La Russie a accusé l’Ukraine d’avoir lancé un drone contre une de ses centrales nucléaires. « Aucun impact sur la sûreté nucléaire et aucun changement des niveaux de radiation sur le site », signale l’AIEA.

On savait la propension de la Russie à mener des opérations militaires près de zones dont il faudrait plutôt rester à distance, comme Zaporijjia (invasion du site en 2022 par les forces russes) ou Tchernobyl (crash d’un drone contre le bouclier antiradiation en février), en raison du risque nucléaire évident en cas de fragilisation des installations.

Rafael Grossi
Rafael Grossi, patron de l’AIEA. // Source : AIEA

Cette fois, un incident de ce type semble s’être déroulé de l’autre côté de la frontière. C’est ce que rapporte l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) le 7 octobre, en se basant sur les affirmations des autorités russes. Il est question d’un drone ayant percuté l’une des tours de refroidissement de la centrale nucléaire de Novovoronej.

Selon l’AIEA, la collision se serait produite dans la nuit du 6 au 7 octobre. Un choc qui n’a entraîné « aucun impact sur la sûreté nucléaire et aucun changement des niveaux de radiation sur le site », ajoute l’instance, qui assortit son message d’un rappel aux deux belligérants : « les centrales nucléaires ne doivent jamais être attaquées. »

Le site de Novovoronej compte 7 réacteurs à ce jour : 3 sont définitivement arrêtés (Novovoronej-1, Novovoronej-2 et Novovoronej-3), mais 4 demeurent opérationnels (Novovoronej-2-1, Novovoronej-2-2, Novovoronej-4 et Novovoronej-5).

Les circonstances de l’incident demeurent floues. Rosenergoatom, qui est le producteur russe d’électricité nucléaire, a écrit le 7 octobre sur Telegram « qu’un drone de combat des forces armées ukrainiennes a tenté d’attaquer le refroidisseur de la centrale nucléaire de Novovoronej ». L’électricien affirme que l’aéronef a été « détruit à l’aide de moyens techniques. »

Ces moyens techniques n’ont pas été précisés. Toujours côté russe, il est affirmé qu’il n’y a eu ni dégât ni blessé, mais que « la tour de refroidissement a été marquée par la détonation ». Rosenergoatom confirme que « l’incident n’a pas affecté le fonctionnement de la centrale » et que le niveau de radiation n’a pas changé, ni dans le site ni aux alentours.

Une centrale assez proche de la frontière

Géographiquement parlant, la centrale nucléaire de Novovoronej est assez proche de la frontière ukrainienne. Celle-ci n’est qu’à 150 km et la grande ville de Kharkiv n’est guère loin, à environ 250 km. Or, Kiev a largement pu démontrer, lors de diverses opérations militaires, sa capacité à frapper très loin en profondeur dans le territoire russe.

On sait également que la Russie et l’Ukraine se livrent depuis maintenant plus de trois ans à une guerre à grande échelle, où l’arme de l’aéronef sans pilote est extrêmement utilisée. Chaque nuit ou presque, ce sont parfois des centaines de drones qui sont précipités tout autour de la ligne de front, mais aussi parfois très loin dans chaque pays.

Les principaux comptes officiels de l’Ukraine ne sont pas particulièrement exprimées sur le sujet. Sur X, le président Volodymyr Zelensky a rendu hommage aux victimes de l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre, rendu compte de son activité à la tête de l’État, fait un point de situation sur la guerre et mentionné la flotte fantôme russe.

Centrale de Tchernobyl avec l'arche terminée en 2017. // Source : Montage Numerama
La centrale de Tchernobyl, en Ukraine, a aussi été touchée par un drone, russe cette fois. // Source : Montage Numerama

Cet incident imputé à l’Ukraine n’est pas le premier du genre. Plus tôt cette année, Moscou avait déjà mis en accusation son voisin pour des attaques sur les centrales nucléaires de Koursk (également assez proche de la frontière, à un peu plus de 50 km) et de Smolensk (non loin de la Biélorussie, et à près de 200 km de l’Ukraine).

Rien ne dit qu’il s’agit forcément d’actes délibérés de la part de l’Ukraine et, le cas échéant, si cela ne relève pas d’une certaine forme d’avertissement de façon à montrer à la Russie que ces installations énergétiques ne sont pas à l’abri.

Cela étant, Kiev n’aurait pas besoin de prendre de risques nucléaires : les frappes sur la production pétrolière produisent des effets notables, avec à la fois une réduction de la capacité de Moscou à financer sa guerre et un désagrément croissant dans le quotidien des Russes. Résultat, une difficulté plus grande à acheminer le carburant dans le pays et des phénomènes de rupture d’approvisionnement et de pénurie qui font grimper les prix.

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