Les scientifiques explorent de plus en plus, à l’aide de robots subaquatiques, ces trous marins dont on ne connaît pas encore tout.

Si l’on peut croiser des trous noirs dans les profondeurs célestes, il existe, dans les profondeurs sous-marines terrestres, des trous bleus. Ils n’ont absolument rien à voir avec les premiers, mais leur exploration est tout aussi émerveillant pour les scientifiques. C’est la mission que s’est fixée le projet piloté par la NOAA Office of Ocean Exploration and Research. En 2019, ils ont exploré l’Amberjack Hole, au large de la Floride, et ils partent en août 2020 pour Green Banana, plus lointain. Mais que cherchent au juste les scientifiques dans ces trous bleus ?

Les trous bleus ressemblent à des versions sous-marines des dolines sur la terre ferme, ces fameuses dégradations calcaires formant des gouffres circulaires et profonds (des quelques mètres à des centaines de mètres). Un trou bleu est donc, littéralement, un trou marin : creusée naturellement sous l’océan, il s’agit d’une excavation circulaire, abrupte, profonde.  Le trou bleu le plus profond répertorié est le trou bleu du dragon, au gouffre profond de 300 mètres sous la surface. « La plupart sont des haut lieux écologiques pourvus d’une abondance hautement diversifiée de plantes et d’animaux », expliquent les scientifiques du projet d’exploration.

Le Grand Trou Bleu, au large de la côte du Bélize. // Source : Domaine public

Le Grand Trou Bleu, au large de la côte du Bélize.

Source : Domaine public

Des lieux riches en biodiversité

Les trous marins sont difficilement accessibles aux humains, du fait de leur profondeur. Mais une chose est sûre : ils ont des caractéristiques uniques. « La chimie de l’eau de mer dans les trous est unique et semble interagir avec les eaux souterraines et éventuellement avec les couches aquifères [des réservoirs dans la roche où l’eau circule librement]. » Étudier cette chimie fait évoluer les connaissances scientifiques sur les réseaux de circulation des eaux souterraines.

Une autre raison d’explorer ces gouffres sous-marins est leur richesse de vie. On y trouve des communautés biologiques comme des coraux, des éponges, des mollusques, des tortues voire des requins. Les trous bleus semblent sécréter des nutriments particuliers, raison pour laquelle la vie y est possible. Lors de leur précédente expédition, à l’Amberjack Hole, les scientifiques avaient prélevé des preuves d’une vie microbienne variée — et il n’est pas impossible que l’on puisse y découvrir de nouvelles espèces ou des espèces uniques à ce milieu. Or, s’il y a des microbes au fond de ces trous, il est tout à fait probable que ceux-ci jouent un rôle déterminant dans la circulation globale du carbone.

Pour atteindre le trou bleu de Green Banana, il faut plonger à 47 mètres puis, pour en atteindre le fond, continuer jusqu’à 130 mètres sous la surface de l’eau. C’est évidemment impossible pour l’être humain, l’expédition qui démarre en août se fera donc à l’aide d’un robot subaquatique. Celui-ci est chargé de prélever des échantillons et de les ramener à la surface, pour qu’ils soient étudiés à la loupe. Ces explorations scientifiques ont aussi pour but de déterminer si ces trous bleus doivent voir leur environnement protégé — en étudiant l’Amberjack Hole, les biologistes y ont retrouvé des spécimens d’espèces menacées.

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