Les internautes qui cherchaient à accéder à YggTorrent depuis une recherche Google ont certainement dû être surpris de ne plus retrouver l’adresse du site pirate parmi les résultats du moteur de recherche. Et pour cause : l’adresse a été exclue de l’index. C’est ce qu’ont confié les gérants du site de liens BitTorrent sur Twitter. Résultat, ils ont dû basculer sur un nouveau nom de domaine.
Apparu en 2017, YggTorrent est une plateforme qui héberge et référence des liens BitTorrent qui servent à récupérer, via un logiciel approprié comme µTorrent, Qbittorrent ou Vuze, des contenus piratés. Il est apparu après la disparition de T411 et a décidé de fusionner avec un autre site qui se voulait aussi l’héritier de T411.
Ce n’est pas la première fois que YggTorrent se fait éjecter de Google. Par le passé, le site de liens BitTorrent, qui s’est imposé comme l’un des principaux lieux de rendez-vous des internautes francophones désirant télécharger sans autorisation des œuvres culturelles (films, séries TV, musique, jeux vidéo, etc), a déjà été exclu de Google, comme en 2017 et en 2018.
Depuis le 24 septembre, c’est donc une nouvelle extension de nom de domaine qui est utilisée. L’adresse a été enregistrée au Pérou (avec comme domaine national « .pe »). La précédente URL, liée à la Suisse (« .ch »), reste active, mais sert désormais à rediriger les internautes, tout comme les autres adresses (« .to » et « .gg »). Idem pour l’extension « .is », mais celle-ci est bloquée par certains opérateurs.
Des milliers de demandes de déréférencement
L’industrie culturelle n’ignore pas l’existence de YggTorrent. Comme le montre le rapport de transparence de Google sur les suppressions de contenus des résultats pour atteinte aux droits d’auteur, le site s’est retrouvé dans le collimateur de 45 organisations de lutte contre le piratage, qui agissent au nom de 174 titulaires de droits. Ils ont demandé le retrait de plus de 57 000 adresses spécifiques.
Parmi ces titulaires de droits d’auteur, on retrouve Canal+, TF1, Amazon, Sony, la Fox, France Télévisions, Disney ou encore Netflix. Figurent aussi des maisons d’édition, des groupes de presse et des sociétés de production cinématographique. Pour chacune des requêtes reçues, Google indique quelle action il a prise : URL supprimée, aucune action effectuée, en attente, adresse pas dans l’index ou doublon.
Ces données ne concernent que la « déclinaison suisse » de YggTorrent. Des requêtes en suppression visent aussi les autres extensions (« .to », « .is », « .gg »), mais aussi les sites qui s’avèrent être des clones du site de liens BitTorrent. En tout, si l’on additionne toutes les adresses prises pour cible dans la « galaxie YggTorrent », c’est-à-dire les sites légitimes et les clones, ce sont plus de 800 000 adresses qui sont visées.
L’intervention de Google contre YggTorrent a peut-être un lien avec l’accord qui a été signé en 2017 avec l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA). Conclu sous l’égide du Centre national du cinéma et de l’image animée et du ministère de la Culture, il prévoit le déclassement des contenus illicites dans les résultats d’une recherche, afin de ne pas orienter les internautes sur ces sites.
Puisqu’il s’agit d’un déréférencement et non d’un déclassement, manifestement, ce n’est peut-être pas cet accord qui est à l’origine des déconvenues du site. Quoiqu’il en soit, son horizon est loin d’être dégagé. La tendance au ministère de la Culture est au renforcement des prérogatives de la Hadopi (blocage, liste noire, action contre les sites miroirs, retrait de Google et compagnie). Rien qui ne fera les affaires de YggTorrent.
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