La firme de Jeff Bezos a publié des résultats en hausse au troisième trimestre 2025, avec un chiffre d’affaires de 180,2 milliards de dollars. Et ce, juste après l’annonce de 14 000 suppressions de postes, donc des licenciements.

Amazon a le vent en poupe. La firme, qui a publié le 30 octobre 2025 ses résultats pour le 3ᵉ trimestre, a enregistré un chiffre d’affaires de 180,2 milliards de dollars, dépassant les attentes des analystes. Au lendemain de l’annonce, l’action a décollé de 11% à l’ouverture de la Bourse de New York. Une performance éclatante… annoncée dans un climat social tendu : quelques jours plus tôt, Amazon confirmait la suppression de 14 000 postes à travers ses divisions américaines.

Colis Amazon. // Source : Flickr/CC/Province of British Columbia (photo recadrée)
Colis Amazon. // Source : Flickr/CC/Province of British Columbia (photo recadrée)

Un chiffre d’affaires porté par AWS

Le chiffre d’affaires global a progressé de 13 % sur un an, largement soutenu par Amazon Web Services (AWS), dont les revenus ont bondi de 20 % — leur plus forte croissance depuis 2022. L’entreprise cite l’accélération des investissements dans ses infrastructures cloud et IA — dont l’ajout de 3,8 gigawatts de capacité sur douze mois — comme un levier majeur de performance. Hors cloud, le segment international affiche une hausse de 14 % sur un an, à 40,9 milliards de dollars (+10 % hors effet de change), tandis que les ventes nord-américaines progressent de 11 %.

Amazon Web Services
Amazon Web Services // Source : Tony Webster

Le résultat d’exploitation, lui, reste stable par rapport à 2024, freiné par deux charges exceptionnelles : un accord à l’amiable avec la Federal Trade Commission et 1,8 milliard de dollars d’indemnités de départ. Un montant qui résonne tout particulièrement, juste après l’annonce de suppressions de postes.

Amazon ne licencie pas (encore) à cause de l’IA

Une chose est claire : l’intelligence artificielle est au cœur de la stratégie d’Amazon. Le PDG Andy Jassy l’a bien rappelé dans le communiqué, soulignant que « l’IA apporte des améliorations significatives dans tous les aspects de notre activité ». Autrement dit, il n’y a plus un seul pan de l’entreprise qui échappe à cette transformation. Amazon parie sur l’intelligence artificielle pour muscler ses infrastructures cloud, doper la productivité et s’ouvrir à de nouveaux marchés à forte valeur ajoutée. Le géant du e-commerce et du cloud investit désormais dans ses propres technologies : sa puce d’IA Trainium2, conçue pour entraîner les modèles plus rapidement et à moindre coût, le « Project Rainier », un cluster de calcul IA massif, et des nouveaux serveurs Amazon EC2 optimisées pour l’IA générative.

Andy Jassy en 2020 // Source : YouTube/Goldman Sachs
Andy Jassy en 2020 // Source : YouTube/Goldman Sachs

Mais Andy Jassy sait que le sujet est glissant. Quelques jours plus tôt, Amazon annonçait 14 000 suppressions de postes aux États-Unis. Interrogé lors de la conférence téléphonique sur les résultats, il s’est empressé de désamorcer tout lien avec l’IA. Comme le rapporte Gizmodo, ce dernier a affirmé que la décision « n’était pas vraiment motivée par des raisons financières, ni même par l’IA, du moins pas pour l’instant ». Avant de conclure en beauté : « C’est une question de culture. ». Comme Meta, Amazon estime que les embauches massives — notamment post pandémie — ont complexifié les opérations. « Nous sommes convaincus qu’il nous faut une organisation plus agile, avec moins de niveaux hiérarchiques et une responsabilisation accrue, afin d’agir le plus rapidement possible pour nos clients et notre entreprise », a écrit Beth Galetti, vice-présidente senior en charge de l’expérience employé et de la technologie chez Amazon, dans une note interne. En clair, Amazon taillerait dans le gras, pas dans l’humain au profit des machines.

Les jeux vidéo en première ligne ?

En première ligne de ces coupes : Prime Video, Amazon Studios et Amazon Games. Des secteurs coûteux, souvent déficitaires, où les ambitions d’Amazon se sont heurtées à la réalité du marché. En 2023, le groupe avait consacré près de 19 milliards de dollars à la production de contenus originaux pour la SVOD, avant de ramener ce budget à environ 7 milliards en 2024 pour tenter de restaurer les marges. Même constat dans le jeu vidéo : malgré les succès ponctuels de New World ou Lost Ark, la division reste structurellement fragile. Bloomberg a rapidement annoncé d’importantes coupes dans la division gaming, actant une désillusion après plusieurs années d’expérimentations coûteuses. Pas plus tard qu’il y a deux jours, la firme a indiqué arrêter les mises à jour de son MMORPG New World, lancé en grande pompe il y a quatre ans.

Fin de New World // Source : Amazon
Fin de New World // Source : Amazon

Parmi les autres victimes du catalogue : le MMO tiré de l’univers du Seigneur des Anneaux. Un ingénieur du gameplay a indiqué sur LinkedIn avoir fait partie de « la vague de licenciements chez Amazon Games », aux côtés de ses « collègues talentueux qui travaillaient sur New World et sur notre jeu Le Seigneur des Anneaux ». Ce dernier projet est le deuxième MMO inspiré de l’univers de Tolkien à être annulé par Amazon, après un premier essai avorté en 2019.

Moins de jeux vidéo et plus d’IA, tel est le nouveau credo d’Amazon. Si, pour l’heure, Andy Jassy affirme qu’il n’existe pas de lien direct entre les licenciements et l’intelligence artificielle, la frontière pourrait bientôt s’amincir : selon le New York Times, la firme viserait à se passer de près de 600 000 recrutements d’ici à 2033 grâce à l’automatisation.


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