La stratégie est connue des régimes autoritaires, qui se méfient fortement des réseaux sociaux depuis qu’ils ont facilité l’émergence des révolutions arabes. Le site Digital Trends rapporte que le Viêt Nam a coupé le week-end dernier l’accès à Facebook, pour éviter que les internautes ne continuent d’organiser des manifestations contre le pouvoir en place, accusé de laxisme face à une catastrophe environnementale d’origine industrielle. L’accès aurait été rétabli en début de semaine, après une grande manifestation prévue dimanche.
Depuis plusieurs semaines, les vietnamiens descendent dans la rue pour accuser une usine de l’entreprise taïwanaise Formosa Plastics d’être responsable de la mort d’une quantité énorme de poissons, sur une bande de 200 km au long des côtes du Viêt Nam. Les manifestants affirment que ce phénomène de morts massives, qui détruit l’économie des pêcheurs, serait due à des déversements de produits toxiques par Formosa Plastics, qui auraient contaminé y compris des fermes piscicoles.
L’inquiétude de l’ONU sur le respect de la liberté de réunion
Le gouvernement vietnamien est accusé de couvrir l’industriel, après une enquête officielle qui a écarté tout lien entre l’usine du fabricant de plastiques, et la catastrophe environnementale qui a débuté au mois d’avril dernier, et se poursuit toujours aujourd’hui. Un représentant de l’entreprise, qui a depuis été licencié, avait déclaré que le peuple vietnamien devait choisir entre l’industrie ou la pêche. « Vous ne pouvez pas avoir les deux », avait-il expliqué, alors que l’entreprise aurait reçu l’ordre de retirer un tuyau d’évacuation des eaux toxiques, illégal.
Depuis, les manifestations ne faiblissent pas, mais sont de plus en plus réprimées par le régime vietnamien. La semaine dernière, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU s’est emparé de la situation, en se disant « inquiet du niveau de violence accrue perpétrée à l’encontre de manifestants vietnamiens qui expriment leur colère après les morts massives mystérieuses de poissons le long des côtes centrales du pays ».
« Nous appelons le Gouvernement du Viêt Nam à respecter le droit à la liberté de réunion, conformément à ses obligations en matière de droit international des droits de l’homme », avait ajouté le porte-parole du HCDR, Rupert Colville. Selon une jurisprudence croissante des juridictions internationales, la coupure d’accès à internet, qu’elle soit totale ou qu’elle vise un site en particulier utilisé massivement par les internautes, est une violation des droits de l’homme.
Le Vietnam fait partie des 11 pays « ennemis d’internet » dans lesquels Reporters Sans Frontières (RSF) tente de lutter contre la censure.
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