Une démonstration renforcée par un contexte.
Le nombre de satellites en orbite autour de la Terre a été multiplié par 12 en 20 ans, selon l’Agence spatiale européenne (ESA), passant de 1 000 en 2005 à 12 000 aujourd’hui.
Une augmentation vertigineuse qui s’explique bien sûr par la course à l’espace, mais également par le regain des tensions géopolitiques. Et si l’essentiel de cette flotte appartient à SpaceX (Starlink), les plateformes militaires aussi se multiplient, nourries par les tensions internationales et le coût décroissant du lancement et de la fabrication. Y compris du côté de la France.

C’est précisément sur ce risque accru que Milenko Starcik et Andrzej Olchawa, deux chercheurs de l’entreprise allemande VisionSpace Technologies, se sont appuyés pour alerter le public réuni lors de leur conférence au Black Hat 2025. Leur objectif : démontrer à quel point il est aujourd’hui facile d’exploiter les vulnérabilités des logiciels utilisés à la fois dans les satellites et dans les stations terrestres chargées de les contrôler.


« Je travaillais à l’Agence spatiale européenne sur le service informatique de la station terrestre, et j’en avais assez de devoir indiquer ce qui n’allait pas, sans jamais avoir la possibilité de le corriger », explique Andrzej Olchawa, l’un des deux chercheurs, à nos confrères de The Register.
Un florilège de failles dans les logiciels embarqués
Pour étayer leur démonstration, Milenko Starcik et Andrzej Olchawa ont analysé plusieurs logiciels stratégiques du secteur spatial et recensé leurs vulnérabilités les plus préoccupantes.
Ils ont d’abord exposé cinq failles majeures dans Yamcs, un logiciel essentiel au pilotage des satellites utilisé notamment par la NASA et Airbus, permettant à un attaquant de prendre le contrôle de l’application, voire du satellite lui-même.
Ils ont ensuite révélé sept vulnérabilités dans OpenC3 Cosmos, un outil de commande des stations au sol, dont certaines ouvrent la voie à des attaques à distance.
Une version du logiciel embarqué Core Flight System (cFS) de la NASAn’a pas été épargnée : quatre vulnérabilités critiques y ont été détectées, dont une exécution de code et un problème de chemin transversal, qui peuvent entraîner une prise de contrôle ou le plantage du logiciel embarqué.
Enfin, leur audit de CryptoLib, une bibliothèque de chiffrement très utilisée dans le secteur spatial, a mis en évidence jusqu’à sept failles selon la version, dont deux jugées particulièrement inquiétantes.
Une course à l’espace qui accroît forcément les risques
Toutes ces failles ont depuis été corrigées et ne sont plus exploitables. Par ailleurs, il convient de garder en tête la dimension « marketing » de cette démonstration, faite pour frapper les esprits : VisionSpace, la société des deux chercheurs, propose justement des services de cybersécurité pour les acteurs du secteur spatial.

Néanmoins, cette présentation a le mérite de rappeler que même les appareils les plus stratégiques ne sont pas à l’abri d’une cyberattaque. Il suffit parfois de techniques bien plus simples qu’on ne l’imagine pour prendre le contrôle d’un satellite, comme l’explique Milenko Starcik : « Nous avons découvert des vulnérabilités réelles qui permettaient de faire planter l’ensemble du logiciel embarqué avec un simple appel téléphonique non authentifié. »
Le sujet est brûlant, alors que la course à l’armement spatial occupe une place centrale dans les stratégies de défense françaises et américaines. Les projets militaires, qu’ils soient spatiaux ou aériens, font d’ailleurs de plus en plus appel au numérique.
Faut-il alors miser sur le hacking ou sur la force pour s’imposer dans l’espace et dans l’air ? En attendant une réponse tranchée, quatre pays ont d’ores et déjà testé des missiles antisatellites, les États-Unis, la Chine, la Russie et l’Inde.
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