L’affaire des mystérieux drones ayant survolé le Danemark connait un nouveau développement : un navire de guerre russe au comportement douteux a été repéré tout proche des côtes du pays. Transpondeur éteint.

Il apparaît déjà comme le coupable idéal. Selon les informations du journal danois Ekstra Bladet le 25 septembre 2025, confirmées par des photographies aériennes prises depuis un hélicoptère, un navire de guerre russe se trouvait caché entre les îles du Danemark. À ce moment-là, le bateau se trouvait juste en dehors des eaux territoriales du pays.

Cette découverte n’est pas anodine : elle survient alors que le Danemark a été la cible d’étranges survols de drones au-dessus de plusieurs aéroports civils (Aalborg au nord, Esbjerg à l’ouest, Sonderborg au sud) et d’une base militaire (Skrydstrup, qui sert à l’armée de l’air danoise). Très vite, la piste d’une action coordonnée et organisée s’est imposée.

Les drones ont été aperçus dans différentes parties du territoire danois // Source : Google Maps
Les drones ont été aperçus dans différentes parties du territoire danois. // Source : Google Maps

Un navire de guerre russe hautement suspect

Selon le journal danois, le navire a sillonné les eaux territoriales pendant des jours, tout en désactivant son système de repérage afin de ne pas être localisé. Au moment des photos, le bateau se trouvait non loin des îles de Lolland et Langeland, à l’entrée du détroit traversant le Danemark. C’est le passage principal entre les mers du Nord et Baltique.

Le bâtiment en question, un navire de débarquement amphibie appartenant à la flotte russe de la Baltique, et identifié comme étant le Aleksandr Chabaline de la classe Ropucha, se serait ainsi approché des côtes de l’île de Langeland à une distance de 12 kilomètres. Tout cela, alors que son transpondeur AIS était coupé.

L’accumulation de toutes ces observations conforte l’hypothèse que c’est depuis ce type de navire que l’opération a été conduite. Le bâtiment, qui a bientôt 40 ans d’âge, a été repéré vers le port de Baltiïsk, une localité de Kalingrad. Cette enclave russe est coincée entre les pays de l’OTAN et ne se trouve qu’à quelques centaines de kilomètres du Danemark.

Si l’implication russe est avérée, on ignore si d’autres bâtiments sont aussi impliqués dans l’opération, et si les objectifs poursuivis par Moscou ont été atteints en totalité. En tout état de cause, cela correspond à une attaque hybride, qui consiste à s’en prendre à un autre État, sans atteindre le seuil d’une guerre ouverte, et selon des modalités de clandestinité.

Depuis le début de la guerre généralisée de la Russie en Ukraine, à partir de février 2022, de nombreuses opérations de ce type ont été constatées dans toute l’Europe et elles sont la plupart du temps rattachées à Moscou, ou, du moins, suspectées de l’être. Le Kremlin, sans surprise, dément à chaque fois être impliqué de quelque manière que ce soit.

Ainsi, l’Aleksandr Chabaline a beau être armé de missiles et de roquettes, et avoir des canons, ce n’est pas avec ça qu’il aurait agi — cela aurait entraîné vraisemblablement une riposte militaire pour l’abattre. C’est plutôt avec des drones, cachés dans ses cales, qu’il aurait opéré, afin de mettre en désordre les activités aériennes danoises pendant une brève période.

Aleksandr Chabaline
L’Aleksandr Chabaline. // Source : FAndrey

Vers un renforcement de la posture de l’OTAN ?

La tactique consistant à transporter des drones par bateau, pour ensuite les lancer aussi près que possible des côtes d’un pays ciblé, est pertinente. Elle règle la question de l’autonomie des aéronefs sans pilote depuis le territoire russe, qui est assez éloigné. Elle évite d’avoir à passer par la terre, en plein dans l’OTAN ; les opérateurs se feraient arrêter.

L’affaire questionne cependant la bonne surveillance des eaux territoriales par les marines de l’OTAN. Le navire russe suspect semble être resté dans les parages non loin de l’Allemagne et du Danemark sans avoir été repéré. En tout cas, le contraire n’a pour l’heure pas été démontré. Or, ce n’est pas la première fois que la marine russe est pointée du doigt.

Il reste à voir si cela entraînera un durcissement additionnel de la posture de l’OTAN. Lorsque des câbles sous-marins ont été étrangement endommagés, l’opération Sentinelle de la Baltique (Baltic Sentry) a été lancée à la mi-juin 2025. Visiblement, cela ne suffit pas encore tout à fait. De son côté, Paris a indiqué être disponible.

Sur X, Emmanuel Macron a exprimé à la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, la « pleine solidarité de la France après la répétition d’intrusions de drones non identifiés ». Et le chef de l’État d’ajouter être prêt « à apporter son appui au Danemark pour évaluer la situation et contribuer à la sécurité de l’espace aérien danois ».

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