Facebook a une posture complexe en matière de lutte contre la désinformation, qui se complexifie encore quand la désinformation se fait politique. Mark Zuckerberg l’a encore confirmé lors d’une conférence à Georgetown, ce jeudi 17 octobre.
La conférence avait pour sujet la liberté d’expression. Selon le dirigeant de Facebook, il faudrait la faire primer sur le reste, y compris sur la lutte contre les fausses informations, pour servir l’intérêt général.
Pour Mark Zuckerberg, « les gens doivent pouvoir voir d’eux-mêmes ce que les politiques ont pu écrire ». « Si le contenu est digne d’intérêt, nous ne le supprimons pas, même s’il entre en contradiction avec nos règles d’utilisation », a-t-il dit. Cela signifie qu’un message contenant une fake news peut être laissé en ligne, en vertu de l’intérêt public. Il précise appliquer cette règle aux publicités politiques, que ses équipes ne « fact-checkent pas ».
« Je sais que beaucoup de personnes s’opposent à cela, ajoute-t-il, mais de manière générale, je ne pense pas que ce soit une bonne chose qu’une entreprise privée censure des politiques ou des médias dans une démocratie ».
Dans une interview donnée le même jour au Washington Post, Mark Zuckerberg explique être inquiet quant aux fake news. « Je ne pense pas que les gens veulent vivre dans un monde où vous pouvez uniquement dire des choses que les entreprises de la tech considèrent comme 100 % vraies », modère-t-il cependant.
Comment Facebook gérera-t-il la campagne présidentielle de 2020 ?
Le dirigeant de Facebook a été questionné par le Washington Post au sujet des prochaines élections présidentielles américaines, qui auront lieu en 2020. Lors des précédentes, le réseau social avait subi de nombreuses critiques, quant au fait qu’il ait contribué à influencer le cours de la campagne.
La question des fausses informations se posera à ce moment-là. Donald Trump, qui a officialisé sa candidature, est par exemple connu pour divulguer des rumeurs. Il s’en sert pour discréditer ses adversaires politiques. Facebook peut-il accepter, au nom de la liberté d’expression, de laisser en ligne de tels contenus ? Mark Zuckerberg a répondu qu’il y avait « des questions très complexes » mais « qu’en général [ils] pêcheraient par excès du côté de la liberté d’expression ».
Outre la liberté d’expression, Facebook justifie sa décision par le droit pour le public de s’informer. Les internautes doivent pouvoir voir eux-mêmes les éventuels débordements. Cette posture n’est pas sans rappeler celle adoptée par Twitter. Il y a quelques jours, la plateforme a expliqué pourquoi les personnalités politiques bénéficiaient d’un traitement de faveur à son sens. Elle estime notamment que leurs paroles sont d’intérêt public, même lorsqu’elles contreviennent à son règlement et sont haineuses ou violentes.
Facebook avait aussi indiqué il y a peu qu’il ne censurerait pas les deepfakes, des montages particulièrement réalistes. Un encadré est supposé indiquer qu’il s’agit de faux, mais ce n’est pas toujours le cas. Numerama l’avait constaté alors que circulait un montage autour de la présidente de la chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi. Le montage visait à la décrédibiliser.
Même lorsque Mark Zuckerberg était l’objet du deepfake, diffusé sur Instagram, la plateforme a résisté à le supprimer.
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