Une comète a été découverte par deux astronomes. L’objet céleste, plus imposant que la plupart des comètes, devrait réaliser son passage le plus rapproché du Soleil en 2031. Cet événement ne représente aucun danger pour nous. C’est par contre une aubaine pour la communauté astronomique.

Une « méga-comète » est en train de voyager à travers le système solaire. Elle serait 1 000 fois plus massive qu’une comète « type », ce qui en ferait la plus grande des comètes découvertes à notre époque, rapporte le NOIRLab (National Optical-Infrared Astronomy Research Laboratory), un centre de recherche américain pour l’astronomie optique et infrarouge au sol, dans un communiqué publié le 25 juin 2021. L’objet est estimé faire entre 100 et 200 kilomètres (10 fois le diamètre des comètes habituelles). Il pourrait réaliser son passage le plus rapproché du Soleil en 2031 — sans représenter aucun danger pour nous.

Que sait-on exactement de cet objet ? L’existence de cette comète, qui a depuis reçu son nom complet C/2014 UN271 (Bernardinelli-Bernstein), a été rapportée le 19 juin 2021. Ce même jour, le Centre des planètes mineures a publié une circulaire (Minor Planet Electronic Circular, MPEC), pour renseigner sur la découverte. Elle mentionne que l’objet a été observé par les astronomes Pedro Bernardinelli et Gary Bernstein, au sein des archives du Dark Energy Survey (DES), un relevé astronomique réalisé à l’aide d’un télescope de l’observatoire interaméricain du Cerro Tololo.

Six années de données

Dans un thread détaillé sur Twitter, l’astronome Pedro Bernardinelli revient justement sur les circonstances de cette découverte. Ses propos permettent de comprendre pourquoi cet objet, qui avait été imagé pour la première fois dès octobre 2014, ne fait parler de lui que six ans plus tard. « Cet objet a été trouvé dans le cadre d’une recherche complète de six années de données DES pour les objets transneptuniens » (au-delà de l’orbite de Neptune), décrit le scientifique. À celles et ceux qui se demanderaient pourquoi la découverte de l’objet céleste n’est annoncée que maintenant, il explique que « trouver des objets transneptuniens avec le DES est un problème de calcul énorme », ajoutant que « la recherche elle-même a pris entre 15 et 20 millions d’heures à des processeurs ».

Orbite de la comète dans le système solaire. // Source : JPL Small-Body Database Browser, annotation Numerama

Orbite de la comète dans le système solaire.

Source : JPL Small-Body Database Browser, annotation Numerama

Les comètes sont constituées de glace, qui s’évapore lorsqu’elles approchent du Soleil, ce qui forme une queue et une chevelure caractéristiques. L’astronome précise que, dans les images obtenues entre 2014 et 2018 avec le DES, aucune queue n’a pu être identifiée sur l’objet. Néanmoins, un jour après l’annonce de la découverte par l’intermédiaire du Centre des planètes mineures, les astronomes ont pu obtenir de nouvelles images, à l’aide du Réseau mondial de télescopes de l’Observatoire de Las Cumbres, montrant que l’objet avait bien une chevelure qui était apparue dans les 3 dernières années. Ceci a confirmé que C/2014 UN271 (Bernardinelli-Bernstein) est bien une comète.

Une relique glacée

D’où vient cet objet ? Le NOIRLab la décrit comme « une relique glacée éjectée hors du système solaire par les planètes géantes en migration au début de l’histoire du système solaire ». L’orbite de la comète semble être particulièrement allongée. La comète Bernardinelli-Bernstein voyage vers l’intérieur du système solaire, depuis le nuage de Oort (qu’on associe généralement à la frontière gravitationnelle du système solaire). Son périple à l’intérieur du système solaire a commencé à une distance de 40 000 unités astronomiques du Soleil (une unité astronomique équivaut à la distance entre la Terre et le Soleil, 150 millions de kilomètres). Pluton, par exemple, se trouve à 39 unités astronomiques du Soleil.

Les scientifiques devraient normalement avoir le temps de l’observer s’approcher du Soleil, pendant des années. La comète est censée atteindre le point de sa trajectoire le plus proche du Soleil en 2031 : elle sera alors à environ 11 unités astronomiques de l’étoile. C’est un peu plus que la distance de Saturne au Soleil — d’où l’absence totale de danger pour nous. Il semble peu probable que le spectacle soit intéressant à l’œil nu. L’étude de cette comète devrait cependant être très intéressante pour la communauté astronomique. Une hypothèse est qu’il pourrait y avoir d’autres comètes de cette taille à découvrir, qui ont été dispersées loin dans le système solaire par la migration des planètes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.

Pedro Bernardinelli a mentionné que lui et son équipe étaient en train de rédiger un article scientifique qui présentera leurs travaux et le catalogue complet sur lequel ils ont travaillé, dont fait partie la comète. Le texte devrait devenir public dans un délai de 1 à 3 mois.

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