Si vous en aviez la possibilité, accepteriez-vous de passer par Facebook Messenger pour consulter le solde de votre compte courant, vérifier les transactions financières récentes et interagir avec votre conseiller bancaire ? Le réseau social semble creuser dans cette direction : selon une information du Wall Street Journal, des contacts ont été noués avec de grandes bancaires américaines.
Aux dernières nouvelles, ces discussions n’auraient pas débouché sur quoi que ce soit de concret : la source du journal a indiqué que, plusieurs mois se sont écoulés depuis cette prise de contact sans que les établissements en question ( Chase, la banque de détail de JPMorgan, Citi (Citigroup), US Bancorp et Wells Fargo) donnent une suite particulière à cette proposition.
Il semble en outre que le périmètre des négociations entre le site communautaire et ces poids lourds de la finance se limite au marché nord-américain : en effet, pas un groupe européen — et a fortiori français — n’est cité. Cela ne signifie pas que Facebook n’a pas d’ambition à l’internationale dans ce domaine, mais que pour le moment, ce projet, qui est encore en gestation, se limite aux USA.
Chatbots de Messenger
Mais pourquoi rechercher un tel partage de données sensibles ? D’après une porte-parole du réseau social citée par TechCrunch, il s’agit simplement de fournir de nouveaux services à sa communauté, en leur permettant de contacter des chatbots spéciaux via l’outil de messagerie instantanée. À l’entendre, Facebook ne se servirait en aucune façon de ces informations à son avantage.
« L’idée est que la messagerie instantanée avec une banque peut être meilleure que d’attendre en attente au téléphone – et c’est complètement volontaire [opt-in, ndlr]. Nous n’utilisons pas ces informations au-delà de ces types d’expériences — pour la publicité ou quoi que ce soit d’autre. Une partie essentielle de ces partenariats est de garder l’information des gens en sécurité », explique-t-elle.
À la place, il était plutôt question que Facebook se rémunère à travers la publicité faite par les banque sur sa plateforme. Les établissements auraient pu, selon le Wall Street Journal, mettre en avant certaines de leurs offres sur le service, dont la messagerie revendique à elle seule une communauté forte de 1,3 milliard de membres. Mais les banques n’ont pas donné suite pour l’instant, Chase ayant même mis aux discussions.
Parfum de polémique
Le fait est que Facebook s’intéresse depuis un certain nombre d’années au monde de la finance. En 2011, PayPal a permis l’échange d’argent entre amis sur le réseau social (et aujourd’hui, les deux entreprises sont partenaires dans plus de 40 pays pour permettre aux utilisateurs d’obtenir les reçus de leurs achats sur Messenger). Fin 2017, le site a activé en France l’envoi d’argent entre particuliers via la messagerie.
Il n’en demeure pas moins que l’information de la presse anglo-saxonne a de quoi alarmer, et cela même s’il n’est question ici que d’un projet encore incertain et non pas d’un service déjà en place, déployé dans le monde entier et activé par défaut. Elle a en tout cas déjà fait couler beaucoup d’encre, signe que les initiatives de Facebook, dès qu’il s’agit de données privées, suscitent toujours une vive inquiétude.
En effet, l’image de marque de Facebook a en effet été fortement ternie en début d’année, lorsque scandale de Cambridge Analytica a éclaté : l’entreprise britannique est accusée d’avoir aspiré de vastes données personnelles à des fins politiques, et sans le consentement des personnes. Ces renseignements ont ensuite été exploités et Facebook a été accusé de n’avoir rien fait pour empêcher cela.
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