Pour la toute première fois de l’histoire de la conquête spatiale, une personne se déplaçant quotidiennement en fauteuil roulant va franchir la ligne de Kármán. Et devenir la première personne paraplégique à obtenir le titre d’astronaute.

C’est un vol suborbital de quelques minutes, mais qui représentera un bond de géant pour l’accessibilité. Ce jeudi 18 décembre, l’entreprise américaine Blue Origin doit emmener dans l’espace Michaela Benthaus, qui deviendra alors la toute première personne en fauteuil roulant à quitter la Terre. C’est la mission NS-37, qui partira du Texas.

Ingénieure de l’Agence spatiale européenne (ESA), de nationalité allemande, Michaela « Michi » Benthaus est devenue paraplégique à la suite d’un accident de VTT en 2018. Depuis, il lui est impossible de se servir de ses jambes. Un handicap qui, a priori, la disqualifiait pour toute prétention d’accès à l’espace, même en tant que touriste.

Historiquement, les critères physiques pour espérer devenir astronaute — qui sont hérités de l’ère militaire et des programmes de la NASA, dans un contexte de course à l’espace avec l’URSS — étaient draconiens. Il fallait des personnes pleinement valides, et des hommes. Mais ces exigences ont petit à petit volé en éclats, au fil des décennies.

Michaela Benthaus
Michaela Benthaus. // Source : Blue Origin

Une première dans l’histoire

Le vol que doit exécuter Michaela Benthaus est inédit. Ce n’est cependant pas le premier profil atypique à s’écarter des anciens standards de sélection.

En 2021, la mission Inspiration4 de SpaceX avait fait une place à Hayley Arceneaux, une survivante d’un cancer des os et portant une prothèse interne à la jambe. Accessoirement, elle devenait aussi la plus jeune Américaine (29 ans à l’époque) à aller dans l’espace. Elle et ses trois camarades étaient restés trois jours en orbite.

Un an plus tard, l’ESA sélectionnait le Britannique John McFall, amputé d’une jambe à 19 ans après un accident de moto, comme premier « para-astronaute ». L’intéressé, malgré une médaille de bronze aux Jeux de Pékin en 2008 aux 100 mètres et un doctorat en médecine, n’a cependant pas encore eu l’occasion d’embarquer dans une mission spatiale.

Cependant, on n’avait encore jamais vu d’astronaute en fauteuil roulant — Hayley Arceneaux et John McFall sont en mesure de marcher. Le vol NS-37 de Blue Origin constitue donc bien un palier supplémentaire, technologique et symbolique : un handicap lourd peut être surmonté, et l’accès à la capsule et la sécurité du vol peuvent s’accommoder d’une paraplégie.

Michaela Benthaus
Michaela Benthaus. // Source : Blue Origin

Un vol suborbital de quelques minutes

Si le vol fera date, cela reste une mission suborbitale. La fusée utilisée, une New Shepard, fera un simple « saut de puce » de quelques minutes, juste le temps de grimper dans l’atmosphère, franchir la ligne de Kármán (qui est la frontière à 100 km qui délimite arbitrairement le début de l’espace), offrir quelques instants en impesanteur, avant de redescendre.

Michaela Benthaus n’aura rien de particulier à faire, sinon de profiter de ces instants de flottement où les contraintes de la mobilité terrestre s’effaceront temporairement — l’occasion de quitter un moment son fauteuil roulant. La capsule est entièrement automatisée, il n’y aura aucune action à faire pour elle comme pour les cinq autres passagers.

L’étape suivante, sans doute, serait d’avoir un para-astronaute à bord de la Station spatiale internationale, à condition que la personne choisie soit en mesure de passer tous les critères de sélection. La marche est haute vu les procédures complexes à maîtriser et les exigences en matière de forme physique et d’autonomie.

Le décollage est prévu aujourd’hui à 17h00 (heure de Paris).

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