Le site d’hébergement Hotfile a déposé plainte auprès d’un tribunal de Floride contre le studio américain Warner Bros. Il l’accuse d’avoir abusé d’un outil anti-piratage mis à sa disposition, notamment en supprimant des fichiers dont la société de production ne détenait pas les droits. Hotfile exige réparation pour le préjudice subi et souhaite que la justice oblige Warner Bros à vérifier un par un chaque fichier litigieux.

La contre-attaque judiciaire de Hotfile aura bien lieu. Le site spécialisé dans l’hébergement de fichiers a en effet déposé plainte lundi contre la société de production et de distribution Warner Bros. Hotfile accuse le studio américain d’avoir abusé d’un outil que l’hébergeur avait mis à sa disposition pour retirer les contenus dont il possède les droits. Or selon Hotfile, Warner Bros a aussi supprimé des fichiers ne lui appartenant pas.

Warner au courant des risques selon Hotfile

D’après Hotfile, le studio était au courant des risques de suppressions abusives mais n’en aurait pas tenu compte. L’hébergeur affirme que la major du cinéma a volontairement effacé des fichiers sans en détenir les droits, allant jusqu’à cibler des logiciels libres ou des démos de jeux vidéo. Engagé dans son combat contre le piratage, le studio aurait tout simplement ignoré les mises en garde de Hotfile.

Le studio « a tenu à plusieurs reprises des déclarations erronées et irresponsables à l’attention de Hotfile, en affirmant à tort posséder les droits de fichiers disponibles sur Hotfile. […] Warner Bros a poursuivi ces fausses déclarations, même après que Hotfile ait explicitement signalé ces abus à Warner, ce qui exclut toute possibilité que ces actes injustifiés aient été accidentels ou réalisés à son insu » est-il écrit dans la plainte

Pour l’hébergeur, Warner Bros a tout simplement ratissé trop large sans prendre en considération la nature des fichiers ciblés. Et de prendre un exemple, cité par Torrentfreak, avec le film « The Box ». En cherchant à retirer toutes les copies de ce film, d’autres fichiers ont été touchés. C’est le cas d’un livre dédié aux traitements alternatifs du cancer (Cancer : out of the box) ou d’une production de la BBC (The box that saved Britain). Au total, des centaines de fichiers sont devenus des victimes collatérales de la lutte anti-piratage, selon Hotfile.

Hotfile assure même que le fichier le plus populaire sur son site et qui a été supprimé par Warner Bros était un logiciel gratuit (freeware). Il était, selon l’hébergeur, téléchargé cinq fois plus que tout autre fichier. L’éditeur du logiciel avait utilisé Hotfile comme plate-forme de distribution. « Warner Bros n’était pas autorisé par l’éditeur du programme à supprimer le fichier » poursuit la plainte.

Des liens commerciaux à la place des fichiers supprimés

La société de production aurait-elle eu la main trop lourde ? Ou est-ce le script mis en œuvre par Warner Bros pour repérer automatiquement les contenus illégaux qui était mal conçu ? Pour Hotfile, c’est surtout l’appât du gain qui a poussé le studio à ratisser large. En effet, ce dernier aurait proposé à l’hébergeur un partenariat visant à remplacer les fichiers supprimés par des liens vers des plates-formes légales.

Selon le site d’hébergement, la Warner avait des motivations économiques de supprimer de nombreux fichiers. Au début de l’année 2010, celui-ci a proposé à Hotfile un arrangement destiné à présenter des liens commerciaux aux utilisateurs susceptibles d’acheter un contenu géré par la Warner, en lieu et place des fichiers illicites retirés par le studio de cinéma grâce à l’outil anti-piratage de Hotfile.

« En augmentant le nombre de liens retirés à l’aide du SRA de Hotfile [le nom de l’outil, ndlr], et en exagérant ce nombre, la Warner a amélioré la fréquence à laquelle il pouvait diffuser ses liens commerciaux aux utilisateurs de Hotfile, et cela pour son propre bénéfice » ajoute la plainte.

Hotfile réclame en conséquence des dommages et intérêts pour réparer le préjudice subi lors de la campagne anti-piratage de Warner. Par ailleurs, le site d’hébergement souhaite que la justice oblige le studio américain à vérifier un par un chaque fichier suspecté de constituer une infraction au droit d’auteur avant de procéder à son éventuel retrait. À l’image de ce qui se fait désormais en France.


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