274 startups ont été amenées par la France au CES 2018. Probablement 260 de trop.

Il paraît que la délégation française au 52e CES de Las Vegas comptait 274 startups et entreprises. C’est seulement 6 de moins que les États-Unis, pays qui compte 253 millions de personnes en plus que la France. Notre petit pays qui ne peut pas se vanter d’avoir un Google ou un Facebook, ni même un Didi ou un Alibaba dans son palmarès aime montrer qu’il sait survivre sur la scène de l’innovation internationale. Si on ne se fiait qu’au CES, on croirait que les entreprises françaises font jeu égal à l’international avec les entreprises américaines ou chinoises.

Bien des observateurs pourtant ne manquent pas de voir cette invasion de l’hôtel Venetian comme un excès de confiance — finalement, à quoi sert le nombre épatant si seules une poignée de ces startups a une réelle ambition, une véritable place, une envie d’innover et une vision long terme de leur entreprise ? À faire des titres, à sortir de belles statistiques et à se persuader que la tech à la française compte. Soit.

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Venetian, le (faux) palais des startups

À errer dans les allées de l’Eureka Park, on s’aperçoit très vite que nos amis d’Europe ou d’ailleurs qui ont la modestie de n’emmener avec qu’une vingtaine de jeunes pousses ont à peu près le même nombre d’entreprises qui impressionnent au premier coup d’œil : chance, elles auront une visibilité maximale sur le salon. Pour l’occasion, on a même rangé nos startups en régions plutôt qu’en spécialités…

Regroupées derrière un Shadow en tête de proue qu’on ne présente plus et qui s’est imposé comme un leader mondial de l’informatique dans le cloud pour les particuliers, les startups entassées sur des petits stands de 3m2 ont du mal à se faire entendre. On ne sait d’ailleurs pas bien comment des journalistes ou des investisseurs peuvent en faire un tour exhaustif. Alors on se perd, on fait marcher le bouche-à-oreille et on n’est malheureusement jamais à l’abri de manquer une pépite cachée au milieu de dix projets moyens… l’expérience est d’autant plus frustrante.

La France a-t-elle besoin de statistiques racoleuses pour compter à l’international ?

On aurait aimé, peut-être, que la sélection soit plus rigoureuse, que la qualité prime sur la quantité, que les projets montrés soient très avancés, très pertinents ou très ambitieux. On aurait aimé que chacun de nos Français fasse briller les yeux de la presse internationale. Ce n’est pas la décision de la French Tech et ce n’est pas ce que semblent vouloir le gouvernement ou les régions. Tant pis. Ce qui était une bonne idée (La France is back !) pour le lancement de la French Tech est devenu une foire franco-française, avec son concours Lépine.

De notre côté, nous avons fait plusieurs allées et venues avant de nous mettre d’accord sur cinq jeunes pousses particulièrement brillantes, dynamiques et qui portent une vision que nous aimons. Elles ne vendent pas l’invendable, ne vont peut-être pas changer le monde, mais elles accompagnent les transformations de notre société, nous font rêver ou donnent des réponses précises à des problèmes largement oubliés.

Ce sont nos 5 startups du CES.

Unistellar

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À vrai dire, peu de startups arrivent à nous faire rêver. Unistellar, c’est exactement l’inverse : la tête dans les étoiles, portée par des scientifiques, la jeune entreprise veut mettre le rêve de l’observation spatiale dans les mains de tous les citadins, privés de la pratique à cause de la pollution lumineuse — tout en aidant la recherche. Nous avons consacré un article complet à Unistellar et à leur télescope : nous vous invitons à le découvrir.

Pourquoi on les retient

  • Un objet à la technique poussée et aux résultats bluffants
  • Une startup qui fait un télescope ? Ce n’est pas commun
  • Crowd-sourcer la recherche scientifique, voilà un projet d’avenir

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Ledger

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Le torrent d’absurdité qui s’abat en ce moment sur les cryptomonnaies et la blockchain ont tendance à nous faire oublier que des entreprises très sérieuses ont investi ce secteur et amènent, étape par étape, un changement radical de l’économie auquel elles croient dur comme fer. Ledger en fait partie et on s’étonne d’entendre plusieurs fois des « Ah mais je ne savais pas qu’ils étaient Français eux » à côté de leur stand.

La pépite française de la blockchain propose en effet un concept aussi pertinent qu’évident : un porte-monnaie physique qui va servir de coffre-fort sécurisé pour vos crypto-monnaies. Plus simplement, l’objet vous permet d’avoir votre clef privée qui donne accès à votre porte-monnaie sur un dispositif séparé de votre ordinateur — et donc d’éviter un potentiel vol en cas de piratage de votre ordinateur. Ledger a déjà convaincu 350 000 clients. Le tout, depuis Vierzon.

