Avant la télé, la musique était, elle aussi, bouleversée par le streaming. Mais les Français ont-ils tous succombé à ce nouvel usage ? Nous leur avons posé la question.

Dans Boulevard du stream, Sophian Fanen revenait sur l’histoire du streaming musical. Il racontait comment ce système à la fois révolutionnaire pour une industrie vieillissante et évident pour le consommateur avait réussi à s’imposer malgré les doutes des acteurs. Il terminait en parlant de l’avenir de ce bouleversement technologique qui offrait, enfin, de beaux jours à l’industrie musicale.

Après une année 2016 particulièrement chargée en changements sur ce marché — que ce soit la période des exclusivités ou le renforcement de la place d’Apple — 2017 aura également marqué une étape dans la maturité de ce marché.

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Certains y ont perdu des billes, Tidal ou encore Soundcloud ; la concurrence s’est concentrée entre Spotify et Apple et de nouveaux abonnés ont renfloué les caisses des maisons de disques ; en France, Deezer fêtait son 10e anniversaire.

Mais les Français ont-ils suivi ce mouvement d’ensemble ? Alors que les jeunes rappeurs trustent les classements, les plus âgés des mélomanes ont-ils réalisé la transition vers le streaming ? Quel avenir les usagers imaginent pour ce marché ?

C’est encore grâce à une collaboration entre Google Survey et Numerama que nous avons pu compiler les réponses de 6 000 Françaises et Français, dont 750 abonnés à des services payants (méthodologie).

Comment les Français écoutent-ils de la musique ?

Pour commencer, 38 % des Français déclarent ne pas connaître les services de streaming audio comme Deezer, Spotify ou encore Apple Music. Ils sont seulement 33 % à déclarer avoir connaissance de cette offre.

Comme pour la télévision délinéarisée, la connaissance des services en streaming est très sensible à l’âge des consommateurs : 48 % des 18-24 affirment connaître le streaming audio, quand 40 % des 55-64 déclarent ne pas connaître les plateformes. Les 35-44 ans, génération charnière, sont autant à connaître les plateformes qu’à affirmer l’inverse.

38 % des Français déclarent ne pas connaître les services de streaming audio

Et en effet, selon nos résultats sur 6 000 personnes, les Français écouteraient d’abord la musique grâce à la radio (35 %), puis sur YouTube (23 %), ensuite grâce à des supports physiques (12 %), puis enfin sur du streaming sans abonnement (11 %), et avec abonnement (8 %). La place de la radio en tête de ce classement est particulièrement surprenante et se retrouve sur nos différentes classes d’âge. Elle témoigne en outre d’un attachement à une écoute passive de la musique, peu compatible avec le mode de consommation du streaming.

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Ainsi, si les 18-34 préfèrent YouTube (31 %), ils n’oublient pas le transistor (27 %). Toutefois, ils sont quand même 17 % à utiliser un service de streaming sans abonnement, et 13 % à payer pour ce service. Leur choix le moins évident est sans surprise les supports physiques (8 %).

Les supports physiques ne reprennent de l’importance que pour les 35-54, qui sont 13 % à les utiliser comme moyen principal pour écouter de la musique. Bien qu’ils préfèrent largement la radio (34 %) et même YouTube (23 %). Le streaming n’intervient qu’après avec 10 % d’usages gratuits, et 8 % d’utilisateurs abonnés.

Ce que les abonnés veulent sur les services

Les résultats suivants sont extraits d’un plus petit panel de sondés : seuls ceux qui se déclarent abonnés aux services payants ont répondu à ces questions. 

Alors que l’intelligence artificielle a fait son arrivée sur une grande majorité de services de streaming pour recommander et créer des playlists automatiquement, les Français continuent de lui préférer des playlists créées par eux-mêmes ou leurs amis : 28 % des répondants en font leur façon préférée d’écouter de la musique en streaming. Seulement 15 % des Français écouteraient des radios et playlists automatiques.

Il reste toutefois 13 % d’utilisateurs qui continuent d’écouter la musique sous la forme d’albums, soit tel que les artistes l’ont voulu. Un format qui ne perd finalement pas tant d’importance même si 14 % des utilisateurs du streaming préfèrent le mode aléatoire.

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CC Umberto Cofini

Les abonnés aux services de streaming sont aussi des curieux qui apprécient découvrir de nouveaux titres et artistes en ligne. Ils pensent d’ailleurs majoritairement (72 %) avoir élargi leurs goûts musicaux grâce aux plateformes, contre seulement 17 % qui déclarent ne pas avoir ouvert leurs oreilles à de nouveaux genres. Ce sont les utilisateurs de 25-34 ans,  qui sont les plus sensibles aux découvertes : 75 % d’entre eux ont ainsi élargi leurs goûts musicaux. Les plus jeunes et les plus âgés, même si majoritairement d’accord, se montrent moins convaincus : les 18-24 ans sont 65 % à être d’accord avec cette affirmation, et 63 % des 55-64 ans.

48 % des abonnés accordent extrêmement d’importance à la qualité sonore de la musique

Plus que curieux, les abonnés sont aussi intéressés par la qualité sonore de la musique : ils sont 48 % à lui accorder énormément d’importance, contre 5 % à lui en donner aucune. Ce sont les plus jeunes (18-24) qui sont les plus tatillons avec 57 % d’entre eux considérant la qualité des fichiers distribuée comme extrêmement importante, suivis par les 45-54 (55 %).

Sonos Play:1 // Source : Sonos

Sonos Play:1

Source : Sonos

Ces consommateurs sont également tournés vers les technologies sans-fil de dernière génération de type WiFi et non seulement Bluetooth : ils sont 48 % à utiliser un tel système type Sonos, Spotify Connect ou encore Cast/AirPlay. Ceux qui préfèrent cette technologie sont les tranches d’âge que l’on considère les plus mieux dotées financièrement : les 35-54 qui ont adopté la technologie à 58 %.

Enfin, face à un streaming en mutation et dont les acteurs cherchent encore la recette miracle, nous avons essayé d’identifier quels usages pourraient pousser les Français à s’abonner à un autre service, ou tout simplement à s’abonner.

15 % des Français veulent un partage des revenus plus équitable

De manière surprenante, bien que le marché ne semble pas donner l’avantage aux services disposant d’une meilleure qualité sonore, pour 30 % des sondés, ce serait l’argument le plus important. 

Mais les Français sont également concernés par le sort réservé aux professionnels de la musique : ils sont 15 % à vouloir un partage des revenus plus équitable entre les plateformes et les artistes. Enfin, 15 % considèrent également que les possibilités offertes par l’intelligence artificielle en matière de musique pourraient les amener à changer ou s’abonner à un service.

Ils sont enfin pas si nombreux à attendre que les plateformes fassent davantage que de la musique : seuls 8 % feraient des podcasts un argument de choix, et 13 % pourraient se laisser séduire par des vidéos musicales. Enfin, les contenus éditoriaux ne sont pas non plus très demandés par les utilisateurs qui sont 9 % à penser que cela pourrait les faire changer de plateforme.


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