Jacques Cheminade reste droit dans ses bottes. Invité sur RMC pour parler de son programme, le candidat à la présidence de la République, fondateur du parti politique Solidarité et progrès, a déclaré à Jean-Jacques Bourdin qu’il entendait interdire les jeux vidéo violents en France s’il accédait à l’Élysée. Une proposition qui fait écho aux positions qu’il tenait déjà en 2012.
« On s’est moqué de moi quand je l’ai dit en 2012 et on a eu Mohammed Merah. Dans ces jeux ultra-violents, on écrase parfois des gens avec des camions, ça inspire les gens qui ont l’esprit tordu et désaxé », a-t-il déclaré à la radio, en référence à l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, où un camion-bélier a foncé dans la foule, même si le rôle des jeux vidéo dans cet attentat n’a pas été démontré.
Lors de la précédente campagne électorale, Jacques Cheminade avait déjà fait le lien entre violence virtuelle et violence réelle.
Sur Canal+, il déclarait à l’époque, lors de l’affaire Merah : « on parlait, au départ, de ce qui s’est passé à Toulouse. Très souvent, ces meurtres de masse sont associés à des jeux vidéo violents. […] Ce n’est pas la cause, mais ça crée un climat » . Le candidat s’était toutefois refusé à faire le même rapprochement concernant la violence montrée à la télévision ou dans les arts : « c’est autre chose ».
Dans son programme politique, Jacques Cheminade, qui a obtenu les 500 parrainages, dit qu’il demandera « l’interdiction des jeux vidéo violents avilissant la personne humaine et où le mot le plus souvent répété est ‘mort’ et l’image la plus représentée celle de cadavres. Il ne s’agit pas ici du ‘goût’ personnel des jeunes, il s’agit de jeux formatés par les médias, diffusés par des adultes qui détruisent méticuleusement la faculté d’attention des enfants et des adolescents ».
Interdire les jeux vidéo violents avilissant la personne humaine
Le candidat précise dans une autre rubrique de son site que « tous les contenus diffusés avilissant la personne humaine, comme les jeux vidéo ultra-violents […] doivent être bannis, soit si possible en les interdisant, soit en les surtaxant systématiquement, le produit de la surtaxe étant utilisé pour soutenir la politique contraire d’émancipation des capacités créatrices de l’être humain ».
« Il s’agit de donner un signe de détermination, étant entendu que la diffusion de contenus positifs ludiques et éducateurs est, en amont, le meilleur contrepoison contre toutes les menaces d’évasion vers le virtuel et de radicalisation », poursuit-il.
Et le système PEGI, alors ?
Jacques Cheminade, visiblement en croisade contre les jeux vidéo violents, semble ignorer l’existence du système européen PEGI (Pan European Game Information) qui consiste à afficher sur les boîtiers des jeux vidéo des petits pictogrammes permettant de renseigner le client sur le type de contenu qu’il trouvera en y jouant et si celui-ci est adapté à son âge ou à l’âge de son enfant.
Deux types de pictogrammes sont présentés : certains indiquent l’âge recommandé (les seuils en vigueur en France sont 3, 7, 12, 16 et 18 ans) et d’autres sur le contenu (violence, peur, sexe, discrimination, jeu de hasard, drogue, grossièreté, jeu en ligne). Par contre, le système PEGI n’évalue pas la difficulté supposée ou des aptitudes requises pour jouer à un titre en particulier.
Le PEGI est employé depuis plus d’une décennie en France (ainsi que dans une trentaine de pays européens) et permet aux parents de ne pas se laisser avoir par les affirmations de leurs enfants qui assurent, la main sur le cœur, que tel ou tel jeu n’est pas si effrayant ou violent que cela. Or, plutôt que d’interdire les jeux vidéo violents, une mesure radicale sur un hobby dont les effets néfastes sur le comportement ne sont pas démontrés, ne faudrait-il pas plutôt faire preuve de davantage de pédagogie autour du PEGI ?
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