Le président du CSA juge urgent de réformer la contribution à l’audiovisuel public. Il rejette l’idée d’un retour de la publicité sur les chaînes publiques après 20 heures.

Que faut-il faire de la contribution à l’audiovisuel public ? Faut-il ne pas y toucher et faire revenir la publicité sur France Télévisions après 20 heures ? Doit-on plutôt augmenter encore le montant que paient chaque année les foyers équipés d’un téléviseur dans la résidence principale ? Ou bien est-il temps de l’actualiser afin que son assiette couvre d’autres écrans que le téléviseur ?

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Olivier Schrameck.
CC ComCSA

À ces questions, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel demeure très flou sur les réponses à donner. L’intéressé a juste estimé dans une interview accordée au Monde « l’urgence » de remettre à plat ce dispositif qui sert à financer les sociétés de l’audiovisuel public (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, Arte et l’institut national de l’audiovisuel) .

« Il y a depuis longtemps urgence à réformer la redevance. La difficulté vient du fait que deux visions se contredisent. Pour certains, il faut étendre la contribution à l’audiovisuel public à d’autres écrans que le téléviseur. Pour d’autres, il faut la généraliser à chaque individu », observe Olivier Schrameck. Or, certains projets de l’exécutif pourraient influer sur la réforme retenue.

« Les projets du gouvernement de large exonération de la taxe d’habitation pèsent lourd en mettant en cause les rapports entre la contribution à l’audiovisuel public et la taxe d’habitation. Cela ramène le balancier vers une position à l’allemande, qui assume une contribution élevée, payée par tous de façon individualisée », note-t-il. En clair, ce serait en quelques sorte une taxe sur tous les foyers.

Pas de retour de la pub après 20h

Une chose est sûre : des trois solutions, le président du CSA ne veut pas entendre parler de celle consistant à remettre de la publicité sur les chaînes du service public après 20 heures. « Nous ne sommes pas favorables au retour de la publicité après 20 heures. Le service public doit cultiver sa spécificité et jouer pleinement son rôle d’éducation et de cohésion sociale, au bénéfice des téléspectateurs », dit-il.

Le gouvernement précédent a fait le choix d’augmenter progressivement le montant annuel de la contribution à l’audiovisuel public plutôt que de suivre la piste consistant à étendre la portée de la taxe aux autres écrans. (donc aux ordinateurs, aux smartphones et aux tablettes, pour faire court). Pourtant, des voix s’élèvent pour privilégier cette voie : c’est le cas de Benoît Hamon ou du patron de Radio France.

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CC Negative Space

L’évolution des usages plaide aussi en ce sens, au regard du succès rencontré par un service comme Molotov, notamment chez les jeunes, mais aussi par la hausse du nombre de foyers se passant de téléviseur. Selon Médiamétrie, ils seraient en effet un million à se passer du petit écran. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne regardent pas la télévision ; ils y accèdent peut-être autrement.

Reste qu’une redevance sur tous les écrans risque de ne pas fondamentalement changer la donne : le syndicat national de la publicité télévisée évaluait en 2023 à 98,3 % le nombre de foyers possédant au moins un téléviseur. Même en prenant en compte ce 1,7 % qui se passe de TV, le budget alloué à France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, Arte et l’INA subira toujours une forte contrainte.


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