Numéro 1 des téléchargements en France et aux États-Unis, EPIK permet de générer de faux albums photo avec son visage, grâce à une intelligence artificielle qui imite vos selfies. Une nouvelle démonstration du potentiel créatif de cette technologie, grâce à l’AI Yearbook.

L’IA va-t-elle tous nous tuer ? En attendant d’avoir la réponse à cette question, pourquoi ne pas l’utiliser pour se faire passer pour un lycéen américain des années 90 !

Depuis début octobre, des milliers de personnes partagent fièrement des photos d’elles déguisées en adolescents, avec un réalisme redoutable. Ces images sont la création d’EPIK, une application disponible sur iOS et Android, capable de créer de fausses images grâce à une IA générative. EPIK, développé par des Sud-Coréens (Snow Corporation, qui appartient au moteur de recherche Naver), est numéro 1 des téléchargements sur iOS et monte progressivement sur Android.

EPIK - AI Photo Editor

EPIK – AI Photo Editor

7 euros pour 60 photos

L’application EPIK est gratuite, mais il faut payer pour utiliser de nombreuses fonctions, dont la plus populaire : Yearbook.

Pourquoi ? Parce qu’EPIK explique que la génération d’images avec une intelligence artificielle coûte cher. C’est sûrement vrai, mais on peut tout de même imaginer que l’entreprise se fait ici une énorme marge. Elle demande 6,99 euros par album photo, avec un temps de traitement de 2 heures (ça a duré 30 minutes, chez nous). Puisqu’EPIK a été téléchargée plusieurs millions de fois, il est probable que son développeur ait déjà gagné plusieurs centaines de milliers d’euros.

Preuve du succès d’EPIK : il n’est pas rare de ne pas pouvoir payer, puisque les serveurs sont saturés. Dans ce cas là, il faut revenir plus tard, en espérant qu’un slot soit disponible !

L'interface d'EPIK, quand on fabrique un album.
L’interface d’EPIK, quand on fabrique un album. // Source : Numerama

Plusieurs types de contenus peuvent être générés par EPIK, mais le plus populaire est le « AI Yearbook » (les autres sont assez simples, ils permettent par exemple de changer la couleur de ses cheveux).

Le AI Yerbook est un album photo dans le style des « high scool » américains, où tout le monde est beau et habillé dans un style très… particulier. EPIK demande 8 à 12 selfies pour entraîner son intelligence artificielle et génère ensuite 60 photos, regroupées par catégories, plus ou moins ressemblantes. Il fabrique aussi une vidéo avec toutes les images, pour que vous puissiez amuser vos proches sur les réseaux sociaux (ou draguer sur Tinder).

L'auteur de cet article dans les années 90… ou pas.
L’auteur de cet article dans les années 90… ou pas. // Source : Numerama

EPIK offre aussi plusieurs outils d’édition, mais ils sont assez complexes à utiliser. La plupart des utilisateurs se contentent sans doute des images générées, même s’il est possible d’aller plus loin grâce à l’IA et des commandes manuelles.

Faut-il se méfier d’EPIK ?

EPIK est-il destiné à un grand avenir ? Comme de nombreuses applications mobiles qui ont rencontré un succès fulgurant, le plus probable est que le phénomène s’estompera dans quelques jours (avec des millions de dollars récoltés en attendant). EPIK n’aura certainement pas le même impact sociétal que ChatGPT, même s’il permet de mettre les IA génératives une nouvelle fois en avant, cette fois-ci en touchant le grand public.

Faut-il se précipiter et jouer avec ? Si vous avez envie de vous amuser, il est probable que vous alliez vous lancer dans ce test, sans grande restriction. Il convient néanmoins de rappeler que :

  • Vous enverrez une dizaine de selfies sur des serveurs inconnus, vraisemblablement situés à l’étranger,
  • EPIK pourrait un jour être piraté et perdre vos images — un élément à avoir en tête à chaque fois que l’on envoie des données à une application,
  • Les conditions d’utilisation d’EPIK sont très floues et peu précises, et ne donnent pas beaucoup d’indications sur la manière dont elles sont sécurisées,

L’utilisation des IA génératives pose actuellement aussi certaines questions, notamment dans le monde de l’art, qui s’inquiète de voir des œuvres automatisées inonder nos vies. Néanmoins, les applications de modification de photos n’ont pas attendu l’IA, Dall-E et Midjourney pour proposer des filtres qui modifient les visages — Snapchat en propose par exemple depuis 2017. Le débat mérite d’être posé, mais il faut en rappeler les termes.

Source : Numerama

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