YouTube a décidé de faire la sourde oreille au Kenya, alors que les autorités exigent la suppression d’un clip qui dénonce la discrimination subie par les homosexuels.

Si la France a passé avec succès le cap de la reconnaissance intégrale de l’égalité entre les couples hétérosexuels et les couples homosexuels, grâce à la loi pour le mariage pour tous, il reste des pays dans le monde où être homosexuel est encore perçu non seulement comme une tare, mais comme une faute pénale. Le Kenya en fait partie.

Ainsi l’article 162 du code pénal kényan (.pdf) mêle homosexualité et zoophilie pour condamner de 14 ans de prison quiconque « a une connaissance charnelle de toute personne contre l’ordre naturel », et l’article 165 condamne explicitement « toute personne mâle qui, en public ou en privé, commet tout acte d’indécence brute avec une autre personne mâle ».

Ce n’est pas un simple oubli de nettoyage du code issu de l’époque coloniale, mais bien une emprunte sociale. « Nous ne tolérerons pas l’homosexualité dans notre société, car cela viole nos croyances religieuses et culturelles », avait ainsi expliqué le vice-président William Ruto. « Il n’y a pas de place pour l’homosexualité dans ce pays ».

Mais sur Internet ? Pour combattre l’homophobie kényane, le groupe Art Attack a diffusé sur Youtube le clip Same Love, qui dénonce le traitement discriminatoire subi par les homosexuels au Kenya, et appelle les gays et lesbiennes à ne plus se cacher. « Il est temps d’avoir de nouvelles lois », clame le groupe. Or, le Bureau de Classification des Films du Kenya (KFCB) a ordonné à Google de retirer cette vidéo :

Mais Google a refusé de se plier à la demande, même si techniquement il peut filtrer les vidéos pour que certaines vidéos légales aux États-Unis ou en Europe ne soient plus visibles dans d’autres pays (il avait par exemple rendu inaccessible L’Innocence des Musulmans qui choquait dans certains pays arabes). La filiale de Google au Kenya a prétendu n’avoir aucune autorité sur YouTube, et être donc dans l’incapacité de faire appliquer l’ordre.

La demande avait été formulée en février dernier mais selon Quartz, c’est la médiatisation de la demande des autorités kényanes qui serait avant tout responsable du succès de la vidéo, vue plus de 140 000 fois. L’effet Streisand dans toute sa splendeur.

Dans son ordre de retrait, le directeur du KFCB Ezekiel Mutua explique que « le Kenya ne doit pas permettre aux gens de devenir les Sodome et Gomorrhe à travers une incitation psychologique de la part de tels contenus ». Le régulateur avait donné une semaine à Google pour se plier à l’ordonnance, délivrée le 22 février dernier. Une demande restée lettre morte, ce qui permet aux quelques 32 millions d’internautes du Kenya de continuer à voir et à partager la vidéo.

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