Les températures de ce mois de mars 2022 en Antarctique sont décrites comme étant extraordinaires.

C’est le genre de records que l’on aimerait à tout prix éviter. En Antarctique, à la base Concordia qui relève régulièrement les températures, les degrés enregistrés en ce mois de mars 2022 dépassent très largement la normale. Jamais l’Antarctique n’a été si doux en cette période à cause d’une vague de chaleur décrite par les climatologues comme une anomalie.

La température enregistrée est tombée à -12,2 degrés Celsius, puis à -11,5 degrés le vendredi 18 mars 2022. S’il peut paraître étrange de considérer une température négative comme un record de chaleur, il faut se replacer dans la configuration polaire : à l’échelle de la normale en Antarctique, cette température de -11,5 degrés n’est autre que 40 degrés au-dessus des moyennes de la saison, habituellement autour de -50 degrés. Le dernier record de chaleur (-13.7 degrés) datait de décembre 2016.

L'anomalie en Antarctique est pointée par la flèche rose. // Source : ClimateReanalyser.org
L’anomalie en Antarctique est pointée par la flèche rose. // Source : ClimateReanalyser.org

La vague de chaleur ne concerne pas que la zone autour de base de Concordia. À la base de Vostok, le vendredi 18 mars, la température était de -17,7 degrés Celsius. Pour cette zone spécifique, il s’agit de la température la plus haute jamais enregistrée un mois de mars depuis l’installation de la base il y a 65 ans. Il fait habituellement -53 degrés.

« La climatologie de l’Antarctique a été réécrite »

Une telle vague de chaleur en Antarctique « n’était jamais supposée advenir », relève, sur Twitter, le spécialiste pour la météo polaire, Dr. Jonathan Wille. « C’est impossible, aurions-nous dit jusqu’à il y a deux jours. À partir d’aujourd’hui (18 mars) la climatologie de l’Antarctique a été réécrite », renchérit Stefano Di Battista, spécialiste du climat de l’Antarctique.

À quel point peut-on relier ces records extrêmes au changement climatique ? Il n’est jamais possible, à court terme, de relier directement un tel événement au réchauffement planétaire. Mais le lien est en revanche visible sur le long terme : comme le relèvent les scientifiques du GIEC, le dérèglement climatique se définit aussi par une augmentation en fréquence des événements météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur.

Or, Jonathan Wille le remarque sur Twitter : ces records extraordinaires de température en Antarctique sont de même ampleur que la vague de chaleur intense qui a eu lieu au Canada en juin 2021. Effectivement, l’année dernière, nous avions été toutes et tous estomaqués par la canicule impressionnante qui avait alors touché la région. Des températures inédites — 48 degrés — avaient touché l’ouest du Canada et une part des États-Unis. Des infrastructures s’étaient littéralement mises à fondre.

C’est la répétition de ce type de vagues extrêmes qui définit le dérèglement climatique. D’ailleurs, là est la raison pour laquelle l’expression de « réchauffement climatique » ne recouvre pas à elle seule l’entièreté du problème, contrairement à la notion de dérèglement ou de changement : les bouleversements en question ne sont pas qu’une augmentation des températures, mais une perturbation de la « normalité » climatique. Qui plus est, la tendance au réchauffement doit s’observer au fil des années, comme le montre une excellente animation récemment diffusée par un chercheur qui a utilisé les données de la Nasa.

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