Les adolescents français ont définitivement ancré le téléchargement illicite dans leurs usages numériques. Une enquête menée auprès de 35 000 jeunes révèle un attrait pour cette pratique dès l’âge de 11 ans. À mesure qu’on s’intéresse à des adolescents plus âgés, le piratage est de plus en présent dans leurs habitudes.

Les adolescents français n’ont visiblement pas peur de la loi Hadopi et de ses conséquences. Ou alors, ils n’ont jamais vraiment prêté attention à la riposte graduée. Une chose est sûre, le téléchargement illégal est une activité définitivement ancrée chez ceux qu’on désigne comme les natifs du numérique. C’est en tout cas ce que révèle une enquête menée par Calysto, une agence de conseils, pour l’association La Voix de l’Enfant.

35 000 jeunes âgés de 11 à 17 ont été interrogés au cours de cette étude. Les adolescents les plus âgés (tranche d’âge 15-17 ans) sont sans surprise ceux qui téléchargent le plus. 75 % d’entre eux récupèrent « régulièrement » de la musique piratée sur Internet. La classe d’âge 13-15 ans suit juste derrière, avec 69 %. Plus surprenant, près de la moitié (48 %) des 11-13 ans ont également indiqué être des adeptes du téléchargement.

Le format MP3, très populaire, n’est évidemment pas étranger à ces résultats. Son taux de compression important permet de ramener un fichier musical à quelques Mégaoctets. Un poids idéal qui permet à ces adolescents d’échanger facilement des musiques à travers des logiciels de discussion instantanée comme Windows Live Messenger.

Du côté des films et des séries TV, le piratage est nettement moins marqué que la musique. Néanmoins, les résultats de l’enquête de Calysto montrent que la majorité des 13 ans et plus télécharge illégalement des contenus audiovisuels. 63 % chez les 15-17 ans et 51 % chez les 13-15 ans. En revanche, les 11-13 ans ne sont « qu’à » 37 %. Pour ce dernier pourcentage, cela représente quand même plus d’un enfant sur trois.

Chez les jeunes, la question du téléchargement sur Internet ne semble pas se poser en termes de légalité. Il est même probable que nombre d’entre eux pensent ne rien faire de mal en récupérant un fichier MP3 ou le dernier épisode d’une série américaine. Cette fracture générationnelle semble dépasser les clivages politiques, puisque au printemps 2009 86 % des votants Jeunes Populaires (UMP) se sont opposés à la riposte graduée.

Les raisons invoquées par ces Jeunes Populaires pour s’opposer au texte n’étaient évidemment pas pour télécharger illégalement. Dans le détail, 18 % ont pensé que la loi Création et Internet ne changera rien dans la mesure où les pirates auront toujours une longueur technique d’avance sur les autorités, tandis que 68 % ont estimé que la loi est une atteinte aux libertés individuelles et à la vie privée des internautes.

Au-delà de la question du téléchargement, le sondage a mis en avant la présence importante des jeunes sur les réseaux sociaux. 75 % des 13-17 ans sont déjà sur Facebook, et plus de la moitié des 11-13 ans (55 %) ont un profil. Si avoir une visibilité numérique n’est pas un problème, le manque de confidentialité en est un. Or, 87 % des 11-13 ans, 67 % des 13-15 ans et 58 % des 15-17 ans ne « protègent aucune information personnelle« .

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