Quand un nouveau standard passe de concept à réalité, il faut encore qu’un constructeur avec suffisamment de puissance commerciale l’adopte pour le démocratiser. L’USB Type-C n’échappe pas à la règle : cette nouvelle interface qui espère équiper tous nos gadgets et qui propose, entre autres, un connecteur réversible, la transmission d’un flux vidéo et de meilleures capacités pour transmettre de l’énergie à un appareil doit encore prouver qu’elle existe sur le marché. En 2015, deux constructeurs ont été remarqués pour avoir tenté le coup et tous les deux, à leur manière, représentent une des facettes de l’état du Type-C aujourd’hui.
Le premier, c’est bien entendu Apple, avec son Macbook. L’appareil fait dans le radical et ne propose qu’un port USB Type-C au lieu d’une multitudes de connecteurs. À l’utilisateur d’utiliser des adaptateurs pour avoir de nouvelles fonctionnalités. L’USB Type-C sur les Macbook est un pari osé autant qu’une preuve de la performance du format : certes, il rend un ordinateur moins versatile pour l’utilisateur, mais il prouve qu’il peut gérer en même temps, par un seul port et via des adaptateurs des choses aussi variées que du transfert de données et d’énergie, le tout à des débits élevés. Adieu les multiples adaptateurs secteur : un adaptateur Type-C pour tous les appareils et le tour est joué.
Le deuxième, c’est OnePlus avec son OnePlus 2. Avec le constructeur chinois qui monte, nous ne sommes plus dans un marché grand public, mais sur celui des connaisseurs. OnePlus s’adresse aux utilisateurs d’Android qui ne veulent pas faire de compromis et qui comptent bien avoir les dernières technologies embarquées dans leur appareil, histoire de prendre de l’avance sur la démocratisation. Quitte à essuyer les plâtres. Dans la même veine, on retrouve Xiaomi qui a bien entendu équipé son Mi5 avec du Type-C.
Un argument, deux interprétations
Entre ces deux catégories auxquelles on pourrait ajouter dans chacune quelques autres prétendants, il y a les constructeurs grand public, ceux qui sont capables de faire bouger un marché et d’entraîner d’autres secteurs avec eux. On pense bien sûr encore à Apple et avec son iPhone qui reste en port propriétaire, mais aussi à Samsung avec sa gamme Galaxy ou encore, en France, à Wiko, qui a réussi à faire une percée considérable sur notre territoire en important des téléphones chinois à bas prix. Si des constructeurs de ce genre n’adoptent pas la norme sur leurs fers de lance, elle ne risque pas de passer de la lubie de technophile à la réalité. Et pourtant, pros et antis ont tous de plus ou moins bonnes raisons.
Samsung était clairement attendu sur l’USB Type-C pour sa gamme Galaxy et pourtant, les S7 et S7 Edge en sont complètement dépourvus. Interrogé par nos collègues de FrAndroid, Samsung s’est expliqué à propos de l’absence d’USB Type-C sur ses modèles haut de gamme et la réponse tient en deux mots : Gear VR.
En effet, le casque de réalité virtuelle conçu avec Oculus ne fonctionne déjà qu’avec très peu de modèles de la marque et cela aurait été déplacé et coûteux d’en faire une nouvelle version adaptée aux Galaxy S7. Et comme la réalité virtuelle est au cœur de la stratégie du constructeur, il ne pouvait pas se priver de cette rétrocompatibilité. Ce souci, comme celui de conserver son port propriétaire, est probablement à l’origine des réticences chez Apple pour ses iPhone et iPad, malgré la concession faite sur un produit plus en rupture comme le Macbook.
Et c’est pour la même raison qu’un constructeur comme LG s’est fait l’apôtre du Type-C au MWC 2016. Son écosystème G5 qui comprend des modules et surtout, un casque de réalité virtuelle, avait besoin du nouveau port pour transmettre un flux vidéo — ce qui était possible sur du micro-USB grâce à la norme MHL mais qui fait beaucoup plus bricolage pour ajouter une fonctionnalité que réelle avancée. Pour le dire vite, l’USB Type-C simplifie à l’extrême tous les petits ajouts implémentés au fil des années au micro-USB. Notez que le même LG n’a pas jugé bon d’implémenter la norme sur ses modèles entrée de gamme, les X Screen et X Cam, ce qui le place dans la même position que l’intégralité du marché : le cul entre deux chaises.
La tendance est plutôt à l’attendre : laisser l’autre faire le premier pas
La simplification revient aussi dans le discours des constructeurs qui se sont lancés. Lors de la présentation de son MateBook, Huawei a fait de l’USB Type-C un argument commercial censé toucher le grand public : vous n’aurez plus qu’un chargeur dans votre sac pour tous vos appareils. Laptop, smartphone, disque dur externe… tous pourront se connecter à un câble USB Type-C et cela simplifiera les choses quand la plupart des appareils seront équipés. En plus, bien entendu, du côté réversible du port qui le rend tout à la fois plus solide, plus durable (car moins forcé) et moins embêtant à connecter.
Absent sur le milieu et l’entrée de gamme
Sur le salon, on a plus vu dans les allées du microUSB que du Type-C. Wiko n’en a pas mis un seul sur sa gamme commercialisée en France et Archos n’a osé le format que sur l’un de ses modèles. HTC, qui nous a impressionné avec son Vive, n’a pas mis un seul USB Type-C sur sa nouvelle gamme Desire. Sans intérêt immédiat pour le Type-C — les deux marques n’ont pas présenté d’écosystème de gadgets pour leur smartphones –, la tendance est plutôt à l’attente : laisser les autres faire le premier pas.
En bref, il est assez clair pour nous que l’USB Type-C va remplacer le micro-USB à l’avenir, par une sorte de nécessité technologique qui nous poussera à adopter cette norme qui simplifie et raffine la plupart des améliorations du micro-USB. Et pourtant, si on attendait clairement une vague de produits embarquant cette norme au MWC, ce n’est pas ce qui s’est produit. La démocratisation attendra au mieux 2017, quand un Samsung la présentera sur ses produits haut de gamme et que tous les autres constructeurs l’intégreront dans leurs modèles entrée et milieu de gamme.
Et c’est comme cela qu’on résume assez facilement le problème de l’USB Type-C aujourd’hui : le plus gros vendeur de smartphone sur Android n’a pas fait le pas vers cette technologie et tous ceux qui l’ont fait n’ont pas équipé leurs gammes les plus démocratiques — non pas celles qui font rêver les technophiles, mais celles qui coûtent le moins.
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