Un consortium européen veut forer la glace antarctique pour prélever un morceau vieux de plus d’un million d’années. Ce forage peut aider à mieux comprendre les évolutions passées du climat et ainsi mieux prédire son avenir.

Un morceau de glace âgé de plus d’un million d’années peut permettre de mieux comprendre le changement climatique. Un consortium européen a décidé de forer la glace de l’Antarctique pour récolter cet échantillon prometteur. Le projet a été présenté le 9 avril 2019 au cours d’une conférence de presse.

Baptisée « Beyond-EPICA Oldest Ice » (BE-OI), l’initiative regroupe 14 institutions de 10 pays européens. Après 3 années à étudier le continent antarctique, ils ont décidé de forer au niveau du Dôme C — aussi surnommé Dôme Charlie. Ce relief de glace culmine à 3 233 mètres et a déjà été le terrain d’autres prélèvements de carottes glaciaires. Ce dôme accueille la station Concordia depuis 1997, depuis laquelle les chercheurs peuvent travailler.

« Si nous voulons prévoir l’avenir du climat, avec l’augmentation des gaz à effet de serre, nous devrons utiliser des modèles, qui seront fondés sur ce qu’il est advenu dans le passé », explique Catherine Ritz, climatologue et géographe spécialisée en glaciologie, auprès de la BBC.

Des bulles d’air emprisonnées dans la glace

Le projet EPICA (European Project for Ice Coring in Antarctica) a commencé en 1995. La France en fait partie, aux côtés de la Belgique, du Danemark, de l’Allemagne, de l’Italie, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Suède, de la Suisse et du Royaume-Uni. Il permet de constituer des archives sur le climat. Entre 1996 et 2004, les chercheurs ont foré jusqu’à 3 270 mètres de profondeur, au niveau de l’actuelle station Concordia. Cela leur a permis de reconstituer l’histoire du climat au cours des 800 000 dernières années.

Les bulles d’air emprisonnées dans la glace ont été tout particulièrement intéressantes. Grâce à elles, les scientifiques ont découvert quelles étaient les concentrations de dioxyde de carbone et de méthane, des gaz à effet de serre. « Quand le climat de la Terre était froid, il y avait considérablement moins de dioxyde de carbone et de méthane dans l’air que pendant les périodes plus chaudes », mentionne un communiqué.

Quand le climat était froid, il y a avait moins de dioxyde de carbone

Et avant cela ? Les chercheurs n’ont pas encore extrait des carottes de glaces dont les bulles d’air témoigneraient d’un passé encore plus lointain du climat. Ce dernier a alterné entre périodes chaudes et froides de manière régulière, il y a plus de 1,2 million d’années. La communauté scientifique le sait grâce aux sédiments étudiés au fond de l’océan.

Il faudra descendre à 2 730 mètres de profondeur

L’Union européenne doit encore approuver la prochaine phase du projet BE-OI. Les scientifiques pourront alors s’installer sur le Dôme C et commencer les forages, probablement en novembre 2021. Trois ans plus tard, les creusements devraient atteindre 2 730 mètres de profondeur, soit l’endroit où la glace est âgée d’au moins 1,5 million d’années. Il faudra récupérer des carottes glaciaires de 10 centimètres de diamètre.

D’après le consortium, ce programme devrait aboutir à des résultats dès 2025. Cela permettra alors de comprendre les liens entre changement climatique et évolution des concentrations de gaz à effet de serre.

Le glaciologue français Claude Lorius a mis en évidence le lien entre ces deux éléments en 1965. Il a fait partie des initiateurs du project EPICA. Dans un ouvrage, il raconte qu’il a eu cette intuition lors d’un forage en Antarctique, après avoir glissé un morceau de glace prélevée dans un verre de whisky. Il a alors observé un dégagement gazeux… qui l’a mis sur cette piste : l’étude les climats du passé peut nous en apprendre beaucoup sur le climat présent.

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