Dans un entretien au magazine Stylist, le journaliste de Konbini Hugo Clément répond à une question sur le moment où il active la navigation privée : « Quand je suis à l’étranger, dans des pays un peu tendus et que je vais lire des articles qui critiquent le pouvoir. Lorsque j’étais en RDC par exemple et que j’allais me renseigner sur les magouilles du président Kabila ».
Cette déclaration a déclenché les rires amusés des twittos, mais également moqueurs de la communauté élitiste des gens passionnés de systèmes d’information. Dans un mail à Numerama, Hugo Clément a confirmé que la réponse avait été coupée pour les besoins du format et qu’elle précisait « que ça ne servait à rien s’il était surveillé ». Mais au fond, comme tout le monde, Hugo Clément aurait eu le droit de ne pas savoir.
Comme il faudrait toujours prendre l’opportunité d’expliquer plutôt que de dénigrer, il est bon de savoir précisément ce que fait la navigation privée. D’emblée, il faut savoir l’activer : nous avons un guide qui couvre tous les principaux navigateurs. La commande de base sur la plupart des navigateurs est cmd + maj + n ou ctrl + maj + n. Vous voyez alors apparaître une fenêtre plus sombre qui vous renseigne sur la nature du mode de navigation privée.
Ce que fait la navigation privée
Google Chrome est par exemple très clair : il donne avec précision ce que fait ce mode de navigation. En clair, il ne conservera pas les cookies enregistrés sur la session après fermeture de session, ne conservera pas l’historique de navigation après fermeture de session et ne conservera pas les données des formulaires inscrites pendant la session.
Bref, c’est un moyen simple de naviguer sur des sites quand vous ne vous souciez pas d’une saisie par les autorités ou d’un espionnage quelconque. C’est une fonction domestique : elle vous permettra de cacher des recherches avant d’offrir des cadeaux à vos proches ou de ne pas vous soucier de l’historique de navigation ou des cookies sur des sites que vous souhaitez garder en privé.
En revanche, la navigation privée n’est pas une protection contre les forces de l’ordre, qui peuvent récupérer vos données, comme le souligne le blog randhome. Dès lors, si un journaliste ou une personne exerçant une profession à risque se déplace dans un pays où il est possible que son ordinateur soit scruté, espionné ou saisi, la navigation privée ne servira à rien. Dans sa réponse à Numerama, Hugo Clément souligne pour autant qu’en pratique, il ne faut pas supposer que des militaires soient des génies du hack : « En revanche c’est utile en cas de saisie du matériel. Quand des militaires non formés vont checker ton historique, t’es content de rien avoir ! », nous dit-il. Et il n’a pas tort.
Nous recommandons toujours de faire un bon usage des mots de passe, de la communication chiffrée et authentifiée, de VPN et des outils de base que proposent certains systèmes (comme macOS, qui permet d’effacer un ordinateur à distance ou de chiffrer l’intégralité d’un disque). Les plus grandes précautions viendront de l’utilisation d’un OS comme Qubes que nous détaillions ici — mais cela demande au moins une formation. Tails est peut-être plus adapté pour un usage le temps d’un voyage dans un pays sensible.
Article mis à jour avec les réponses d’Hugo Clément.
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