Ford doit-il arrêter de concevoir des voitures pour les forces de l’ordre ? Le débat existe au sein même du constructeur, selon les informations de Jalopnik publiées le 8 juillet et confirmées par The Verge. Un groupe d’employés fait circuler une pétition interne demandant à l’entreprise de « cesser le développement, la production et la vente des véhicules de police ». Si la direction y répondait favorablement, il s’agirait d’un signal fort en soutien au mouvement Black Lives Matter, qui met en lumière les violences policières. Mais elle n’est pas prête de le faire.
Ford est, de loin, le principal fournisseur de la police. Dans un communiqué datant de janvier 2019 et présentant le nouveau Interceptor, l’entreprise se vantait de peser pour deux tiers des ventes. Au regard des événements récents et de certaines images qui sont partagées sur internet, cette publicité pour Ford conduit aujourd’hui à un déficit d’image. Dans l’inconscient de certains, par la force des choses, la marque est associée aux agissements des policiers malavisés.
Ford doit-il arrêter de fournir la police ?
« Depuis nos débuts, les véhicules que les employés de Ford ont designés et conçus sont devenus des accessoires de l’oppression et des violences policières. Nous savons que certains rejoignent et soutiennent les forces de l’ordre avec de bonnes intentions, mais ces pratiques racistes qui pourrissent notre société sont historiques et sysmétiques — un système perpétué par Ford depuis plus de 70 ans », revendiquent certains salariés. Ils pensent qu’il faut désormais agir différemment face à ce sujet de société.
A priori, Jim Hackett, CEO de Ford, ne cédera pas face à ce lobbying. En réponse à la pétition, il a écrit : « Les problèmes qui décrédibilisent la police n’ont rien à voir avec les véhicules que les agents utilisent. En fait, en imaginant le futur de nos véhicules connectés, nous pensons qu’ils peuvent aider la police à mieux protéger et servir, mais aussi fournir des données qui la rendront plus sûre et responsable. » L’intéressé y voit même une opportunité permettant à Ford d’innover. À ses yeux, se retirer du marché « pourrait nuire à la sécurité des officiers de police et les empêcherait de faire leur travail correctement ». Il faut comprendre que Ford souhaite conserver sa part de marché, en restant un partenaire privilégié.
Ces discussions soulèvent un sujet complexe : en fournissant la police, Ford peut-il vraiment être considéré comme un complice des violences ? Il apparaît difficile de trouver une réponse claire à cette question, puisque cela dépend de la sensibilité et de la perception de chacun. Ici, on se rend surtout compte que Ford se trouve dans une position délicate, entre les revendications légitimes de ses employés et son statut auprès de la police. D’autres multinationales ont tranché : dans un communiqué diffusé le 10 juin, Amazon a annoncé que les forces de l’ordre ne pourront pas utiliser sa technologie de reconnaissance faciale pendant (seulement) un an.
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