C’était cousu de fil blanc. Chelsea Manning ayant annoncé son refus de témoigner dans cette affaire, le tribunal a ordonné qu’elle retourne en prison.

Chelsea Manning avait annoncé la couleur début mai : jamais elle ne coopérera avec le grand jury d’un tribunal de Virginie, aux États-Unis, dans le cadre de l’enquête visant le site Wikileaks. Et cela, même si son refus de témoigner dans cette affaire constitue aux yeux du juge une entrave à la bonne marche de la justice pouvant justifier sa réincarcération et une série de sanctions financières.

Aussi s’attendait-on à apprendre que l’ex-militaire a été renvoyée derrière les barreaux. C’est le cas depuis le jeudi 16 mai et elle y restera tant qu’elle refusera de participer au procès. Sinon, elle sera confinée pendant toute la durée des investigations menées par le grand jury. Mais ce n’est pas tout : le magistrat a aussi prévu des amendes quotidiennes si elle persiste à résister.

Au bout de trente jours de détention, Chelsea Manning sera sanctionnée d’une amende quotidienne de 500 dollars. Après soixante jours derrière les barreaux, la peine doublera pour atteindre 1 000 dollars.

Chelsea Manning, dans un documentaire. // Source : Capture d'écran / Showtime

Chelsea Manning, dans un documentaire.

Source : Capture d'écran / Showtime

Obligations contre convictions

Avant de renvoyer Chelsea Manning en prison, le juge l’a entendue pour lui demander à nouveau d’apporter sa contribution, en expliquant qu’il n’est en rien déshonorable de remplir son devoir de citoyenne. Mais l’intéressée a opposé à ces obligations ses valeurs morales, expliquant qu’elle n’entendait pas renoncer à ses principes, même si cela lui coûte temporairement sa liberté et de l’argent.

Chelsea Manning avait été provisoirement libérée en mai pour des raisons techniques : le précédent grand jury arrivait au terme de son mandat. De nouvelles personnes ont donc été tirées au sort pour en former un nouveau. Une fois en place, celui a repris l’enquête et a naturellement convoqué l’ancienne analyste pour qu’elle apporte des éclairages sur Julian Assange, le fondateur de Wikileaks.

Sans succès.

C’est donc la deuxième fois en peu de temps que Chelsea Manning se voit priver sa liberté d’aller et venir. Plus tôt cette année, Chelsea Manning avait été incarcérée pour outrage au tribunal — cette qualification survient lorsque le magistrat est confronté à un manque de respect à la cour ou à un acte de désobéissance. Il s’agissait alors de son premier refus de coopérer avec la justice.

prison

L’enfermement pourrait durer. // Source : Thomas Hawk

Déjà sept ans de prison

Autrefois, Chelsea Manning officiait comme analyste dans les services de renseignement de l’armée américaine. Elle avait pu récolter des documents secrets qu’elle avait transmis à Wikileaks en 2010. Les documents à fuiter furent nombreux : plus de 750 000. Ils portent sur des informations diplomatiques et militaires des États-Unis, notamment sur les guerres d’Irak et d’Afghanistan.

Chelsea Manning avait été arrêtée en 2011 par l’armée américaine et détenue jusqu’en 2013, date à laquelle un jugement à son encore a été rendu. Elle avait été condamnée à  l’époque à 35 ans de prison. Néanmoins, elle fut finalement libérée au bout de 5, en 2017, sur décision de Barack Obama, alors sur le départ. En tout, elle a été enfermée pendant sept ans.


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