Les cosmonautes russes stationnés dans l’ISS ne prendront pas part à certaines expériences, a annoncé l’agence russe Roscosmos. Il s’agit des premières retombées concrètes dans l’espace de la guerre en Ukraine.

Les premières conséquences du conflit entre la Russie et l’Ukraine se sont fait ressentir dans l’espace. À bord de la Station spatiale internationale, le déroulé de certaines missions va être perturbé : l’agence spatiale russe, Roscosmos, a annoncé dans un tweet le 3 mars 2022 que les astronautes russes ne prendront pas part à certaines expériences menées dans la station. Spécifiquement, les Russes ne travailleront plus avec l’astronaute allemand à bord de l’ISS, Matthias Maurer.

Roscosmos « ne coopérera pas avec l’Allemagne sur des expériences conjointes sur le segment russe de l’ISS », explique l’agence dans le tweet, en précisant que les cosmonautes russes les conduiront indépendamment. « Le programme spatial russe sera ajusté pour répondre aux sanctions », est-il également indiqué. « La priorité sera à la création de satellites dans l’intérêt de la défense. »

Le quotidien de la station chamboulé

L’annonce de Roscosmos va avoir un impact important sur la vie dans l’ISS, sans toutefois être catastrophique : il n’y a qu’un seul astronaute allemand à bord de la station. Il y a en ce moment 7 personnes dans l’ISS, indique le site de la NASA : Matthias Maurer, le représentant de l’Agence spatiale européenne, deux cosmonautes russes, et quatre Américains.

Bien que l’annonce de l’agence russe bouleverse le planning et l’organisation des expériences à mener dans l’espace, la portée de ces changements devrait être somme toute limitée. L’impact aurait été bien plus important si les deux Russes avaient reçu l’ordre de ne plus coopérer avec les quatre astronautes américains. Pour l’instant, ni la Nasa ni l’ESA n’ont réagi. Il n’y a pas non plus de détails disponibles sur les expériences que les Russes mèneront seuls, ou sur le programme de création de satellites dédiés à la défense russe mentionné dans le tweet de Roscosmos.

Une navette Soyuz est arrimée à la station spatiale internationale // Source : Nasa Jonhson / Flickr
Une navette Soyuz // Source : Nasa Jonhson / Flickr

Il s’agit de la première conséquence concrète pour les astronautes de la guerre en Ukraine. La Russie est depuis le début de l’invasion visée par de très nombreuses sanctions économiques, telles que l’écartement du service de messagerie bancaire Swift — et de nouvelles punitions concernant les crypto-monnaies sont envisagées. Mais la Russie a également annoncé des sanctions contre les Européens et aux Américains.

La Russie a ainsi d’ores et déjà annoncé que les fusées Soyuz ne décolleraient plus depuis la Guyane, et qu’elles ne transporteraient plus les satellites OneWeb. Et ce n’est pas tout : le déroulement de la mission ExoMars 2022 pourrait être compromis. Le rover, qui doit être envoyé sur Mars en septembre 2022, est le fruit de la collaboration entre l’ESA et Roscosmos — et ce partenariat est mis à mal par l’actualité. Entre les sanctions économiques européennes contre la Russie et les représailles russes dans le domaine spatial, le futur d’ExoMars est incertain. Il est pour l’instant difficile de dire si la mission pourra partir en 2022, l’année d’après, ou si elle pourrait tout bonnement être annulée.

Le 25 février, le lendemain du début de l’invasion russe en Ukraine, l’ESA faisait preuve d’optimisme en déclarant que « malgré le conflit actuel, la coopération spatiale civile reste un pont. L’ESA continue de travailler sur tous ses programmes, y compris l’ISS et la campagne de lancement ExoMars, afin d’honorer les engagements pris avec ses États membres et ses partenaires. » Mais depuis, la situation a bien changé, et les relations entre l’ESA et Roscosmos ne semblent plus être aussi cordiales.

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