Le groupe Daimler doute énormément des performances promises par Tesla pour le camion électrique Semi. Sans doute parce que le sien ne lui arrive pas à la cheville.

Daimler a annoncé ses plans concernant la version 100 % électrique du camion Actros conçu par Mercedes-Benz. Le groupe vise ainsi 2021 pour la production de masse, sachant que certains partenaires privilégiés vont pouvoir prochainement rouler avec. Mais alors que Daimler s’apprête seulement à se lancer dans une longue phase de tests publics, Tesla promet monts et merveilles et remplit son carnet de commandes avec son équivalent baptisé Semi. Attendu pour 2019, le poids lourd américain s’appuie sur des performances inouïes et largement au-dessus de celles de l’e-Actros. Si bien que la firme allemande préfère en douter.

Mercedes-Benz e-Actros

Mauvais joueur, grand perdant ?

Pour rappel, le Tesla Semi devrait pouvoir tenir sur une distance de 800 kilomètres et offrir une recharge ultra rapide permettant de récupérer les 3/4 de la capacité de la batterie en 30 minutes. En face, Daimler s’arrête à 200 kilomètres avec son e-Actros, qui prendra entre trois et onze heures pour faire le plein et sera, dans un premier temps, chargé d’assurer des petits parcours urbains (exemple : des livraisons à des particuliers).

Dès lors, on assiste plus ou moins à une bataille de communication. D’un côté, nous avons Tesla, sûr de ses forces et de ses produits. De l’autre, Daimler qui rivalise de prudence et émet des réserves sur les arguments de la concurrence. « Si Tesla transforme bel et bien la promesse en réalité, alors nous lui achèterons deux camions — un pour le démonter, un autre pour le tester car si cela arrive vraiment, alors quelque chose nous aura échappé. Mais, pour l’heure, les mêmes lois de la physique s’appliquent en Allemagne et en Californie », explique Martin Daum, chef de la division camion.

Le fait est que Tesla n’a, pour l’instant, jamais pipeauté sur ses chiffres. Après tout, une Model S supplante les autres voitures électriques en termes de puissance et d’autonomie. Il y a une question de conception : pendant que les constructeurs font beaucoup de conversion de véhicules existants, Tesla repense tout de A à Z. Traduction : là où l’e-Actros doit s’adapter à la structure de l’Actros, le Semi n’a jamais connu de réelles contraintes. La différence est probablement là. Mais Daimler, par son expérience, son savoir et sa légitimité, a le droit d’en douter. Réponse dans quelques années.


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