Une curieuse « mini-lune » découverte en septembre a d’abord été classée comme un astéroïde. L’hypothèse qu’il s’agisse d’un morceau de fusée, lancée en 1966, est de plus en plus plausible. Que va-t-il arriver à l’objet dans les prochaines semaines ?

La Terre a capturé un nouvel objet, qu’elle devrait garder comme satellite temporaire encore quelque temps, avant qu’il ne revienne sur une orbite autour du Soleil. Il semblerait bien que l’objet, dont la nature fait débat depuis sa découverte en septembre, soit artificiel. La Nasa va en tout cas dans le sens de cette hypothèse dans un communiqué publié le 12 novembre 2020.

Tout a commencé le 17 septembre, lorsque cet objet, baptisé 2020 SO, a été identifié dans le cadre du relevé astronomique Pan-STARRS. La possibilité qu’il ne s’agisse pas d’un astéroïde était déjà soupçonnée, mais sa trajectoire incurvée laissait entendre que l’objet était proche de la Terre. Les explications fournies par l’Agence spatiale américaine aident désormais à en savoir plus, et à anticiper ce qui pourrait arriver à ce corps évoluant dans l’espace.

Deux grands tours et puis s’en va

Le 8 novembre dernier, l’objet a légèrement dérivé dans la sphère de Hill, décrit la Nasa. Cette zone qui s’étend jusqu’à 1,5 million de kilomètres de la Terre est plus simplement appelée sphère d’influence gravitationnelle. Dans ce volume, un corps massif (ici la Terre) a une influence sur un autre corps (un satellite, par exemple). Le morceau de fusée doit rester dans cette région environ 4 mois. En mars 2021, il devrait revenir sur une orbite autour du Soleil.

Avant de nous quitter, l’objet effectuera deux « boucles » larges autour de la Terre, que l’on peut voir représentées dans la vidéo ci-dessous. Il sera au plus près de notre planète le 1er décembre — l’occasion idéale pour les scientifiques de l’observer et de confirmer peut-être définitivement sa nature de corps artificiel.

Quelle était la mission de cette fusée ?

Selon la Nasa, il est probable que 2020 SO soit l’étage supérieur d’une fusée Atlas-Centaur (AC-7), qui a envoyé la sonde Surveyor 2 explorer la Lune en 1966 — mission qui s’est soldée par un échec, car le véhicule spatial s’est écrasé sur la Lune 3 jours après le lancement. L’étage supérieur de la fusée, lui, a dépassé la Lune, pour disparaitre en suivant une orbite méconnue autour du Soleil.

Après son repérage par les astronomes, l’objet a d’abord été classé comme un astéroïde en orbite autour du Soleil, et baptisé 2020 SO par le Centre des planètes mineures. Ce sont les scientifiques du Center for Near Earth Object Studies (CNEOS, ou « Centre d’étude des objets proches de la Terre »), chargé d’évaluer les risques liés aux orbites des astéroïdes et comètes, qui ont constaté que l’objet ne devait pas être un astéroïde comme les autres, à en juger par son orbite.

Étage supérieur d'une fusée Centaur (1964), semblable à celui lancé en 1966. // Source : Nasa (photo recadrée)

Étage supérieur d'une fusée Centaur (1964), semblable à celui lancé en 1966.

Source : Nasa (photo recadrée)

Plusieurs indices

Alors que les orbites des astéroïdes sont en général allongées et inclinées par rapport à celle de la Terre, explique la Nasa, celle de 2020 SO est apparue semblable à celle de notre planète. L’orbite était « presque circulaire, et dans un plan orbital qui correspondait presque exactement à celui de notre planète — très inhabituel pour un astéroïde naturel », décrit l’agence spatiale. Autre élément qui a mis les scientifiques sur la voie : l’effet du rayonnement solaire sur la trajectoire de l’objet. L’effet est plus important sur un objet creux (ce qu’est une fusée usagée), par rapport à un objet rocheux dense. C’est un peu comme une canette vide, compare la Nasa, qui serait plus emportée par le vent qu’une pierre.

En cherchant à reconstituer l’orbite de 2020 SO dans le passé, le CNEOS a découvert que l’objet s’était approché de la Terre à plusieurs reprises ces dernières années. Surtout, il parait s’être approché de la Terre à la fin de l’année 1966, ce qui étaye à nouveau la piste qu’il s’agisse bien d’un morceau de la fusée qui a lancé Surveyor 2.

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