La NASA doit finaliser son plan pour retourner sur la Lune en 2024. L’agence assure qu’il sera prêt d’ici quelques semaines.

Pressée par l’administration Trump, qui réclame ardemment le retour des astronautes américains sur la Lune dès 2024, la NASA se trouve pour l’instant dans l’incapacité de présenter un plan adéquat pour satisfaire cette échéance. C’est ce qui ressort de l’audition de William Gerstenmaier, l’administrateur adjoint qui s’occupe du programme d’exploration habitée au sein de l’agence spatiale.

En fait, la NASA a déjà un plan pour permettre à l’Amérique de fouler à nouveau le sol lunaire. Le problème, c’est que son calendrier initial visait plutôt la fin des années 2030. « La NASA est en train d’élaborer un plan qui permettra aux Américains d’orbiter autour de la Lune à partir de 2023 et de faire atterrir les astronautes à la surface au plus tard à la fin des années 2020 », écrivait-elle l’automne dernier.

Ce plan, qui devait donc s’étaler au départ sur une dizaine d’années, doit maintenant tenir dans une fenêtre resserrée de cinq ans. Tout le calendrier de l’agence se retrouve bousculé et l’échéance que la NASA avait fixée pour présenter sa nouvelle stratégie, aux alentours du 15 avril, est maintenant dépassée de trois semaines. Cette date avait été avancée début avril par le patron de la NASA, Jim Bridenstine.

« Nous devons nous assurer que tout est intégré et que tout est mis en place d’une manière qui a vraiment du sens »

« Nous reconnaissons qu’il s’agit là d’un défi très sérieux que nous devons relever et que nous avons besoin d’un plan vraiment solide », a déclaré le 8 mai William Gerstenmaier devant les parlementaires, selon des propos repris par The Verge. « Nous devons nous assurer que tout est intégré et que tout est mis en place d’une manière qui a vraiment du sens ».

Car en matière spatiale, vitesse ne doit pas être confondue avec précipitation. L’espace est un environnement difficile, dangereux pour l’homme. Et même si la Lune s’avère être une destination relativement facile d’accès — elle n’est pas très loin et reste toujours à la même distance de la Terre –,  c’est une mission habitée qui se prépare, pas un « simple » envoi d’un robot téléguidé.

Outre la conception même du nouveau plan, qui prend du temps, William Gerstenmaier a prévenu que des ralentissements d’ordre administratif sont aussi à prévoir : il est prévu que la nouvelle feuille de route passe par la Maison-Blanche pour que celle-ci la valide. Cela étant, Williams Gerstenmaier assure que ce n’est plus qu’une question de semaines.

Dans ce nouveau plan, qui implique une présence plus durable du ou des astronautes sur place, doivent être inclus les estimations en termes de financement ainsi que les détails pour relever le défi de Washington. Début avril, Jim Bridenstine a laissé entendre qu’il faudrait sans doute prévoir une dépense annuelle supplémentaire de 8 milliards de dollars, au maximum, pour tenir les délais. 8 milliards, en plus des sommes déjà prévues.

Vue d'artiste du Space Launch System. // Source : NASA/MSFC

Vue d'artiste du Space Launch System.

Source : NASA/MSFC

L’Amérique presse le pas

C’est à la fin du mois de mars que la NASA a découvert les ambitions revues à la hausse de l’administration Trump à l’égard du satellite naturel. On connaissait depuis octobre 2017 le désir de la Maison-Blanche de retourner sur la Lune, afin de paver la voie à une mission habitée plus ambitieuse en direction de Mars, après 2030. Mais à l’époque, il n’était pas question de faire alunir qui que ce soit en cinq ans.

Plusieurs raisons poussent Washington à presser le pas : il y a d’abord l’envie de rehausser le prestige des États-Unis dans le monde. Il y a aussi la pression exercée par la Chine, qui a un programme de développement de ses activités spatiales très ambitieux. Pas question de se faire doubler, même si l’oncle Sam a encore une avance confortable. Et puis 2024, ce serait aussi la fin du second mandat de Donald Trump.

« Nous avons la technologie pour retourner sur la Lune et renouveler le leadership américain dans l’exploration spatiale humaine », a ainsi lancé le vice-président Mike Pence en annonçant l’objectif quinquennal de la NASA. Avec une mise en garde : si l’agence ne peut pas suivre, elle pourrait être reléguée à un rôle de second plan et remplacée par des sociétés privées.

La dernière fois qu’un équipage s’est rendu sur la Lune, c’était en 1972. Il s’agissait alors de l’expédition d’Eugene Cernan. Depuis, aucun projet n’a dépassé le stade exploratoire. L’un des plus récents, appelé Programme Constellation, envisageait un retour des astronautes sur la Lune en 2020. Élaboré au milieu des années 2000, sous l’ère Bush, il a été annulé en 2010 par Barack Obama pour des raisons budgétaires.

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