C’est l’histoire d’un concours de code dans lequel une IA finit 2e. Lors de la finale mondiale d’optimisation algorithmique organisée par AtCoder, qui a eu lieu à Tokyo le 16 juillet, un humain a réussi à battre une IA spécialement préparée pour ce défi. Dans la programmation compétitive, la machine devient un sacré rival pour l’homme.

« L’humanité l’a emporté ! Pour l’instant ». Voilà la déclaration bien surprenante qu’a laissée sur X (ex-Twitter) un certain Psyho, le 16 juillet 2025. Une phrase en apparence anodine, qui passerait d’ordinaire largement inaperçue sur le réseau social, comme tant d’autres réactions d’internautes. Seulement voilà : ce message a été vu plus de 2 millions de fois.

La raison de cet engouement spectaculaire pour ce tweet ? Psyho s’avère être le vainqueur d’un récent concours de programmation compétitive — les World Tour Finals 2025 Heuristic. Et ce challenge, qui s’est déroulé à Tokyo, au Japon, avait une particularité : outre des adversaires humains, il y avait aussi un compétiteur artificiel.

psyho
Psyho, à droite. // Source : Psyho

Et cette intelligence artificielle (IA) a particulièrement brillé, puisque, comme l’a signalé Psyho, elle a fini en deuxième position. L’IA, qui répond au doux nom d’OpenAIAHC, a été développée par l’entreprise OpenAI, responsable du plus célèbre des chatbots : ChatGPT. Les lettres AHC renvoient au nom du concours : AtCoder Heuristic Contest.

La présence d’OpenAI dans ce défi n’était pas une surprise, dans la mesure où la société sponsorisait ces finales mondiales 2025 d’AtCoder. Outre une occasion de repérer des talents, c’est aussi une opportunité de mettre au défi sa création algorithmique, en vérifiant à quel point elle peut saisir les règles du challenge et y répondre efficacement.

Planifier des mouvements, poser des murs et diriger des (groupes de) robots

Le problème s’appelle Group Commands and Wall Planning, et est ardu de synthétiser. Un challenge heuristique désigne une catégorie de problèmes d’optimisation où l’on n’attend pas une réponse exacte, mais le meilleur score possible. Pour la finale, un seul défi a été soumis aux 12 humains et à l’IA.

Pour faire simple, l’idée est la suivante : vous incarnez un certain Takahashi qui veut diriger des robots pour les amener à leurs destinations respectives. Le but est de donner des ordres groupés ou individuels à plusieurs dizaines de robots pour qu’ils y arrivent en un minimum de commandes — chacune valant du temps et des points.

Mais il faut aussi tenir compte de la présence de murs existants, qui peuvent influer sur le parcours. Avant tout déplacement, deux types de préparation pouvaient être effectués : poser éventuellement d’autres murs, et répartir les robots en groupe. Chaque robot appartient à un seul groupe et tous les robots d’un même groupe peuvent être utilisés simultanément.

Source : Capture d'écran
Le problème en question. Ce n’est qu’un extrait : d’autres indications figurent plus bas. // Source : Capture d’écran

Les règles prévoyaient ceci : le candidat qui réussit à fournir le plus de meilleures réponses dans un temps donné sera le gagnant. Si plusieurs candidats ont résolu le même nombre de problèmes, celui qui l’a fait en moins de temps sera le mieux placé. Chaque fois qu’une mauvaise réponse est donnée, une pénalité de temps sera infligée.

Côté langage de programmation, le système utilisé par AtCoder en tolérait de nombreux : C++, Go, C#, Kotlin, Java, Nim, JavaScript, Swift, PHP, C, Ruby, Brainfuck, Bash, Fortran, Lua, Cobol, Perl, Assembly, Pascal, Prolog, PowerShell, Visual Basic, Rust, Python, TypeScript, et bien d’autres encore. Des consignes étaient prévues pour chaque.

Autre particularité du défi : le concours durait 10 heures, ce qui était un vrai marathon intellectuel. Ce qui explique pourquoi Psyho, de son vrai nom Przemyslaw Debiak, disait être « complètement épuisé », n’ayant « dormi [que] 10 heures lors des trois derniers jours ». Mais cela a été payant, avec 500 000 yens à la clé (environ 2 900 euros).

Plusieurs Japonais dans le top, mais aussi un Français

Le Polonais, qui est un habitué de ces compétitions (il a remporté plusieurs médailles d’or dans le défi TopCoder Open Marathon et a obtenu quelques places très honorables dans différents autres challenges), a cumulé au fil du temps plus de 100 000 dollars de prix. Il se décrit d’ailleurs comme un « programmeur compétitif professionnel ».

Selon les résultats officiels, partagés dans un autre tweet, Psyho a réussi à garder un écart notable face à OpenAIAHC. « Les résultats sont maintenant officiels et mon avance sur l’IA est passée de 5,5 % à 9,5 % », a-t-il écrit. La suite du classement est composée d’un Japonais, terry_u16, et d’un Géorgien, nikaj (de son vrai nom Nicholas Jimsheleishvili).

Source : Capture d'écran
Le classement partagé par Psyho, avec l’IA mentionnée. // Source : Capture d’écran

Il est à noter que le site Competitive Programming Hall of Fame affiche aussi les résultats du défi AtCoder World Tour Finals 2025 Heuristic, mais l’ordre n’est pas toujours le même avec le classement relayé par Psyho. Si les trois premières places ne bougent pas, la hiérarchie des compétiteurs ayant obtenu moins de points diffère un peu.

Le reste du top 12 inclut huit Japonais (le concours ayant eu lieu à Tokyo, cette surreprésentation n’est pas étonnante) ainsi qu’un Français, Rafaël Bocquet, alias Rafbill. Il convient également de noter que Psyho s’avère être un ancien d’OpenAI : il travaillait au sein de l’équipe OpenAI Dota, qui a mis au point une IA pour battre les champions de Dota 2.

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