Les États-Unis utilisent des petits avions de tourisme pour capter les communications téléphoniques en imitant le signal des antennes relais. Ce dispositif sert en priorité à suivre à la trace des suspects, mais les données des autres usagers ne sont pas épargnées.

En matière de renseignement, les États-Unis disposent de très nombreux atouts pour collecter des informations. Les révélations d'Edward Snowden à la mi-2013 ont par exemple mis en lumière les capacités exceptionnelles de la NSA pour surveiller les télécommunications, profitant en particulier du fait que les services les plus fréquentés sur la toile sont tenus par des sociétés américaines.

Cette semaine, le Wall Street Journal a dévoilé une autre méthode employée par Washington pour aspirer des données. Selon une source anonyme citée par le quotidien, des petits avions sont régulièrement déployés dans le ciel américain pour capter les données téléphoniques des mobiles situés à portée. En fonction des zones survolées, ce sont des milliers de terminaux qui sont parfois ciblés.

Concrètement, ces aéronefs (il s'agit d'avions du constructeur Cessna, dont la présence dans le ciel n'est pas inhabituelle dans la mesure où ils sont utilisés par les pilotes amateurs) sont équipés de boîtiers, appelés "dirtboxes", qui sont capables d'imiter les signaux émis par les antennes relais. Ces interceptions reposent sur la technique du "IMSI-catcher", qui n'est pas tout à fait une nouveauté.

Celle-ci a par exemple été mise en œuvre au Royaume-Uni par la police pour surveiller les communications mobiles des Londoniens suite aux émeutes qui ont secoué la capitale en 2011. Une enquête menée par le Guardian a ainsi affirmé que les forces de l'ordre ont caché ces boitiers dans de fausses valises pour collecter des données et, si nécessaire, faire échouer certains échanges.

Le dispositif aurait été lancé à l'origine pour pister les communications d'un suspect. Relativement précis avec une capacité de géolocalisation de moins de trois mètres, y compris dans les bâtiments, il a toutefois une zone d'action très large. De fait, il récupère aussi les signaux provenant des mobiles des autres Américains situés à proximité, même si le processus cible au final un mobile en particulier.

Sollicité par le journal, le département de la justice américain a affirmé que toutes les mesures employées par son personnel s'inscrivent dans le cadre de la loi. Cependant, l'affaire tombe mal pour Washington, qui s'efforce de convaincre la population du bien-fondé de la surveillance pour contrer toutes sortes de crimes et délits et combattre le terrorisme, tout en nuançant la portée de certains programmes.

( photo : CC BY-SA Bob Adams )


Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.