Le droit d’auteur naît-il d’un besoin des artistes ou d’une pression des Etats ? De l’autre côté du globe, en Indonésie, l’exemple des batiks montre qu’il est difficile de résister à la pression des gouvernements qui voient dans la protection des savoir-faire une arme de concurrence économique.


(CC – ~MVI~)

Ca paraît invraisemblable dans nos sociétés occidentales où le moindre créateur professionnel se demande avant-même de créer comment protéger son œuvre pour éviter de se la faire voler, et en tirer un maximum de profits. En Indonésie, des confectionneurs de batik rejettent au contraire toute idée de protection de « leurs droits d’auteur » en jugeant qu’elle est contraire à leurs convictions religieuses.

Selon Wikipedia, « le batik est une technique d’impression des étoffes » dont les origines remontent à plus de mille ans, qui est « art de patience et de minutie« . « Le principe du procédé consiste à dessiner sur le tissu un motif final à reproduire, à enduire tout le tissu avec de la cire, à ôter la cire aux emplacements d’une première couleur, à appliquer cette couleur« , et à « recommencer les opérations successivement pour chacune des autres couleurs« .

« Au final, on obtient un tissu où se mêlent différents tons et contrastes juxtaposés ou superposés, formant toutes sortes de motifs« , indique l’encyclopédie collaborative.

Mais les artistes qui pratiquent le batik ne veulent cependant pas toujours associer leur nom aux motifs qu’ils créent. Au grand désarroi des autorités locales, qui voudraient que les artistes affirment leur monopole pour éviter que leurs motifs soient reproduits et exploités sans autorisation (et donc sans impôt local) à l’étranger.

Le maire de la ville de Solo, dans l’île de Java, s’est en ému ce mois-ci. Le batik est l’une des principales activités de la ville, et il souhaiterait que les artistes enregistrent leurs motifs dans un répertoire de la propriété intellectuelle administré par le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme. Mais il est confronté aux convictions religieuses des artistes.

« Ils pensent que chaque fois qu’ils créent quelque chose, ça n’est pas eux qui ont travaillé, mais Dieu qui a travaillé à travers leur corps humain et leur esprit« , a expliqué au Jakarta Globe le responsable d’un groupe touristique spécialisé dans le batik, à Java. « Etre reconnaissant (envers Dieu) est suffisant pour eux« , indique-t-il.

Selon les autorités, l’ancienne ville de royale de Solo compterait au moins 500 motifs uniques que l’on ne trouve pas ailleurs. Le pays aurait voulu les référencer pour qu’ils ne puissent pas être reproduits dans d’autres régions de l’Indonésie. Mais ils n’ont réussi à en indexer qu’une dizaine, face au refus des artisans d’associer leur nom à leur création.

Ils s’inquiètent désormais que la Malaisie aille beaucoup plus vite qu’eux à enregistrer les motifs, et interdisent aux artistes de Solo de reproduire les motifs qu’ils avaient pourtant inventé…

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