C’est une posture inattendue de la part d’un haut responsable d’un studio de cinéma. Contrairement à la longue litanie récitée par les ayants droits sur la menace du P2P, le directeur technologique de Warner Bros a déclaré lors d’une table ronde qu’à ses yeux, le peer-to-peer n’est qu’une technologie, ni bonne, ni mauvaise. Si elle peut effectivement être détournée, c’est également un excellent moyen de promotion pour des séries TV ou des talk-shows.

Lors d’une récente table ronde, le directeur technologique de Warner Bros, Ethan Applen, a évoqué la mauvaise réputation qui colle à la peau de BitTorrent et du peer-to-peer en général. Selon lui, cette technologie n’est pas le « mauvais gars » de l’histoire que certaines élites hollywoodiennes se plaisent à imaginer. Il est même allé un peu plus loin en considérant ce modèle de réseau informatique comme un moyen avantageux pour transférer des épisodes TV et des saisons entières.

Si l’on devait établir un classement des studios de cinéma les plus actif en matière de lutte anti-piratage, Warner Bros serait sans aucun doute très bien positionné. L’entreprise a en effet dépensé des sommes colossales pour traquer les internautes suspectés de s’échanger illégalement des contenus culturels et a investi beaucoup de temps dans des procès contre des sites spécialisés dans les liens BitTorrent, comme The Pirate Bay.

Dès lors, on ne peut accueillir les propos d’Ethan Applen que par la plus grande surprise… et la plus grande satisfaction ! Directeur de la technologie et de la stratégie commerciale chez Warner Bros, l’homme a ainsi déclaré lors d’une table ronde dédiée aux droits vidéos que la technologie du P2P ne mérite pas d’être blâmée parce que des internautes s’en servent pour enfreindre le copyright placé sur certains contenus culturels.

« De notre strict point de vue [ceux des ayants droits ndlr], nous pensons que le peer-to-peer doit être vilipendé. Or, ce n’est qu’une technologie. CNN l’a ainsi utilisé lors de l’investiture présidentielle américaine. Certes, le P2P peut être détourné pour le piratage, mais comme technologie, je pense que cela a beaucoup d’avantages de s’en servir » a-t-il affirmé, ajoutant par la suite que « le P2P fonctionne vraiment très bien pour délivrer des saisons entières ou diffuser une émission entière« .

Forcément, les commentaires d’Applent tranchent nettement avec la stratégie judiciaire de Warner Bros, où ses avocats continuent de s’en prendre à cette technologie parce qu’elle est notamment utilisée par des internautes pour télécharger du contenu protégé par le droit d’auteur. Or, si l’entreprise commence à penser que cette technologie est tout sauf maléfique, peut-être qu’elle devrait prévenir dès que possible ses avocats et retirer certaines plaintes actuellement en cours…

Parmi les autres intervenants se trouvait également Bram Cohen, le fameux inventeur du protocole BitTorrent. Selon Torrentfreak, qui relate l’affaire, son apparition aurait suscité quelques remous dans l’auditoire, certains ne parvenant que très difficilement à contenir leur haine à son égard. Forcément, son invention est, aux yeux d’ayants droits, responsable de tous les malheurs du monde.

Durant son intervention, Bram Cohen a rappelé que le peer-to-peer pouvait être un puissance outil marketing s’il était savamment utilisé. Il a ainsi donné quelques exemples sur la façon dont le « téléchargement non autorisé » via BitTorrent a soutenu les créateurs de contenus. La fuite d’une copie non-finalisée de X-Men Origins : Wolverine a vraisemblablement stimulé l’intérêt autour du film. Le business mondial de l’animation japonaise a également complètement explosé grâce au peer-to-peer.

Hélas, malgré tous ces commentaires positifs sur le peer-to-peer, c’est à se demander si les principaux intéressés écoutent… d’autant que toute cette agitation politico-judiciaire n’a jamais durablement affecté le piratage sur Internet… surtout lorsque cela concerne de vrais passionnés.


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