S’il est essentiellement connu pour ses propositions conspirationnistes non dissimulées inspirées de LaRouche, Jacques Cheminade, candidat du mouvement Solidarité & Progrès à l’élection présidentielle, ne manque pas d’idées en matière de tech et de numérique.
Retrouvez ici, classées par thématique, ses propositions, mises à jour au fur et à mesure de la campagne jusqu’au premier tour de la présidentielle, le 23 avril 2017.
Aérotrains et villes flottantes
Fervent défenseur du nucléaire de quatrième génération, Jacques Cheminade envisage plusieurs aménagements en matière de transport. Il défend notamment le retour « à l’aérotrain de l’ingénieur Bertin, l’extension du ferroutage pour éviter l’encombrement par les camions et le financement avec des aides publiques de la voiture à hydrogène, dont la production en masse permettra de diminuer fortement la pollution. »
Il compte aussi réduire les vols continentaux de moins de 1 500 kilomètres grâce aux aérotrains — notamment « sur le tronçon Paris-Rouen-Le Havre » — et des trains à sustentation magnétique.
Dans un avenir plus lointain, le candidat de Solidarité & Progrès envisage de construire des villes flottantes (ou « Aquaplex ») en mer pour s’y concentrer sur la recherche, la formation, la production et la dépollution.
La Lune, base de l’exploration martienne
La conquête de l’espace est l’un des piliers du programme de Jacques Cheminade. Il la conçoit en plusieurs étapes successives : d’abord par un « vaste programme d’exploration robotisée, d’observation radio-astronomique et de veille spatiale depuis la Terre » pour appréhender tous les dangers qui peuvent y menacer l’homme. Il plaide ainsi pour poursuivre les « financements massifs » des sondes spatiales et autres projets de recherche sur les traces de vie.
Pour mener à bien ces projets, le candidat souhaite créer « un ministère de l’Exploration et de la Recherche spatiale » et faire participer la France à « la fondation d’un nouvel Institut européen de recherche lunaire et spatiale ». Deux initiatives qui nécessiteront forcément des investissements renforcés, qu’il envisage par un doublement de la « contribution française à l’agence spatiale européenne (de 900 millions d’euros en 2016, soit 15 euros par Français) car son équivalent sera dépensé en France pour des projets à haute valeur scientifique et technologique. »
À l’instar de Jean-Luc Mélenchon, Jacques Cheminade compte lutter contre la pollution spatiale, qu’il considère comme une menace pour toutes les futures missions spatiales. À ce titre, il envisage le « recyclage en orbite de certains matériaux par procédés métallurgiques et imprimantes 3D, le réaménagement de débris de grande taille en habitacle temporaire et le recyclage de tôles en blindage pour satellite, ou encore la déviation par faisceau laser des petits objets ». Il prône aussi le recours à des lanceurs récupérables pour éviter l’apparition de nouveaux débris.
Pour Jacques Cheminade, l’exploration de Mars passe nécessairement par l’instauration d’une base lunaire, qui simplifiera selon lui les missions vers cette planète grâce à une dépense d’énergie réduite et un transport simplifié, le tout reposant sur une collaboration internationale. L’objectif est ambitieux : « Envisager, d’ici deux générations, une quasi autonomie de l’être humain dans l’espace. »
Le candidat de Solidarité & Progrès envisage cette politique ambitieuse comme un moyen de créer « cinq millions d’emplois en cinq ans nécessaires à notre économie humaine et à notre économie physique du futur, à condition de rompre avec la logique d’un capitalisme financier prédateur ».
Des investissements pour la recherche et l’innovation
Pour « réintroduire partout » une « culture de la réflexion scientifique » et gommer au maximum la fracture entre littéraires et scientifiques, Jacques Cheminade mise sur la création d’un « vrai » ministère de l’Industrie, de la Recherche et de l’Innovation et sur d’importants investissements, à commencer par une augmentation des budgets de la recherche publique, qui doit devenir équivalent à 3 % du PIB.
Celle-ci doit servir au CNRS, à l’ONERA, à l’ANR et à leurs partenaires privés comme publics de se concentrer sur ce qu’il définit comme les frontières des « trois infinis » : « l’infiniment grand (exploration spatiale, astrophysique) ; l’infiniment petit (atome, nanotechnologies) avec le CEA, et l’infini du vivant, avec l’IFREMER (océanique), l’INRA (agriculture, biologique) et l’INSERM (médical). »
Dans la même optique de mise en valeur de la culture scientifique, Jacques Cheminade compte doter chaque département d’un télescope d’au moins 80 centimètres de diamètre pour permettre aux plus jeunes de se « familiariser avec l’espace » en observant les planètes ou la voûte céleste. Le candidat voit déjà « les proverbiales soirées chamallows des centres de loisirs […] s’enrichir de séances de découverte de l’espace. » L’implantation de Fablab citoyens dans « chaque ville ou agglomération urbaine » doit quant à elle offrir aux jeunes un accès à la découpe laser, aux imprimantes 3D et autres technologies de fabrication « dans un cadre ludique et formateur ».
Le candidat de Solidarité & Progrès entend par ailleurs recentrer le crédit impôt recherche sur les PME innovantes plutôt qu’aux « créateurs d’algorithmes pour des spéculations bancaires » et augmenter l’aide publique aux 71 pôles de compétitivité français. Il entend aller plus loin en étendant leurs activités à des secteurs qu’il juge de première importance : « Fusion nucléaire par laser et confinement magnétique, numérique, robotique, cobotique (pour réduire la pénibilité du travail), nanotechnologies, bio-mimétisme, impression 3D, nucléaire du futur, médecine nucléaire, biotechnologies, espace, chimie verte, recherche métallurgique, transports rapides, exploration océanographique et nouveaux matériaux ».
