Comme chaque année, les autorités américaines établissent une liste des plates-formes de téléchargement les plus problématiques. Sont cités pour 2012 des hébergeurs spécialisés comme RapidGator et Putlocker, des portails de liens BitTorrent comme The Pirate Bay et IsoHunt et des trackers, en particulier Rutracker.

L'année 2012 laissera sans aucun doute un mauvais souvenir aux adeptes du téléchargement. Tout au long de l'année, plusieurs plates-formes spécialisées dans l'hébergement de fichiers, dans l'indexation de liens P2P ou proposant un tracker BitTorrent ont en effet baissé le rideau, sous la pression conjointe des autorités américaines et de l'industrie du divertissement.

C'est le cas de MegaUpload, neutralisé en début d'année dans le cadre d'une vaste opération de police, de BTJunkie, qui a préféré mettre fin au site avant d'être trainé en justice, ou de Demonoid, qui a été fermé cet été. Ces opérations de lutte contre le piratage sont évidemment présentées comme des grands succès pour les gouvernements et les ayants droit. Mais leur portée reste limitée.

Tout d'abord parce que les internautes s'adaptent, en migrant vers de nouvelles plates-formes lorsque leur site préféré ferme et en adaptant leurs pratiques. Ainsi, une hausse de la consommation de bande passante a été constatée dans le domaine du P2P suite à la fermeture de MegaUpload, même si certains réseaux, comme eDonkey, connaissent une baisse du volume de leurs utilisateurs.

Ensuite parce que certains espaces fermés cette année pourraient bien réapparaître. Impossible de ne pas penser au projet Mega, qui est présenté par le fondateur de MegaUpload comme la prochaine version de son hébergeur de fichiers. C'est aussi le cas de Demonoid, dont le site est revenu à plusieurs reprises sur la toile avec différents noms de domaine, avec toutefois quelques difficultés.

Ces tentatives ne sont évidemment pas ignorées par l'industrie du divertissement ni par les autorités américaines, pas plus qu'est ignorée l'existence d'autres sites du même acabit. Preuve en est avec la nouvelle liste noire (.pdf) établie par le représentant américain au commerce (USTR) et qui recense les plates-formes de piratage et la contrefaçon à abattre en priorité.

Moteurs, hébergeurs, trackers

Trois grandes catégories retiennent l'attention :

Les moteurs de recherche indexant des liens BitTorrent. On retrouve l'incontournable The Pirate Bay, dont les auteurs ont été condamnés au pénal, comme le souligne le représentant au commerce. Il y a aussi IsoHunt, condamné aux États-Unis, Kat.ph (anciennement KickAssTorrents) et Torrentz.eu (anciennement Torrentz.com). Ces sites sont parmi les plus visités au monde, selon l'USTR.

Les trackers BitTorrent, chargés de coordonner les transferts. Pour les USA, le site à abattre en priorité est de nationalité russe et s'appelle Rutracker. Zamunda.net et Arenabg.com, supposément basés en Bulgarie, complètent la liste. On remarque que, comme l'an passé, PublicBT et OpenBitTorrent ne sont pas cités par les autorités, alors qu'ils l'étaient auparavant.

Parmi les hébergeurs, trois sites sont visés, à commencer par RapidGator, qui avait déjà eu des soucis avec PayPal cette année. Lui comme Putlocker, également cité dans le document de l'USTR, ont bénéficié de la fin des activités de MegaUpload pour gagner en popularité. Le dernier site dans le collimateur est Ex.ua, un site web basé en Ukraine.

Le représentant au commerce ne s'arrête pas à ces espaces. Sont ciblés de façon plus générale des sites hybrides (mélangeant hébergement de fichiers, tracker BitTorrent et moteur de recherche de liens), comme Xunlei et Gougou, les réseaux sociaux facilitant le piratage comme vKontakte et Zing.Vn et les sites de paiement à l'acte, qui concernent tous les clones de AllofMP3.

Ces sites sont peu connus sous nos latitudes, car ils ciblent des internautes brésiliens, chinois ou provenant des pays d'Europe de l'Est. Certains d'entre eux sont considérés comme  des havres de paix pour la contrefaçon et le piratage. Rien d'étonnant, dès lors que ces pays d'accueil soient placés sur les listes de surveillance du rapport spécial 301, qui contrôle la coopération des États, notamment en matière de protection de la propriété intellectuelle.


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