C’est l’histoire bien connue du verre à moitié vide et à moitié plein. En matière de piratage, l’industrie du film se pose visiblement les bonnes questions, mais tire des conclusions largement biaisées par ses propres convictions.

La BBC s’est amusée à poser une série de questions soulevées par le public à deux acteurs de l’industrie du film, Dan Glickman, président de la MPAA (association américaine des studios de cinéma), et Lavinia Carey, de la British Video Association. L’une de ces questions était la suivante : « Pourquoi me fait-on m’asseoir devant des idioties au début des DVD que j’ai acheté, sans possibilité de les passer ? Le plus insultant est le message qui dit ‘achetez des films ne les téléchargez pas’. J’ai acheté le film, et maintenant on me fait m’asseoir devant une vidéo destinée à ceux qui n’achètent pas leurs films !« 

La remarque est juste, et vaut aussi pour le cinéma en salle.

Lavinia Carrey explique alors que « des chercheurs britanniques ont montré que, en moyenne, ceux qui téléchargent sont des amateurs de films qui regardent le même nombre de films légitimes (au cinéma, en location ou avec des DVD achetés) que la moyenne des consommateurs actifs de DVD« .

Quiconque lit cette phrase doit se dire que l’industrie du film réalise que le téléchargement n’a pas d’impact sur la consommation et n’est simplement qu’une activité culturelle complémentaire. On se dit qu’enfin elle va cesser de traiter ses clients de pirates. Mais c’est bien mal connaître l’industrie.

Le verre est à moitié vide
« A côté de ça, ils consomment également des films acquis illégalement« , poursuit Carrey. « Donc même s’ils achètent moins de DVD légitimes, leur montrer des messages anti-piratage sur le DVD est une bonne façon de les atteindre avec le message que le partage de fichiers est un délit« .

Ce message, bien sûr, énerve la plupart des consommateurs honnêtes qui ont l’habitude de télécharger et font l’effort (s’il en est un) d’acheter un film dans le commerce. Ce message, ils ne l’auront pas sur le film piraté qu’ils trouveront sur les réseaux P2P. Cet énervement, ils ne l’auront pas avec le produit acheté illégalement. Et énerver le consommateur honnête, c’est rarement la meilleure manière de le fidéliser.

Voici donc une suggestion pour l’industrie du cinéma. Plutôt que de porter des messages négatifs et aggressifs lorsque le client vous fait l’honneur d’acheter votre produit, remerciez-le. Remplacez le message « achetez des films ne les téléchargez pas » par un message positif tel que « merci d’avoir acheté ce film, nous espérons qu’il vous apportera satisfaction ».

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