En tapant le nom du site YggTorrent sur Google, le moteur de recherche ne propose plus le lien permettant d’y accéder.

C’est peut-être un constat que vous avez fait vous-même fin novembre, en allant sur Google : la page d’accueil du site YggTorrent, bien connu des internautes faisant fi du droit d’auteur, n’apparaît plus dans les résultats du moteur de recherche américain lorsque l’on tape la requête « yggtorrent ». En revanche, Google la propose toujours quand on inscrit plutôt « yggtorrent.com ».

À la place, la première page nous propose des liens pointant vers le compte Twitter du site pirate, le mot-clé #yggtorrent pour effectuer une recherche sur le réseau social, le forum, le wiki, la page Facebook, une vidéo YouTube et plusieurs sites relayant son actualité récente, à savoir la fusion entre YggTorrent et T411.si, deux sites qui étaient apparus à la suite de la disparition de T411 premier du nom.

https://twitter.com/yggtorrent_com/status/936295232370544640

Sur Twitter, les gérants de YggTorrent sont catégoriques : « La page d’accueil vient de se faire bannir des résultats de recherche sur Google (pour le terme ‘yggtorrent’) ». Il faut toutefois envisager aussi l’hypothèse d’une erreur de la part de la firme de Mountain View, même si la nature du site touché — un site permettant de pirater des œuvres culturelles — peut laisser penser à une action délibérée.

En effet, Google participe à la lutte contre les infractions à la propriété intellectuelle.

Pour son service de moteur de recherche, l’entreprise est en particulier chargée de traiter les demandes de suppression de contenu pour atteinte aux droits d’auteur. Et c’est un traitement massif auquel elle doit faire face : en début d’année, il est apparu que le groupe a dû examiner les signalements pour un million de sites web depuis l’apparition de son rapport de transparence.

yggtorrent-transparency-report

Le domaine YggTorrent est fortement ciblé.

YggTorrent fait partie des sites pour lesquels certaines de ses adresses sont visées par des demandes de déréférencement. Selon le rapport de la firme, 187 titulaires de droits d’auteur et 46 organisations travaillant pour eux ont signalé 10 000 adresses. OCS, Studiocanal, Metropolitan, TF1, Canal+, Fox Pathé, France TV Distribution, Walt Disney sont quelques-uns de ces demandeurs.

Par le passé, Google a fait savoir qu’il évitait de désindexer les pages d’accueil des sites pirates. La firme de Mountain View souhaite en effet que les requêtes des ayants droit soient beaucoup plus ciblées, en indiquant une page précise sur lequel se passe telle ou telle infraction. Cependant, ce n’est pas une règle absolue :  1337, BTJunkie, The Pirate Bay et ExtraTorrent ont connu les mêmes déboires.

Tyranny

Les sociétés à l’origine des demandes.

Une censure impliquant le design du site ?

La raison qui pourrait expliquer la disparition de YggTorrent de Google au nom de la lutte contre le piratage pourrait être liée au design même du site de liens BitTorrent.

En effet, la page d’accueil d’YggTorrent propose directement des dizaines de liens, avec des noms comme « Valérian et la Cité des mille planètes MULTI (VFI) 1080p HD-Light x264 AC3-ACOOL », la taille du fichier, le nombre de seeders et de leechers, des blocs classant les fichiers par thème, comme « Film/Vidéo : Torrents du moment » ou « Audio : Torrents du moment », ainsi que l’option « Afficher plus de torrents ».

accueil-yggtorrent

La page d’accueil de YggTorrent.

Considérant que c’était le motif de son bannissement de Google, 1337 avait déclaré avoir « développé une nouvelle page d’accueil qui contient uniquement un champ de recherche, donc nous ne devrions plus être bloqués par les moteurs de recherche à l’avenir », du fait « du blocage de notre ancien index par les moteurs de recherche ». Un effort vain, car 1337 ne donne aujourd’hui plus de signe de vie.

L’absence de la page d’accueil de YggTorrent en tapant le mot-clé « yggtorrent » ne se constate que sur Google. Les autres moteurs de recherche utilisés en France, que ce soit Bing, Yahoo, Qwant ou DuckDuckGo, affichent toujours correctement le site dans leurs résultats. Cependant, étant donné que l’essentiel des recherches en France passe par Google, c’est anecdotique.


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