Evidemment, lorsqu’on développe une entreprise dont le business model est entièrement tourné vers la protection des brevets, on ne peut être que contre toute réforme du système. Mais quitte à défendre un point de vue, autant fournir des arguments autrement plus constructifs que les propos de Talal Shamoon, président d’Intertrust Technologies…

Jusqu’à présent, l’un des adages le plus connu du folkore Internet est la fameuse loi de GodwinÉnoncée par Mike Godwin au début des années 90, elle expliquait que « plus une discussion sur Usenet dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison avec les nazis ou Hitler s’approche de 1 ». Ainsi, dans une discussion passionnée, atteindre le fameux point Godwin signifiait que la discussion ne pouvait plus amener grand chose de constructif et que chacun s’était discrédité en se laissant emporter.

Or, en lisant les propos de Talal Shamoon rapportés dans la description de la société réalisée par Forbes le 19 août dernier, on en vient à se demander si un jour il n’existera pas le point Shamoon. En effet, le directeur exécutif d’Intertrust Technologies, une entreprise américaine basée à Sunnyvale, en Californie, a tenu des propos particulièrement étonnants… nous donnant également un bref aperçu sur la manière de fonctionner de son entreprise.

Détenant une pléthore de brevets, Intertrust Technologies semble avoir mis au point un modèle économique entièrement tourné vers les actions judiciaires contre les entreprises violant lesdits brevets, Microsoft en tête. Si d’aucuns estiment que les brevets ont un impact négatif sur l’innovation et constituent un véritable gouffre financier pour de nombreuses entreprises, en particulier pour celles travaillant de près ou de loin dans le secteur technologique et informatique, Talala Shamoon lui pense tout le contraire. Pire, selon lui, « c’est anti-américain de penser que les brevets sont mauvais« .

Devant la fulgurance de l’argument et sa grande vacuité intellectuelle, on en reste presque bouche-bée. Non pas qu’il n’ait pas le droit de défendre ce point de vue, mais quitte à soutenir un tel modèle économique, il eût été préférable de choisir une meilleure démonstration…

Comme le souligne Techdirt, à ce compte-là est-ce anti-américain de vouloir accélérer l’innovation ? Est-ce anti-américain de penser que les entreprises ne devraient pas dépenser leurs ressources financières dans des schémas protectionnistes ? Un débat de sourds.


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