L’association de consommateurs déconseille vivement d’acheter des médicaments sur Internet, après la découverte d’une substance dangereuse dans un anabolisant commercialisé sur des sites étrangers. Ira-t-elle jusqu’à plaider pour un filtrage des sites de vente de produits de santé ?

D’ordinaire opposée au filtrage, l’UFC-Que Choisir fera-t-elle une exception par la voie des ventes de médicaments sur Internet ? L’association de consommateurs a affirmé jeudi qu’on « ne le dira jamais assez : acheter des médicaments sur Internet est dangereux« . « Leur provenance et leur composition sont inconnues, les acheter et les consommer relève de l’inconscience« , estime-t-elle dans un article qui raconte qu’un anabolisant vendu en ligne sans autorisation de mise sur le marché contient une molécule pouvant provoquer des problèmes cardiovasculaires. Il s’agit des Anabol Tablets, vendu sur des sites anglosaxons.

L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et la Direction générale de la santé (DGS) auraient « découvert non pas de la méthandienone, le stéroïde anabolisant qu’il était censé contenir, mais de la sibutramine« , s’offusque à juste titre l’association de consommateurs.

Une simple recherche sur Google montre que de nombreux sites de commerce dédiés aux anabolisants proposent encore le produit, qui ne fait pas semble-t-il l’objet d’interdiction en Grande-Bretagne. Or cette affaire devrait ajouter de l’eau au moulin des pharmacies traditionnelles, qui redoutent l’ouverture du marché des médicaments vendus en ligne, et plaident a minima que seules des marchands homologués aient la possibilité de commercialiser des produits de santé auprès des clients situés en France. Ils rejoignent les buralistes qui demandent aussi à ce que les ventes de cigarettes sur Internet soient bloquées, parce que les cigarettes des buralistes nuisent à la santé, mais selon eux moins que celles que l’on peut acheter sur le net et qui seraient de moindre qualité.

La porte vers ce type de filtrage a été ouverte avec l’ouverture au marché des jeux d’argent en ligne. Les sites qui souhaitent encaisser des paris doivent obligatoirement demander une autorisation à l’ARJEL. Ceux qui n’ont pas l’homologation peuvent être bloqués par les fournisseurs d’accès à Internet, et l’ARJEL peut obtenir de Google qu’il radie les contrevenants de son moteur de recherche. C’était une première, mais il faut parier qu’elle servira de modèle à un grand nombre d’autres activités marchandes.


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