Comme le relate National Geographic le 5 avril 2020, le département américain de l’agriculture a annoncé qu’un tigre du Zoo de New-York a été testé positif à Covid-19, la maladie provoquée par le nouveau coronavirus. Nadia, tigre de Malaisie, présente une toux sèche et un manque de l’appétit depuis fin mars. Étant donné l’échelle de l’épidémie à New York, cela a mis la puce à l’oreille de l’équipe du Zoo, qui a finalement décidé de la tester, le 2 avril. Elle n’est apparemment pas la seule à voir été infectée. Six autres tigres et lions du zoo présentent des symptômes similaires.
La situation est très différente de celle du chien qui avait été testé positif à Hong-Kong : il y avait seulement chez lui une trace ADN du coronavirus, raison pour laquelle le dépistage était positif, mais le coronavirus n’étant pas compatible avec les chiens, celui-ci n’était ni malade ni contagieux. Compte tenu de l’état de la recherche, il semblerait effectivement que les animaux de compagnie ne soient pas des porteurs de Covid-19 : leurs récepteurs cellulaires sont différents des nôtres, or le coronavirus SARS-Cov-2 a besoin de récepteurs spécifiques. Il n’y a donc pas de preuve d’une infection possible chez les animaux domestiques.
Cause possible : un soigneur asymptomatique ?
Chez les animaux sauvages, la réponse semble plus complexe. Cette détection du nouveau coronavirus chez un animal sauvage est une première, alors même que nos ADN diffèrent suffisamment pour qu’il n’y ait a priori aucun soupçon d’une contamination interespèce. Plus étonnant encore, au Zoo de New York aucun autre animal de l’espèce des félins n’a apparemment été contaminé, car aucun des léopards, guépards ou du puma du parc ne présente de symptômes apparents.
Pourtant, la piste d’infection privilégiée est celle d’un soigneur asymptomatique, car « c’est la seule chose qui fait sens », indique le chef vétérinaire à National Geographic. Mais si c’est le cas, alors ce soigneur aurait été en contact avec plusieurs animaux. Faut-il en déduire que les tigres et les lions sont plus exposés à Covid-19 ? Il existe bien des « coronavirus félins », qui peuvent infecter exclusivement les félins et pas les humains, mais le coronavirus SARS-CoV-2 n’en fait pas partie et ce dernier est essentiellement adapté aux cellules humaines.
Cette contamination reste donc un mystère, pour l’instant du moins. Les soignants du Zoo vont surveiller l’état de Nadia et de ses congénères en espérant qu’il s’améliore sans complications. Tout un pan de la recherche scientifique dédiée à Covid-19 s’intéresse de près à la place des animaux sauvages dans cette crise. À partir de la protéine en forme de pointe du coronavirus, qui lui permet d’infecter les cellules, les chercheurs essayent de déterminer quels animaux pourraient être des hôtes actuels et futurs de SARS-CoV-2. Dans une étude publiée fin mars dans la revue Microbes and Infections, on peut lire que parmi les espèces potentielles, on retrouve des mammifères et des oiseaux : pangolins, félins, vaches, buffles, chèvres, moutons, pigeons. Une autre étude, datant celle-ci de février, évoque quant à elle dans Nature les chauves-souris, les civettes, les souris et les cochons.
Le risque qui pèse sur les grands singes
S’il y a bien un type d’animaux sauvages envers lesquels il existe une inquiétude sûre et certaine depuis quelque temps, ce sont les grands singes. Nous formons avec eux la grande famille de primates que l’on appelle les hominidés. On y trouve par exemple les orangs-outans, les gorilles, ainsi que les chimpanzés avec lesquels nous avons 95 % d’ADN en commun.
Cette proximité génétique indique que si le nouveau coronavirus peut nous infecter et nous rendre malades, alors les autres hominidés font face au même danger. Les humains peuvent donc contaminer les grands singes, et on en est certain car un précédent coronavirus humain, OC43, a été transmis à des chimpanzés en 2016. Pour cette raison, le 24 mars dernier, deux scientifiques membres du Great Ape Health Consortium ont publié une lettre dans Nature : ils demandent à ce que toutes les activités touristiques ainsi que les activités scientifiques impliquant des grands singes soient temporairement stoppées à travers le monde.
L’inquiétude vient donc dorénavant de s’élargir à certains félins. C’est ce qu’indique le chef scientifique de l’ONG Panthera, dans National Geographic : « Les félins comme les tigres et les lions sont déjà confrontés à de nombreuses menaces pour leur survie dans la nature. Si Covid-19 se répand dans les populations de grands félins sauvages et devient une cause importante de mortalité, le virus pourrait devenir une préoccupation très sérieuse pour l’avenir de ces espèces. »
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