Création d’un grand service public du numérique
Sur la fracture numérique, le projet de Jacques Cheminade ne diffère pas du plan Très Haut Débit déployé par le gouvernement de François Hollande : il souhaite financer la couverture Internet à haut débit par l’État pour désenclaver les communes rurales.
Il prévoit aussi de créer un « grand service public du numérique » chargé de fournir « à des tarifs réglementés » un accès au numérique « haut de gamme » dans tout le pays.
Télémédecine et robots chirurgiens
Partisan d’un développement de la télémédecine, pour réduire le temps et les frais investis dans les déplacements, Jacques Cheminade mise aussi sur « la multiplication des robots chirurgiens et la recherche sur les biotechnologies ».
L’open et le big data au service du travail
Aux yeux de Jacques Cheminade, l’open et le big data trouvent tout leur sens au service de l’emploi : il compte recourir à de nouveaux logiciels, analysant des méga-données pour mieux faire coïncider les besoins des employeurs avec les compétences des candidats à un emploi. Concrètement, il entend donc mettre en relation des employeurs et des candidats en fonction de leurs compétences spécifiques plutôt qu’en fonction de leur poste de travail ou de leur corps de métier.
Il espère ainsi créer un nouveau marché du travail « qui s’organisera en rendant publiques les données sur les demandes d’emploi, pour les croiser avec les besoins de compétences. »
En réponse à « la destruction des postes de travail répétitifs et à faible implication intellectuelle par l’essor du numérique associé à la robotique », Jacques Cheminade prévoit « la création d’emplois qualifiés [intégrés] au sein d’un retour au développement de l’économie physique, et la réduction de la durée du travail dans des lieux et des emplois déterminés ».
Société des écrans et jeux vidéo violents
C’est l’autre thème qui revient régulièrement dans les différents volets du programme de Jacques Cheminade : la « désensibilisation » des jeunes citoyens par « la société des écrans ». Pour les réancrer « dans le monde réel », le candidat veut donner un rôle central aux centres de loisir et aux activités telles que des séjours à la ferme, qui ont selon lui pour autre avantage de « réconcilier les citadins avec une écologie humaine ».
Jacques Cheminade veut surtout interdire les jeux vidéo violents « avilissant la personne humaine, et où le mot le plus souvent répété est ‘mort’ et l’image la plus représentée celle de cadavres ». Il justifie cette interdiction par un double motif : ces jeux détruiraient « méticuleusement la faculté d’attention des enfants et des adolescents en réduisant à sept secondes la durée des images et à 15 le temps de réponse aux questions éventuelles ».
Le candidat, qui ne cite aucune source pour justifier ces affirmations, ne prend pas plus de pincettes pour affirmer que le lien « entre passage à l’acte terroriste et pratique de jeux vidéo violents d’abord, puis consultation d’images criminelles sur les sites djihadistes, [est] lui aussi établi ». Il en fait un deuxième argument en faveur de l’interdiction des jeux vidéo violents dans son volet programmatique sur la sécurité.
Renforcement de la cyber-armée
Jacques Cheminade veut renforcer la cyber-armée du gouvernement français en mettant l’accent sur trois missions principales : « renseignement, protection des réseaux et lutte informatique offensive ».
Pour ce faire, il se dit prêt à dépasser — si besoin — le milliard d’investissement prévu entre 2014 et 2019.
Pas d’écrans avant le secondaire
Jacques Cheminade prend le contrepied des candidats qui plaident pour une initiation au support numérique et à la programmation dès le plus jeune âge, en appelant pour sa part à ne pas exposer les enfants au moindre écran avant 6 ans, au motif que leur nocivité serait prouvée « en terme de luminosité, voire d’ondes ». Un rapport de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail de juillet 2016 alertait en effet sur ces risques potentiels.
Le candidat préconise, à partir du CE1, l’utilisation d’outils informatiques mais uniquement en tant que supports aux méthodes d’enseignement traditionnelles : « Par exemple la projection d’une vidéo pour illustrer un cours de géographie. Ils seront introduits, en tant que de besoin, uniquement après les supports physiques, réels ».
Jacques Cheminade dit partager « avec Steeve [sic] Jobs et les geeks de la Silicon Valley la conviction que l’enfant ne doit pas être placé devant un écran pendant sa croissance et la formation de son cerveau » — même si Steve Jobs n’a jamais expliqué pourquoi il limitait l’accès de ses enfants à la technologie. Cheminade estime en revanche que cette exposition est permise à partir du secondaire, moment propice à l’apprentissage du codage.
Internet, entre contenus plus intelligents et lutte contre l’évasion fiscale
« Relever le niveau général d’Internet » : c’est l’un des objectifs originaux poursuivis par Jacques Cheminade. Afin de peupler « le web de contenus intelligents », il prévoit de transformer France TV en « plateforme éducative fournissant en masse des contenus vidéo gratuits par Internet ». Concrètement, cela impliquerait de dépêcher ses équipes « partout où quelque chose se crée, notamment auprès d’institutions publiques comme le CNRS et le CEA, les Opéras et les grands orchestres pour réaliser, avec les chercheurs, les ingénieurs et les artistes, des programmes visant à faire découvrir aux jeunes et au peuple en général ce qu’ils font, comment et pourquoi ».
Comme la plupart des autres candidats à la présidentielle, Jacques Cheminade prévoit de taxer « les grands groupes de l’Internet », citant pêle-mêle Amazon et Apple. Pour ce faire, il veut créer « une Autorité européenne du numérique, qui impose la fin de ces détournements de recettes fiscales ».
Vous pourrez retrouver tous les programmes des candidats liés à la tech et au numérique à cette adresse.
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