Benoît Hamon compte lutter contre l'obsolescence programmée dans l'industrie high-tech, qui renouvelle trop rapidement certaines gammes de pièces et de produits. Il compte en particulier consulter le Conseil national de la consommation sur ce sujet. Mais sa marge de manœuvre pour agir est bien mince.

Dans le domaine informatique, les matériels se renouvellent très vite. Les constructeurs commercialisent en effet régulièrement de nouveaux produits, allant des composants électroniques aux périphériques d'entrée et de sortie. Ce remplacement régulier des appareils et des pièces concerne aussi les dispositifs mobiles comme les smartphones et les tablettes tactiles.

Acquérir un bien plus récent pour en remplacer un autre devenu obsolète n'a évidemment pas que des aspects négatifs. En schématisant grossièrement, les achats d'un nouvel appareil permettent de financer les activités de l'entreprise, notamment en matière de recherche et de développement. Ces entrées d'argent participent au financement de l'innovation, celle-ci se répercutant ensuite sur la prochaine génération de produit.

Mais quid lorsque le renouvellement est trop soutenu, au point d'apparaître anormal ? C'est la critique en filigrane d'associations écologistes, qui jugent que le processus de remplacement des produits n'a plus rien de "naturel" dans certaines entreprises. Celui-ci serait déterminé en amont par l'entreprise, pour satisfaire un agenda économique précis. Et tant pis pour la planète ou les finances des clients.

La critique récente formulée par les Amis de la Terre à l'encontre de l'iPhone 5 n'est ainsi pas passée inaperçue. Au même moment, Benoît Hamon était interrogé par le magazine 60 Millions de consommateurs. Le ministre délégué à l'économie sociale et solidaire et à la consommation développe alors un propos résolument hostile à l'obsolescence programmée qui serait menée par certaines firmes.

"L’obsolescence des appareils est quasiment pensée au départ par les opérateurs pour favoriser le renouvellement. Or, acheter un appareil qui est destiné à être totalement démodé un an plus tard pose d’autant plus question lorsque le constructeur a lui-même organisé cette obsolescence. Cela constitue un sujet de travail et de préoccupation", explique-t-il.

Que compte faire le ministre dont l'intitulé du ministère est on ne peut plus clair ? Pour l'instant, pas grand chose. Benoît Hamon veut pour l'instant consulter le Conseil national de la consommation et déterminer les moyens pour "lutter contre cette obsolescence programmée dans le domaine du numérique". Une lutte qui passera par une mise en garde. De qui ? Des consommateurs ? Des firmes ? Il ne le précise pas.

Reste à savoir comment Benoît Hamon va pouvoir mettre le holà à la stratégie commerciale des Apple, Samsung et autres fabricants de téléphones mobiles. Une chose est sûre, la notion d'obsolescence programmée est débattue et ne convainc pas tout le monde. Elle ne recouvre d'ailleurs pas tout à fait les mêmes notions, en témoigne l'interview du ministre.

Benoît Hamon parle en effet d'une obsolescence provoquée par l'arrivée d'un bien plus récent qui ringardise l'ancien et pousse le consommateur à faire un achat dont il pourrait, a priori, se passer. La notion généralement admise de ce concept, et abordée d'ailleurs dans le documentaire très médiatisé d'Arte, Prêt à jeter, est que l'obsolescence est programmée directement dans les appareils.

Une éventualité que rejette l'économiste Alexandre Delaigue, qui considère que cette notion est un mythe et que le documentaire est "hilarant de bêtise" et "nauséabond de complotisme". Dans un long développement sur son blog, il explique que le seul cas connu pouvant s'en rapprocher est une imprimante intégrant un système ralentissant la machine au bout d'un certain nombre d'impressions).

Pour Alexandre Dalaigue, comme pour d'autres d'ailleurs, l'obsolescence programmée est techniquement impossible à mettre en place, notamment parce que les usages des produits varient selon les individus. Une machine à laver peut être utilisée une fois par semaine comme tous les jours. L'usure des pièces n'est alors pas la même et la vitesse de dégradation du matériel varie alors.

Ensuite parce que les industriels doivent trouver le juste milieu entre la longévité d'un produit et son coût de fabrication. Coût qui se répercutera ensuite sur le prix de vente final. Or, si rallonger la longévité d'un produit est possible, cela se fait au détriment d'autres qualités qui sont tout autant réclamées par les consommateurs : esthétisme, coût, poids, taille…

( photo : CC BY-SA Joolz )

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