Amazon attaque deux sociétés accusées de faire un business d’avis falsifiés sur sa plateforme. Le stratagème mis en cause va jusqu’à impliquer l’envoi de boîtes vides auprès d’internautes complices.

Décidément, rien n’y fait. Amazon a beau enchaîner les actions en justice et bannir les entreprises et les internautes pris en faute, les faux avis continuent de se répandre sur la plateforme. La preuve : l’entreprise américaine vient encore une fois de déposer plainte aux États-Unis contre deux sociétés qui sont accusées de faire du trafic de commentaires dans le e-commerce.

L’assaut judiciaire est mené contre AppSally et Rebatest, rapporte CNBC dans son édition du 22 février 2022. Déposée le même jour, la plainte reproche à ces deux groupes d’avoir élaboré un échafaudage qui permet de rapprocher des vendeurs, désirant relever leur notation sur le site du géant du commerce en ligne avec des internautes prêts à monnayer leur avis contre un cadeau.

De vrais colis avec des boîtes vides

Le procédé qui a été mis en place pour gruger Amazon s’avère redoutable : tout un circuit d’envoi de boîtes vides a été créé, sans aucun produit à l’intérieur. Ces colis étaient expédiés par les entreprises faisant appel à AppSally et Rebatest, et elles fournissaient par ailleurs aux internautes complices diverses photographies du produit tenu en main.

Cette double manœuvre vise à enjamber le système de vérification d’Amazon, qui n’autorise la publication d’un avis et d’une note que si un colis a bien été envoyé au client. Et celui-ci, pour donner du poids à son commentaire, peut publier ces faux clichés en guise de preuve d’achat. Ces avis livrés avec des photos donnant l’illusion que le produit est utilisé sont hautement trompeurs.

Et bien sûr, les opinions laissées par ces internautes sont toujours favorables. En guise de récompense, les volontaires peuvent recevoir des produits gratuits ou des cartes-cadeaux. Le réseau employé par AppSally et Rebatest est, selon la plainte, très vaste : il est question d’un réservoir de 900 000 personnes prêtes à rédiger des commentaires truqués.

Amazon manque de personnes à embaucher // Source : Flickr/CC/Watchcaddy (photo recadrée)
Certains stratagèmes pour gruger Amazon s’avèrent élaborés. // Source : Watchcaddy

Un réseau vaste, donc, qui par ailleurs peut être mobilisé pour d’autres plateformes : CNBC évoque entre autres eBay, Etsy ou encore Walmart, une immense chaîne de supermarchés aux États-Unis. Quant aux faux achats de boîtes vides, il est indiqué que les sommes versées par les participants aux programmes sont ensuite rendues par virement PayPal, en tout cas pour Rebatest.

L’action en justice témoigne d’une cruelle réalité pour Amazon : la plateforme se débat toujours avec les faux avis, un problème qui dure depuis des années. En 2015 et 2016 par exemple, des plaintes identiques avaient été lancées. Des années plus tard, le service en est toujours au même stade : la recette magique pour en finir n’a pas été trouvée.

La bataille autour des commentaires témoigne de leur rôle stratégique. On sait que les avis laissés par d’autres internautes jouent un rôle important dans l’acte d’achat. Une étude conduite par le Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (Cefrio) montrait que deux personnes sur trois lisent et prennent en compte l’opinion des autres acheteurs.

C’est aussi une question d’image de marque et économique pour Amazon, car une prolifération excessive d’avis falsifiés pourrait agir comme un repoussoir. La sincérité des opinions est capitale, qu’elle soit bonne ou mauvaise. C’est ce qui explique la détermination d’Amazon sur ce terrain, en ajustant ses règles, en bannissant des sociétés et en allant en justice.


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