Moins de deux ans après sa nomination à la tête de la fondation Wikimedia, Lila Tretikov jette l’éponge. Son incapacité à diriger une telle structure se trouve au centre de son départ.

Les polémiques récentes autour de la fondation Wikimedia ont fini par conduire Lila Tretikov à la démission. La directrice exécutive vient en effet d’annoncer son départ, moins de deux ans après son arrivée. Elle poursuivra ses missions jusqu’au 31 mars 2016, le temps que la transition à la tête de la structure qui chapeaute l’encyclopédie Wikipédia et les projets frères s’opère.

Lila Tretikov

Lila Tretikov
CC Lane Hartwell

Annoncée à la tête de la fondation le 1er mai 2014 pour succéder à Sue Gardner, qui est restée sept ans à ce poste, Lila Tretikov s’est révélée assez vite inapte à mener une telle organisation. C’est ce que pointe Rémi Mathis, l’ancien président de l’association Wikimédia France entre 2011 et 2014, sur Twitter.

« De très gros problèmes de stratégie et de management, depuis son arrivée. Prise en charge mauvaise du problème par le conseil d’administration », écrit-il.

Deux affaires en particulier, survenues ces derniers mois, illustrent les difficultés qu’a eues Lila Tretikov à diriger la fondation.

Il y a d’abrd eu la nomination très critiquée au conseil d’administration, le 7 janvier, d’Arnnon Geshuri, l’ex-responsable des ressources humaines chez Tesla Motors et Google. Or, l’intéressé était au cœur d’un scandale visant à limiter la flambée des salaires chez les ingénieurs de la Silicon Valley, avec notamment des accords secrets devant empêcher le débauchage chez la concurrence.

La polémique ne retombant pas,  les contributeurs de Wikipédia ont fini par obtenir la démission d’Arnnon Geshuri lors d’un vote communautaire sans réel suspense : 292 votes ont demandé son départ, contre à peine 22 en sa faveur. Pour ne rien arranger, le conseil d’administration est resté longtemps silencieux sur cette affaire, laissant transparaître une certaine inconséquence, doublée d’une gêne manifeste.

Mais il y a également eu l’affaire du don de la Knight Foundation (250 000 dollars). Or, le conseil d’administration a longtemps entretenu un certain flou artistique sur les tenants et les aboutissants de ce montant. La publication d’une lettre, indiquant que cette somme doit servir à construire un « moteur de connaissance », longtemps après le versement, a par ailleurs jeté un voile trouble sur les intentions de la fondation.

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Wikipédia.

Il s’est posé la question de savoir si la fondation Wikimédia tenait à concurrencer Google sur le terrain de la recherche en ligne ou s’il comptait créer une sorte de Wolfram|Alpha. Il n’en est rien, selon la direction, qui s’est résolu à communiquer face au mécontentement croissant de sa communauté. Il ne s’agit que d’un projet de recherche visant à améliorer l’existant.

Ces deux affaires sont symptomatiques du certain flottement dont la fondation Wikimédia a fait preuve sur des dossiers pourtant épineux, sinon sensibles. Le mutisme parfois affiché par la tête de la fondation, alors que la gestion des projets dont elle a la charge repose essentiellement sur la discussion et le souci du consensus, a clairement pesé.

Le remplaçant (ou la remplaçante) de Lila Tretikov reste à annoncer.


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