Pourquoi on les retient

  • Ils n’ont pas ajouté « blockchain » dans leur description juste pour faire beau
  • Ils proposent un service et un objet devenus des références dans le monde entier
  • La blockchain est une technologie d’avenir : parier dessus est une bonne stratégie

Site web

Ark Innovation

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Parfois, une invention n’a pas besoin de toucher le plus grand nombre pour s’imposer à nos yeux comme essentielle. Les souris de Ark Innovation, sous la marque Lexip, sont exactement de ce genre. L’entreprise française a identifié un problème et a proposé une solution technique à la fois simple et bien pensée, avec un produit bien au-delà de ce qu’on a pu voir sur le salon en termes de finitions.

Quel problème ? Les souris actuelles, principal outil de navigation sur les interfaces numériques, ne sont pas pensées pour la 3D. Elles bougent en effet sur deux axes. Lexip amène à toutes celles et ceux qui bossent dans la conception et le design 3D, l’animation ou le jeu vidéo un outil puissant : il s’agit d’une souris traditionnelle qui possède également, comme un joystick, une base permettant de bouger sur plusieurs axes. On trouve tous les degrés de liberté nécessaires pour tourner facilement autour d’un objet ou se déplacer dans un plan en 3 dimensions. Bonus, un deuxième joystick se trouve sous le pouce pour faire tourner les plans.

Eh oui, Lexip a pensé à une déclinaison pour les amateurs de simulation spatiale et aérienne qui aimeraient un petit shoot en déplacement sans avoir à embarquer tout leur matos avec eux.

Pourquoi on les retient

  • Problème réel, solution simple : on aime l’efficacité de la réflexion
  • Un objet déjà bien fini qui sera très bientôt disponible
  • Si la réalité augmentée perce comme on le dit, les métiers liés à la conception 3D vont se multiplier

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Lancey

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La technologie est l’une des causes de nos problèmes énergétiques actuels et a pour devoir de participer à la réduction de sa propre consommation. La jeune entreprise Lancey propose précisément une solution qui va dans ce sens, en se concentrant sur le chauffage. L’entreprise associe en effet une batterie à un radiateur, ce qui permet tout simplement d’emmagasiner l’énergie en heures creuses ou depuis des sources issues des énergies renouvelables.

On s’approche, dans un cas très précis, de ce que Tesla propose avec ses Powerwall. Si aujourd’hui, les possibilités ne sont pas nombreuses, Lancey s’inscrit dans une dynamique absolument nécessaire pour l’avenir, en permettant aux maisons et aux immeubles de moins dépendre du réseau électrique. On peut imaginer par exemple que ces batteries soient rechargées par des panneaux solaires.

En plus, le radiateur peut se charger de manière autonome du chauffage de votre logement en apprenant de vos habitudes et en optimisant les temps de chauffe pour votre confort. Sans parler du fait qu’il est bien plus joli, malgré sa batterie, que les radiateurs disgracieux qu’on trouve dans la plupart des habitations.

Pourquoi on les retient

  • Une startup qui répond à des enjeux d’avenir
  • Un produit élégant, bien fini et déjà en cours de déploiement
  • Se frotter à une vieille industrie, voilà un beau challenge

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Miraxess

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Au CES, Miraxess présentait la dernière version de son Mirabook. Miraquoi ? Nous vous en parlions sur Numerama : il s’agit d’un accessoire pour votre smartphone qui permet de le transformer en ordinateur portable. Dit comme cela, cela a l’air gadget et beaucoup de grands se sont cassés les dents (Asus, Motorola…), mais la solution proposée par Miraxess a l’avantage d’être utilisable avec tous les smartphones proposant un « mode ordinateur ». Cette fonctionnalité tend à se généraliser — on la trouve aujourd’hui sur les derniers Samsung et les derniers Huawei.

L’objet est robuste, sobre et bien fini. Vendu un peu plus de 200 €, on le voit très bien remplacer notre ordinateur portable en déplacement si l’interface proposée par le constructeur permet de faire des tâches bureautiques de base. Aujourd’hui, les smartphones sont en tout cas suffisamment puissants pour que cette utopie devienne réalité… Razer en a développé une version très convaincante.

Pourquoi on les retient

  • Le timing est bon : les smartphones haut de gamme sont capables de devenir des ordinateurs
  • Le produit est fini, maîtrisé et de bonne qualité
  • Le prix de vente n’est pas excessif et l’objet est interopérable : vous changez de smartphone, vous ne devez pas tout racheter

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