Rien n’est impossible, Mario. Improbable, invraisemblable, jamais impossible », lance Luigi, alors que les deux célèbres plombiers tentent de s’échapper en sautant dans un camion rempli de sacs-poubelle. Cette phrase pourrait tout à fait être un résumé pertinent du film Mario sorti en 1993. L’adaptation « impossible », puisque reposant sur un casting en chair et en os, est à la fois « improbable » et « invraisemblable ». Une épreuve de cinéma qui renvoie au pire de ce qu’il est possible de tirer d’une saga phare et culte. Un cas d’école, presque.

En 1993, Mario a bientôt dix ans de carrière. À l’époque, il s’épanouit sur la Super Nintendo dans ce qui constitue sa meilleure aventure en 2D (Super Mario World), ainsi que sur Game Boy (les Super Mario Land). Le bougre moustachu est la mascotte d’une entreprise japonaise qui connaît un grand succès et il n’en fallait pas moins pour que Hollywood s’empare du phénomène dans le but d’en tirer profit avec un film. Sauf que les producteurs et les réalisateurs n’ont pas joué à un seul jeu Super Mario, en atteste le résultat. C’est tellement ridicule, que le mot « massacre » constituerait un qualificatif bien trop faible.

Super Mario Bros.  // Source : Capture d'écran
Deux acteurs avec une tête de vainqueur, tellement ils sont heureux d’être là // Source : Capture d’écran

Comment le film Super Mario de 1993 massacre la licence de Nintendo

Étonnamment, Super Mario Bros. démarre plutôt bien : les premières notes sont reprises des jeux vidéo. Et puis, très vite, patatras, c’est le drame. Le film reprend l’hypothèse selon laquelle les dinosaures ont disparu 65 millions d’années auparavant à cause d’une météorite. À un détail près par rapport à la vraie histoire : certains ont survécu et se sont retrouvés dans une dimension parallèle, en quête d’une vengeance sur les autres mammifères. C’est le cas du grand méchant, qui, twist, ne s’appelle pas Bowser mais Koopa. Première trahison, même si les fans répondraient que Bowser est le roi des Koopas. Soit.

Super Mario Bros. ne respecte strictement rien

Pour parvenir à ses fins, Bowser Koopa doit récupérer un morceau de météorite dont la propriétaire est une princesse. Princesse qui ne s’appelle pas Peach mais Daisy (Daisy apparaîtra bien plus tard dans les jeux vidéo). Autre trahison. Bien évidemment, la Daisy en question, orpheline, vit à Brooklyn, ville où travaillent Mario et Luigi, deux plombiers qui ont du mal à joindre les deux bouts. Comme Luigi va tomber amoureux de Daisy (coup de foudre réciproque), les compères vont se retrouver dans l’autre dimension pour sauver la mademoiselle en détresse et empêcher Koopa de mettre son plan à exécution. Enfin un soupçon de fidélité.

Super Mario Bros.  // Source : Capture d'écran
La coiffure impeccable de Koopa frôle le respect // Source : Capture d’écran

Hélas, on finit par comprendre que Super Mario Bros. ne respecte strictement rien. Ni la licence de Nintendo, encore moins les spectatrices et les spectateurs. Les scénaristes ont, semble-t-il, passé moins de temps à écrire un semblant d’intrigue que les coiffeurs sur les cheveux de Dennis Hopper (acteur reconnu, venu prendre un chèque et prendre des bains de boue pour soigner sa peau). En résulte un amoncèlement de situations gags, appuyées par une bande son qui forcent le trait au point d’arracher des sourires forcés. Tout est profondément gênant dans Super Mario Bros., qui, s’il se rêve en théâtre du mauvais goût, peut constituer une forme de réussite.

Super Mario Bros.  // Source : Capture d'écran
T’as changé Yoshi… // Source : Capture d’écran

Il suffit de voir la dimension parallèle où se croisent humains, lézards humanoïdes et dinosaures à la tête minuscule (les fameux Goombas, qui ressemblent normalement à des champignons). Oubliez le Royaume Champignon coloré et avenant, prenez place dans une ville qui ressemble à une version Wish de Blade Runner, croisée avec les pires restes de Mad Max 2. Les références à l’univers de Mario sont très souvent maladroites. Par exemple, pour faire écho aux champignons, on nous invente un roi — le père de Daisy — transformé en… mycose. Vous ne verrez sans doute jamais un autre film qui utilise autant le mot « mycose » en 1h40. C’est édifiant, continuellement insultant pour la mythologie Mario. Voire grossophobe (le personnage décrit comme « la grosse Bertha du Boom Boom Bar »).

Super Mario Bros.  // Source : Capture d'écran
L’espèce de truc avec une petite tête de lézard est donc un Goomba // Source : Capture d’écran

Le pire ? Le casting réuni est loin d’être ridicule, entre les valeurs sûres enfermées dans un sacré bourbier (Bob Hoskins, Fiona Shaw et Dennis Hopper) et celles en devenir qui rêvaient meilleur tremplin (John Leguizamo, qui joue donc Luigi). Les cobayes de cette immense farce, qui se prend trop au sérieux pour devenir une parodie, s’efforcent de faire illusion et font semblant d’y croire. C’en est presque touchant, tant tout s’écroule autour d’eux. À l’arrivée, Super Mario Bros. est une adaptation qui tombe à l’eau, un comble pour film centré sur des plombiers. On espère vraiment que le film d’animation signé Illumination s’en sortira mieux. A priori, c’est impossible de faire pire. « Improbable, invraisemblable », rétorquerait Luigi.

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